Le problème de l’islam comme force politique est un problème essentiel pour notre époque et pour les années qui vont venir. La première condition pour l’aborder avec tant soit peu d’intelligence, c’est de ne pas commencer par y mettre de la haine.
Michel Foucault – Philosophe Français
L’histoire est l’exploration de la vie des morts, par et pour les vivants. Toute réalité historique dépend de la manière dont l’historien reconstruit son passé. Sa réflexion et son système d’interprétation déterminent une réalité historique, qui n’est ni définitive ni absolue.
D’autre part, tout pouvoir construit sa propre vérité et diffuse des savoirs « assujettis » qui ont pour fonction de le justifier et de le renforcer.
L’une des tâches des recherches historiques est de dégager ces savoirs « asservis », ces savoirs cachés, oubliés, exclus ou intégrés dans la hiérarchie du savoir moderne, établis par ces relations savoir-pouvoir.
L’objectif est alors de ressaisir la vérité comme élément et produit d’une histoire plutôt que comme le support de celle-ci.
Autrement dit, on ne cherche plus à fonder une connaissance sur la préexistence d’un entendement originel ayant la capacité d’établir un domaine de vérités éternellement fondées, mais à « décrire historiquement les procédures par lesquelles, dans l’histoire, des discours de vérité transforment, aliènent, informent des sujets et par lesquelles des postures sociales se construisent, se travaillent à partir d’un dire-vrai ».
C’est donc ainsi sous le signe des relations qui lient historiquement société et vérité élaborée, que doit se situer toute approche à une déconstruction de l’écriture de l’histoire des valeurs.
Vérité, savoir normative de toute civilisation et historiquement en tension et rupture permanentes avec la société, module l’écriture de l’Histoire, à fortiori tout système de valeurs. Et l’Europe “des lumières” ne peut y déroger.
À cet égard, le voile doit être levé en premier sur la généalogie des formes continuellement mouvantes et obstinées de la violence et répression, et les chroniques des concepts de la moralité et de la tolérance, afin de mettre à jour la division tragique et entretenue entre Orient et Occident.
L’Orient ici n’est pas seulement le voisin immédiat de l’Europe, il est aussi la région où l’Occident a créé les plus vastes, les plus riches et les plus anciennes de ses colonies, la source de ses civilisations et de ses langues et dont la personnalité s’est construite par contraste.
La culture européenne s’est renforcée et a précisé son identité en se démarquant d’un Orient qu’elle prenait comme une forme impossible et inatteignable d’elle-même.
Dans la rationalité occidentale ; il y a ce grand partage qu’est l’Orient : l’Orient, pensé comme l’origine, rêvé comme le point vertigineux d’où naissent les nostalgies et les promesses du retour.
L’Orient offert à la raison colonisatrice de l’occident, indéfiniment, inaccessible, car il demeure toujours la limite : nuit du commencement, en quoi l’Occident s’est formé, mais dans laquelle il a tracé une ligne de partage.
L’Orient est pour l’Occident tout ce qu’il n’est pas, encore qu’il doive y chercher ce qu’est sa vérité primitive.
À la vue de ce clivage, de faux prophètes sont apparus ces derniers temps, dans la grande lignée d’autres messies de mauvais augure qui poussent vers un irrémédiable choc des civilisations, où la violence est érigée en maitre.
Aucun moment de l’histoire n’est une fatalité, et ces faux prophètes et leurs suppôts sont en discordance avec le vivre-ensemble des peuples. Leur unique raison d’être est de perdurer l’hégémonie d’une Élite sans loi ni foi qui préside aux destinées du monde.
Judas qui auraient pu être des saints, leur crépuscule est inéducable.
Khaled Boulaziz