Alors que la Méditerranée devient le cimetière d’une jeunesse désespérée, le pouvoir algérien persiste à fanfaronner sur des réalisations illusoires. Dernièrement, à Boumerdès, une embarcation transportant 32 personnes – femmes enceintes et enfants compris – a chaviré, emportant dans les flots glacés 28 vies. Ces morts anonymes, devenues presque routinières, incarnent l’ultime révolte silencieuse contre un système qui a trahi son peuple.
La caste militaire qui dirige l’Algérie, de façon ouverte ou dissimulée, porte la responsabilité directe de ces tragédies. Depuis des décennies, elle confisque le destin de millions d’Algériens, transformant le pays en un étouffoir d’aspirations et d’espoirs. Le président, le pantin politique de cette caste, promet une « Nouvelle Algérie », tandis que des familles entières préfèrent affronter les tempêtes maritimes que de subir l’oppression, la misère et l’absence de perspectives.
Le régime algérien, sous la coupe de cette caste militaire, ne laisse aucun choix à ses citoyens : la mer ou la prison. Les Algériens sont acculés à prendre des décisions impossibles, choisissant entre une tentative de fuite souvent mortelle ou la résignation à un système oppressif qui étouffe toute dissidence.
Les élites militaires, incarnées par des octagénaires ont fait de l’Algérie un laboratoire de désespoir. Le peuple ne fuit pas seulement la pauvreté économique ; il fuit l’arrogance d’un régime qui méprise sa propre population, écrase toute contestation et s’enrichit sur les ressources nationales. L’opulence affichée par cette oligarchie contraste cruellement avec le dénuement des jeunes Algériens, réduits à des statistiques tragiques.
Cette fuite en masse vers les côtes européennes est une forme de rébellion ultime. Les harragas, ces migrants clandestins, expriment par leur départ une condamnation sans appel du régime. Leur choix – mourir en mer plutôt que survivre sous un joug insupportable – est une déclaration de faillite totale pour les autorités algériennes.
Malgré le contrôle autoritaire, la caste militaire ne peut dissimuler l’évidence : l’Algérie est gouvernée par une minorité qui sacrifie l’avenir d’une majorité. Plutôt que d’investir dans une économie diversifiée ou de garantir des libertés fondamentales, ce régime s’enferme dans des stratégies de propagande et de répression. Les discours officiels sonnent creux face aux corps des naufragés qui s’échouent sur les plages.
L’espoir pour l’Algérie ne pourra renaître qu’avec la fin de ce système oppressif. Le peuple algérien mérite une gouvernance qui place ses aspirations au centre, loin des calculs d’une caste militaire qui préfère maintenir son pouvoir plutôt que de sauver des vies. En attendant ce jour, chaque tragédie en Méditerranée est un réquisitoire contre un régime qui a échoué à défendre son propre peuple.
Khaled Boulaziz