La tragédie de la Syrie en cours n’est pas simplement une histoire de conflits internes, mais une symphonie déchirante de trahisons orchestrées par des puissances étrangères qui, à maintes reprises, ont utilisé leur influence pour semer la discorde et aggraver la souffrance d’une nation. La scène fut dressée en 1917 avec la Grande Révolte Arabe – une lueur d’espoir vite ternie par les promesses impériales remplacées par les chaînes de l’occupation étrangère en 1920. Les Français, avec leur arrogance coloniale, ont consolidé leur domination sur la Syrie, nourrissant les divisions au sein de son peuple et exploitant ses vulnérabilités.
En 1949, le coup d’État de Husni al-Za’im marqua le premier tremblement de trahison interne, mais même celui-ci ne se produisit pas en vase clos. Les empreintes de la manipulation étrangère étaient omniprésentes, guidant les mains qui renversaient et les voix qui faisaient taire les dissidents. En 1958, le rêve d’unité avec l’Égypte illumina brièvement l’horizon, avant d’être éteint par les vents glacials de la séparation en 1961 – un acte non seulement d’échec interne, mais attisé par ceux qui craignaient un monde arabe fort et uni.
Le coup d’État du Parti Baas arabe socialiste en 1963 ne fut pas une rébellion isolée ; ce fut un autre écho de l’interférence étrangère, donnant du pouvoir à des factions qui allaient préparer le terrain pour des décennies de souffrance. Les événements de Hama en 1964, l’assaut sur la mosquée Sultan, et le coup interne du Baas en 1966 furent tous ponctués par le rythme régulier des applaudissements étrangers – des puissances avides de voir la Syrie saigner, sa majorité réduite au silence et ses minorités transformées en outils de chaos.
Puis vint l’année charnière de 1970, lorsque Hafez al-Assad, représentant à peine 10 à 12 % de la population, s’empara du pouvoir avec l’aide d’intervenants extérieurs qui se souciaient peu de la volonté du peuple syrien mais beaucoup de leurs propres jeux géopolitiques. Comment une minorité aurait-elle pu tenir le pouvoir, si ce n’était grâce au patronage de ceux qui cherchaient à fracturer la Syrie de l’intérieur ? Les événements de 1973, les manœuvres constitutionnelles et la répression brutale de la première révolution syrienne de 1976 à 1982 – culminant avec le massacre de Hama – furent soutenus par les silences complices et les actions ouvertes des puissances étrangères avides de maintenir un régime servant leurs intérêts, quel qu’en soit le coût en sang et en désespoir.
L’ascension de Bachar al-Assad en 2000, drapée de promesses de réforme, n’était qu’un acte de plus dans ce théâtre macabre. Sa tromperie envers le peuple syrien ne lui appartenait pas seul ; elle fut consolidée par un réseau de soutiens internationaux qui s’assura que son emprise reste ferme, même lorsque les cris du peuple s’intensifiaient. Lorsque le soulèvement de 2011 éclata – un moment qui aurait pu annoncer l’aube de la libération – il fut accueilli par une guerre d’extermination, l’une des plus sanglantes de l’histoire moderne. Le régime, vacillant au bord de l’effondrement, fut sauvé non par sa propre force mais par les machinations cyniques des alliés arabes, de l’Iran, des États-Unis et de la Russie, dont les interventions n’ont fait qu’approfondir les blessures de la Syrie.
Ces puissances, sous prétexte de stratégie géopolitique, ont transformé la Syrie en un échiquier où les pions saignent et les rois festoient. Elles ont armé, financé et protégé un régime qui, sans leur soutien, se serait effondré sous le poids de ses crimes. Les minorités, manipulées comme des outils de contrôle, sont devenues un prétexte pour perpétuer la tyrannie, tandis que la majorité sunnite – un peuple de résilience et d’espoir – a dû supporter le poids de cette sauvagerie calculée.
Aujourd’hui, alors que nous nous tenons au seuil de 2024, une fragile lueur d’espoir scintille – une chance de salut, mais seulement si les leçons d’un siècle d’oppression sont apprises. Pourtant, comment le salut peut-il être atteint lorsque la dague empoisonnée de l’ingérence étrangère perce encore le cœur de la Syrie ? Les Shabbiha, enhardis par les profits de la tyrannie, représentent le dernier obstacle, leur loyauté n’allant pas à la Syrie, mais à leur propre cupidité et leur propre survie.
Que personne ne se méprenne : le rôle légitime de la majorité sunnite, le cœur battant de l’héritage et de la résilience de la Syrie, prévaudra. Les puissances étrangères qui ont souillé le sol syrien par leur avidité et leurs manigances seront forcées de se retirer, leurs intrigues réduites à un amer souvenir d’échec. Bachar al-Assad et sa clique d’opprimeurs, soutenus par les béquilles de l’intervention extérieure et de la tromperie, sont destinés à finir dans la poubelle de l’histoire – oubliés, condamnés et impuissants. Le peuple syrien se relèvera de ses cendres, et la dignité d’une Syrie libre brillera de nouveau, libérée des chaînes de la tyrannie et de l’exploitation étrangère. L’histoire avance, et sa justice est inévitable.
Khaled Boulaziz