Le vrai courage est d’être tout à l’honneur de sa propre vie, de n’en rien cacher, de la montrer telle qu’elle est.
Charles de Gaulle, homme d’État Français
C’est par ces mots poignants, peut-être même prophétiques, (1) que Dominique de Villepin, homme de principes inébranlables et d’esprit indomptable, a entamé son discours. Dans une France où les ombres de l’influence s’étirent longuement et largement ; où le CRIF semble dicter le rythme de l’opinion publique et diriger le navire de l’État, de Villepin se tient comme une figure solitaire, inébranlable dans ses convictions, insensible aux marées de la conformité qui ont englouti tant d’autres. Sa voix, empreinte d’un grave sens du devoir et de clarté morale, résonne dans les salles sacrées lorsqu’il proclame : Gaza est sans doute le plus grand scandale historique.
Entendre de tels mots de la part d’un homme de sa stature — quelqu’un qui a traversé les labyrinthes du pouvoir, qui a vu les rouages des gouvernements et les toiles d’alliances emmêlées — confère un poids qui ne peut être facilement écarté. Il ne parle pas d’hyperbole, ni de controverses passagères qui gonflent et s’effacent avec le cycle des nouvelles. Non, ses mots vont droit au cœur de notre conscience collective, comme s’ils épluchaient le vernis de la prétention auquel la société s’accroche si avidement.
« Je n’ose pas trouver de comparaison », poursuit-il, avec la retenue d’un érudit imprégné d’histoire, conscient que comparer Gaza à d’autres moments sombres ne ferait que diminuer la singularité de cette tragédie. C’est un scandale dont la magnitude défie les limites du langage, une catastrophe dont les profondeurs semblent insondables, un bourbier moral dont il semble impossible de s’échapper. Et pourtant, quelle réponse ce scandale suscite-t-il dans ce pays de liberté, d’égalité et de fraternité ? Rien d’autre qu’un silence étouffant.
Les médias, autrefois considérés comme le gardien de la démocratie, la voix des sans-voix, ont sombré dans une complicité inquiétante. Une chape de plomb, comme le décrit si poétiquement de Villepin, s’est abattue sur la nation — une chape qui étouffe le discours, réprime la dissidence et enterre la vérité sous des couches d’indifférence. Autrefois, les flammes vacillantes de la liberté d’expression et de l’indignation justifiée brûlaient avec éclat dans ce pays, mais aujourd’hui, il ne reste que des braises, faibles et fragiles, comme trop craintives de s’enflammer par peur d’être éteintes.
Le silence est assourdissant. Il résonne dans les rues, dans les salons, jusque dans les cœurs mêmes des citoyens. Plus personne ne parle de Gaza. Le nom, jadis prononcé avec urgence et douleur, ne résonne désormais que dans l’ombre, chuchoté par ceux qui ont le courage de défier les vents dominants de l’oubli. Les médias, soi-disant avant-garde de notre démocratie, ont choisi de détourner le regard. Leur silence n’est pas accidentel, mais délibéré, un retrait calculé dans les conforts de l’ignorance.
Et ainsi, de Villepin, toujours chercheur de vérité, se retrouve seul, poussé non par le luxe du discours public, mais par les outils les plus rudimentaires de la commodité moderne. Je suis obligé d’aller sur Google pour trouver une brève qui me donne des nouvelles. Imaginez un ancien homme d’État, réduit à fouiller dans le vide numérique infini, cherchant des fragments de vérité délibérément obscurcis. C’est une triste condamnation, non seulement de l’état actuel des choses, mais de notre échec collectif à vivre selon les idéaux que nous prétendons fièrement défendre.
Ses mots, chargés de lamentations et de colère sourde, flottent dans l’air comme un requiem pour les oubliés. Et pourtant, ce ne sont pas simplement des cris de désespoir ; c’est un appel à l’action, un rappel que le silence n’est pas neutralité, mais complicité. Car dans ce silence, dans cette ignorance volontaire, nous portons tous le fardeau du plus grand scandale de l’histoire.
Khaled Boulaziz