Algérie : Action fantômique d’un gouvernement en perdition

L’Algérie, l’une des nations les plus prometteuses d’Afrique du Nord, semble aujourd’hui enfermée dans un labyrinthe où chaque sortie mène à une impasse. Depuis des décennies, elle erre sous la direction d’un gouvernement fantomatique, déconnecté des réalités de son peuple, une entité abstraite qui ne se distingue plus du décor désertique qu’elle prétend gouverner. Son cœur battant, la capitale Alger, est devenue une caserne où la discipline et l’obéissance suppléent à la liberté et à l’émancipation.

La scène politique algérienne, figée dans le passé, est aujourd’hui dominée par une élite technocratique, militaire, et politique qui contrôle le pays d’une main de fer. Ces derniers, loin des aspirations populaires, semblent concentrés uniquement sur la préservation de leur pouvoir et de leurs intérêts personnels. Ils s’accrochent à un modèle obsolète, une structure de gouvernance militarisée, où les ministères sont des bureaux de commandes et où les lois sont dictées par des ordres venus d’en haut. Dans cette caserne qu’est devenue l’Algérie, tout est sous contrôle : l’information, l’économie, la société et, surtout, le peuple.

Une jeunesse perdue dans la mer de l’exil

La jeunesse algérienne, la promesse de l’avenir du pays, est la première victime de ce système. Alors que les promesses de la révolution de 1962 semblaient portées par l’espoir d’une Algérie libre, indépendante et prospère, la réalité actuelle de ce pays est tout autre. Depuis plusieurs années, des milliers de jeunes Algériens risquent leurs vies dans des embarcations de fortune, surpeuplées et mal équipées, pour rejoindre l’Europe. La mer devient leur seul refuge, un espace où ils tentent d’échapper à un système répressif qui leur offre peu de perspectives d’avenir. Ces jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, sont pris entre un régime autoritaire qui ne leur offre aucune liberté et une société bloquée dans le passé, incapable de répondre à leurs besoins.

En mer, la mort les attend souvent, mais pour eux, elle semble être une alternative plus douce que la vie dans une Algérie où l’espoir est une denrée rare. Le gouvernement algérien, qui se dit être le garant de la sécurité et du bien-être de ses citoyens, préfère ignorer ce désastre humain plutôt que de prendre des mesures concrètes pour répondre aux aspirations légitimes de cette jeunesse. Au lieu de cela, il multiplie les discours officiels et les lois qui ne font qu’effacer les symptômes de cette crise sans toucher aux racines du problème.

La société sous surveillance, l’expression muselée

La caserne dans laquelle l’Algérie vit est aussi une prison où la liberté d’expression est étouffée. Tout comme dans les régimes militaires classiques, où la moindre contestation est un acte de rébellion, l’Algérie est un état où l’opposition est systématiquement réprimée. Les journalistes sont harcelés, les activistes emprisonnés, et ceux qui osent défier l’autorité du gouvernement sont réduits au silence. Ce climat de peur est alimenté par un régime qui préfère régner par la terreur que par la justice. La société algérienne, dans son ensemble, semble être passée du modèle révolutionnaire à celui de la soumission, où toute forme d’opposition est perçue comme une trahison à la nation.

Les voix discordantes se raréfient et sont souvent muselées avant même d’avoir pu se faire entendre. Les intellectuels, qui pourraient théoriquement jouer le rôle de la conscience collective du pays, sont réduits à un silence assourdissant. Le gouvernement préfère élever des discours vides sur la réconciliation et l’unité nationale, tout en agissant en dehors des principes démocratiques et en maintenant un contrôle strict sur les sphères économiques, politiques et médiatiques.

Des projets économiques en panne

Dans ce cadre, le pays est devenu une machine rouillée dont les rouages peinent à fonctionner. L’économie algérienne, qui reposait autrefois sur les revenus pétroliers, est aujourd’hui en crise. L’Algérie, riche en ressources naturelles, notamment en gaz et en pétrole, ne parvient pas à transformer ces richesses en développement durable. Le manque d’investissement dans l’industrie locale, l’inefficacité de la bureaucratie et les lourdeurs administratives sont autant de symptômes d’une gouvernance défaillante.

Les projets économiques sont régulièrement lancés, mais rares sont ceux qui aboutissent. Les grandes promesses de diversification économique, d’industrialisation et de modernisation semblent se dissoudre dans l’inertie du gouvernement. Les entreprises publiques, trop souvent dirigées par des hommes de main du pouvoir, sont le théâtre de corruption et de mauvaise gestion. Le pays reste figé dans une économie rentière, dépendante des fluctuations des prix mondiaux du pétrole et du gaz. Les Algériens, qui aspirent à un mieux-être, voient les fruits de leur travail être dilapidés par une classe dirigeante déconnectée de leurs réalités quotidiennes.

Un congé de maternité prolongé pour accoucher d’une illusion

Au milieu de cette impasse économique et sociale, l’annonce de l’adoption d’une nouvelle loi sur les assurances sociales, notamment la prolongation du congé de maternité, illustre parfaitement l’ironie de cette situation. Tandis que des milliers de jeunes continuent de se noyer dans les eaux de l’exil, que des millions d’Algériens vivent dans la précarité et que l’économie se meurt, le gouvernement semble se concentrer sur des détails législatifs qui, bien qu’importants, n’ont qu’un impact minime sur la structure profonde de la société.

L’égalité des salaires entre hommes et femmes, saluée par le président Tebboune comme un progrès majeur, est un pas dans la bonne direction. Cependant, ce geste, aussi symbolique soit-il, ne peut masquer l’ampleur des défis auxquels fait face l’Algérie. Un pays qui continue de fuir ses responsabilités envers sa jeunesse, sa population et son avenir ne peut prétendre à un changement significatif avec de simples réformes cosmétiques.

Conclusion

L’Algérie est un pays pris au piège dans une caserne géante, gouvernée par un fantôme de gouvernement. Tandis que les hommes et les femmes qui devraient porter ce pays vers l’avenir sont réduits au silence ou poussés à l’exil, la classe dirigeante reste figée, engluée dans ses discours et ses illusions. L’Algérie, telle une machine en panne, attend une véritable révolution — non pas dans ses lois, mais dans sa manière de gouverner et de penser. Tant que cela ne se produira pas, le pays restera enfermé dans les ténèbres d’un avenir incertain.