Le Moyen-Orient, à la une des manchettes de l’histoire, depuis plus 2000 ans

Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi.

Saint Augustin, homme de foi

Le Moyen-Orient, une terre bercée à l’aube de la civilisation, son sol imbibé des larmes des prophètes et du sang des conquérants, a longtemps été le théâtre du grandiose et du tragique, une scène sur laquelle les destins des nations et des empires se sont déroulés en d’éblouissantes démonstrations de gloire et de désespoir. Depuis deux millénaires, ce berceau de la foi et de la culture a captivé l’imagination du monde, son nom murmuré avec révérence, invoqué avec crainte, loué et condamné, comme s’il était un être mystique, ancien et éternel, ni entièrement de ce monde ni totalement divin. Le Moyen-Orient, carrefour des continents et des idées, où les cieux semblent plus proches, où la terre elle-même tremble sous le poids de l’histoire, a fait la une des journaux aussi bien pour le sacré que pour le profane depuis aussi longtemps que la mémoire humaine s’étend.

Qui peut se tenir sur ce sol sacré sans ressentir le souffle des âges révolus ? Les échos des prophètes résonnent encore dans l’air, leurs paroles portées par les vents du désert, murmurant une alliance entre l’homme et Dieu. C’est ici qu’Abraham leva les yeux vers les étoiles, comptant les innombrables descendants qui jailliraient de sa lignée, ici que Moïse sentit la terre trembler sous ses pieds en descendant du Sinaï, portant les tables de la loi divine. C’est ici, à l’ombre du mont Moriah, que David bâtit un royaume, que Salomon éleva un temple, et que Muhammad, paix soit sur lui, monta aux cieux. Chaque pierre, chaque grain de sable de cette vaste terre, parle du sacré, d’une histoire entremêlée au divin. Et pourtant, aux côtés de ce récit sacré, coule un courant plus sombre – des guerres qui ont fait rage comme des tempêtes déchaînées, balayant ces terres, brisant des villes, dispersant des peuples.

Le Moyen-Orient a été le siège des empires, des pharaons d’Égypte aux califes de Bagdad, des puissants Sassanides aux Ottomans qui régnèrent pendant des siècles, leurs vastes dominions s’étendant sur trois continents. Chaque pouvoir qui s’éleva ici chercha à plier cette terre ancienne à sa volonté, à inscrire son nom dans les annales de l’histoire, mais tous finirent par s’effondrer, comme si la terre elle-même rejetait la permanence, comme si son essence même était le changement. Les rêves de gloire d’Alexandre s’évanouirent dans la poussière du désert, les légions romaines qui marchaient triomphalement à travers Jérusalem furent finalement englouties par le temps, et les rois croisés qui portaient des couronnes d’or furent enterrés dans une terre étrangère. Pourtant, même lorsque ces empires s’effondrèrent, la terre subsista, son peuple perdura, et des cendres de chaque royaume déchu, un nouvel espoir surgit toujours.

En effet, c’est cet espoir qui pulse sous la surface de chaque tragédie qui a jamais frappé le Moyen-Orient. Même lorsque les guerres ont marqué son paysage, il y a toujours eu une lueur de quelque chose de plus grand – un esprit indomptable qui refuse d’être éteint. Car dans chaque moment de ténèbres, il y a la promesse d’une aurore. C’est une terre où l’espoir et le désespoir dansent depuis des siècles, où le sang des martyrs se mêle aux prières des fidèles, où la ruine et la résurrection sont éternellement liées. On ne peut guère contempler les ruines anciennes de Babylone ou les murs brisés d’Alep sans ressentir à la fois le poids du passé et la promesse de demain. Même lorsque le présent est déchiré par le conflit, l’avenir, tel un phénix, attend de renaître des ruines, doré et resplendissant.

À travers chaque guerre, chaque siège, chaque moment où il semblait que le cœur même du Moyen-Orient pouvait être déchiré, il a subsisté. Sa beauté ne réside pas seulement dans ses ruines, ni seulement dans ses villes anciennes – sa beauté est dans sa résilience. À Damas, la plus ancienne ville habitée en continu au monde, on peut encore entendre l’appel à la prière chaque matin, résonnant dans les rues comme il l’a fait depuis plus de mille ans. Au Caire, le Nil coule encore, comme il le fait depuis les jours où les pyramides étaient jeunes. À Jérusalem, le dôme doré brille toujours sous le soleil, témoignage de l’endurance de la foi.

Ainsi, avec toutes les guerres qui ont frappé cette terre, avec tous les royaumes qui se sont élevés et effondrés, le Moyen-Orient ne reste pas un lieu de chagrin sans fin, mais un phare d’espoir éternel. Chaque génération née sur cette terre, bien que souvent née dans le conflit, hérite également d’un héritage de résilience, d’une connexion profonde à une histoire qui remonte aux premiers temps. Pour chaque manchette qui annonce la guerre, il y en a une autre qui parle de paix, des artistes, poètes et philosophes qui continuent de créer au milieu du chaos, des familles qui reconstruisent leurs maisons et leurs vies, pierre après pierre, après chaque catastrophe.

Le Moyen-Orient, depuis deux mille ans, a été l’axe autour duquel les plus grands drames du monde se sont déroulés. Il a vu naître des religions, l’ascension des empires, la chute des civilisations. Il a été témoin des pires cruautés humaines, mais aussi des plus grands actes de bonté. Et à travers tout cela, il est resté—constant, durable, un lieu où l’esprit humain est mis à l’épreuve mais jamais brisé.

Il y a une beauté profonde et tendre dans le Moyen-Orient, une beauté qui ne peut être effacée par la guerre ou la conquête. C’est une beauté qui réside dans son peuple, dans leur capacité à se relever encore et encore des cendres de la destruction, à regarder vers l’avant même lorsque le présent est sombre, à croire en la possibilité de la paix même après des siècles de conflit. C’est une terre qui fait la une depuis deux mille ans, non seulement pour ses guerres, mais pour son cœur indomptable. Le Moyen-Orient, éternel et inflexible, continuera à façonner le monde, non seulement à travers son passé, mais à travers l’espoir qu’il porte en lui pour l’avenir.

Et celles et ceux, de nos sœurs et nos frères palestiniennes, qui tombent à chaque moment sous la férule impitoyable d’une soldatesque talmudique sans Dieu, s’élèvent dans le sacrifice, le font non en vain, mais pour que le Moyen-Orient demeure à jamais la source vive de l’humanité, à chaque fois qu’elle se perd dans les ténèbres ou prête allégeance au diable et à ses serviteurs. Car en leur martyre se perpétue l’espoir de cette terre millénaire, berceau de la lumière, même lorsque le monde vacille, tentant de s’en détourner.

Khaled Boulaziz