Le manque de progrès de l’Algérie sous le régime militaire

L’armée appartient-elle au peuple ou est-ce le peuple qui appartient à l’armée ?

L’un des principaux obstacles au progrès de l’Algérie sous le régime militaire est l’absence de réformes démocratiques. Bien que l’Algérie soit l’un des plus grands pays en termes de superficie et qu’elle dispose de vastes ressources naturelles, elle a été confrontée à des défis économiques, sociaux et politiques persistants qui ont entravé son développement. Ces défis sont étroitement liés à la période de domination militaire qui a commencé immédiatement après l’indépendance et a duré des décennies, imposant des restrictions à tout progrès significatif.

1. Contrôle politique et centralisé

Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, qui a marqué la fin de la colonisation française et l’établissement de la république, l’armée a joué un rôle dominant dans la politique algérienne. Les officiers militaires ont pris le pouvoir et sont devenus les principaux décideurs, déterminant le sort du pays. Ce régime militaire a souvent privilégié le contrôle de la vie politique, affaiblissant les institutions civiles et les rendant incapables de lancer de véritables programmes de réformes. Le manque de pluralisme politique et le monopole du pouvoir par l’armée ont marginalisé les rôles politiques de la société civile, créant un paysage politique desertique.

2. L’absence de réformes démocratiques

L’un des plus grands freins au progrès de l’Algérie sous le régime militaire a été l’absence de réformes démocratiques. Pendant des décennies, le peuple algérien n’a pas pu établir un système politique véritablement démocratique, basé sur des élections libres et équitables. Les élections étaient souvent manipulées ou purement symboliques, afin de garantir la pérennité du régime militaire. Le manque de pluralisme des partis politiques et d’une participation publique significative dans les prises de décision a affaibli la capacité du pays à se développer de manière équilibrée et équitable.

3. La corruption administrative

La corruption administrative a été une caractéristique majeure du régime militaire en Algérie. L’absence de mécanismes efficaces de contrôle et de responsabilité a permis à la corruption de s’infiltrer dans diverses institutions gouvernementales. L’armée, qui contrôlait de nombreuses institutions économiques, était rarement tenue responsable de ses actions. Cette corruption a affaibli la capacité de l’État à utiliser ses ressources efficacement, privé de nombreux citoyens de leurs droits fondamentaux et contribué à la dégradation du niveau de vie.

4. Les défis à venir

La persistance du régime militaire en Algérie constitue un défi majeur pour un progrès durable. Bien que certaines réformes économiques aient été mises en œuvre ces dernières années, le maintien de la même approche politique et militaire risque de perpétuer les crises sociales et économiques. Pour atteindre un progrès significatif, l’Algérie doit opérer une transition fondamentale vers la démocratie, promouvoir les libertés publiques et renforcer la transparence et la responsabilité dans tous les secteurs.

Bien que le régime militaire en Algérie ait pu offrir des instants de stabilité éphémère, il demeure, en substance, une entrave insurmontable à l’épanouissement véritable de la nation. Le contrôle autoritaire de l’armée sur la vie politique et économique, la répression systématique des libertés et l’absence criante de réformes démocratiques ont retardé l’essor du pays dans presque tous les domaines. Comment espérer un avenir radieux pour une nation dont le destin est scellé par les décisions de 500 généraux ? Et pire encore, quand la majorité de ces figures de pouvoir sont des vieillards, accrochés à des illusions d’un passé révolu, incapables de saisir les réalités du monde contemporain.

Pour renaître, l’Algérie doit rompre avec cet héritage stérile. Elle doit adopter des politiques véritablement démocratiques, promouvoir les libertés sociales et économiques et redonner à son peuple les rênes de son propre avenir. Une transformation profonde est indispensable, car seule une nation guidée par des principes de justice, de liberté et de participation citoyenne pourra espérer bâtir un avenir digne de son histoire et de son potentiel.

5. L’impossible dialogue

Après la révolution syrienne, le régime militaire, dissimulé derrière sa façade civile, suggère la possibilité d’un dialogue. Mais la véritable question n’est pas de savoir si un dialogue doit être ouvert, mais avec qui ce dialogue pourrait réellement avoir lieu. Serait-ce avec ceux qui détiennent le pouvoir de décision, ou bien avec ceux qui, eux-mêmes, sont soumis au contrôle des militaires ?

Le cœur du problème réside dans le régime militaire : son intrusion dans la politique et l’économie, et sa capacité à imposer sa volonté à tous les responsables. Ces derniers, souvent complaisants, sont des politiciens qui embellissent l’image d’un président fictif et de son entourage corrompu. Ce président de façade, entouré de ministres marionnettes, n’est qu’un acteur d’une scène entièrement dirigée par l’armée.

Ainsi, une solution acceptable doit être présentée par les militaires : leur rôle naturel est celui de protéger les frontières depuis les casernes, et non de s’immiscer dans les nominations parlementaires ou présidentielles, ni de diriger la politique, l’économie, les importations et exportations, le sport, l’environnement, la santé ou les marchés publics.

La garantie d’une véritable transformation passe par l’inclusion de toutes ces questions dans une nouvelle constitution. Cette dernière doit également protéger les libertés fondamentales, telles que la liberté d’expression, la liberté de manifestation, la liberté de réunion, et rétablir les organisations de défense des droits de l’Homme, tout en favorisant des élections libres et transparentes. Elle doit aussi promouvoir une ouverture économique et mettre fin à l’isolement causé par cette clique dirigeante. Enfin, il est impératif d’établir des relations de bon voisinage avec les pays voisins, fondées sur la coopération et l’échange d’intérêts communs.

Khaled Boulaziz