L’histoire du XXe siècle est marquée par des tragédies dont les conséquences résonnent encore aujourd’hui. Parmi elles, la création d’un foyer national juif en Palestine se distingue comme une injustice historique aux dimensions cataclysmiques, un processus qui a impliqué l’expropriation, la destruction de villages entiers, et l’effacement d’un peuple de son propre territoire. Ce projet colonial, issu de la déclaration Balfour de 1917 et renforcé par le mandat britannique, s’est traduit par un nettoyage ethnique que certains historiens considèrent aujourd’hui comme une forme de crime contre l’humanité.
Une entreprise coloniale européenne
Dès la fin du XIXe siècle, le sionisme politique a vu le jour en réponse à l’antisémitisme européen. Théodor Herzl et d’autres dirigeants du mouvement ont cherché un territoire pour y établir un État juif, ciblant la Palestine alors qu’elle était encore sous administration ottomane. Cependant, cette région était déjà peuplée de communautés arabes vivant sur ces terres depuis des siècles. L’idée d’implanter un nouvel État sans considération pour la population locale relevait d’une logique coloniale, similaire à celle qui prévalait en Afrique et en Asie.
Lorsque la Grande-Bretagne s’empare de la Palestine après la Première Guerre mondiale, elle met en place un mandat qui facilite l’immigration juive et la création d’institutions sionistes. Les Britanniques encouragent la formation d’un proto-État juif tout en réprimant les révoltes arabes contre cette entreprise coloniale. Cette politique jette les bases d’un conflit qui ne fera que s’intensifier.
1948 : Un nettoyage ethnique planifié
La proclamation de l’État d’Israël en 1948, soutenue par les puissances occidentales, s’est accompagnée d’une campagne militaire impitoyable contre les populations palestiniennes. Le plan Dalet, mis en place par les forces sionistes, prévoyait l’expulsion massive des Palestiniens et la destruction de leurs villages. Des massacres, comme celui de Deir Yassin, illustrent l’ampleur de la violence perpétrée pour instaurer un État ethniquement homogène.
Les conséquences de cette tragédie, connue sous le nom de Nakba (« catastrophe »), furent terribles : plus de 750 000 Palestiniens furent déracinés, contraints à l’exil et transformés en réfugiés. Aujourd’hui encore, leurs descendants vivent dans des camps au Liban, en Syrie, en Jordanie ou dans des territoires occupés, dépossédés de leur droit au retour en violation du droit international.
La persistance d’un crime
Le nettoyage ethnique de la Palestine n’a pas été un épisode isolé, mais le début d’un processus de colonisation continue. Depuis 1948, Israël a poursuivi l’expansion de ses frontières par la guerre et l’occupation, notamment en 1967 avec l’annexion de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est. Les colonies illégales, le blocus de Gaza, les lois discriminatoires et la répression brutale du peuple palestinien sont autant d’éléments qui perpétuent cette entreprise de dépossession.
Le droit international, à travers les conventions de Genève et les résolutions de l’ONU, reconnaît les violations des droits des Palestiniens, mais l’impunité demeure la règle. Le soutien inconditionnel des grandes puissances à Israël empêche toute reconnaissance effective du crime originel et de ses prolongements.
Un crime qui appelle à la justice
Qualifier la création du foyer juif en Palestine de crime contre l’humanité n’est pas une simple rhétorique. C’est une réalité historique fondée sur l’analyse des faits : l’expulsion massive d’une population indigène, la destruction de son patrimoine et la poursuite d’une politique de colonisation et d’apartheid. La reconnaissance de cette injustice est essentielle pour envisager une résolution juste et durable au conflit. Tant que le droit au retour des réfugiés palestiniens et la fin de l’occupation ne seront pas garantis, le crime se poursuivra sous nos yeux, rappelant au monde l’ampleur de cette tragédie inachevée.
Khaled Boulaziz