L’esprit révolutionnaire d’Abla Kemari : Un écho moderne de Rosa Luxemburg

Abla Kemari, fille du désert, s’élève comme une figure imposante dans la lutte contemporaine pour la démocratie en Algérie. Sa quête infatigable de liberté, son défi face à l’oppression et sa résistance au pouvoir militaire étouffant font inévitablement écho à Rosa Luxemburg, l’illustre révolutionnaire d’une autre époque. Ces deux femmes, séparées par le temps et la géographie, partagent le même fil conducteur de courage indomptable et de conviction inébranlable. Chacune a affronté des systèmes conçus pour les faire taire, embrassant avec noblesse le dangereux devoir de résister à des régimes déterminés à étouffer la dissidence. Si l’histoire nous a offert peu de tels esprits, l’Algérie a certainement trouvé sa Rosa Luxemburg en Abla Kemari.

Dans la ville animée de Touggourt, connue pour ses étendues arides et la résilience de ses habitants, l’histoire de Qamari prend racine. Récemment, son arrestation a suscité une vague de choc et d’indignation à travers la nation. Elle fut saisie brutalement sur son lieu de travail, avant d’être jetée dans les froides cellules de la détention provisoire. Accusée de crimes aussi graves que le terrorisme et l’insulte au Président de la République, les charges portées contre elle sont imprégnées de la rhétorique des régimes qui ne supportent pas que l’on remette en question les fondations de leur pouvoir. Pourtant, pour comprendre le combat de Kemari, il faut aller au-delà du contexte immédiat de son arrestation et explorer l’esprit révolutionnaire qui la guide.

Tout comme Rosa Luxemburg, qui défiait l’ordre militariste et capitaliste de son temps, Kemari est à l’avant-garde de la lutte algérienne pour la démocratie, menant une campagne inlassable pour mettre fin à la domination militaire dans la vie politique. Luxemburg, célèbre pour ses critiques enflammées de l’établissement allemand, écrivait que « la liberté, c’est toujours la liberté pour celui qui pense autrement. » De même, Kemari est devenue un symbole de la lutte pour la liberté de pensée, d’expression et pour la volonté démocratique du peuple algérien, un phare d’espoir dans une nation longtemps asphyxiée par l’ombre de l’intervention militaire.

Ces deux femmes sont aussi vénérées pour leur humanité que pour leur activisme politique. Luxemburg, profondément connectée au sort des travailleurs, des intellectuels et des dépossédés, n’a jamais laissé son ardeur révolutionnaire ternir sa compassion. Kemari, également, est connue à Touggourt non seulement comme dissidente politique, mais aussi comme une leader communautaire bienveillante. Les enfants, déplacés de leurs terres africaines, trouvent en elle une amie et une protectrice, car elle se consacre sans relâche à alléger les fardeaux de leur exil. Les rues qu’elle a nettoyées de ses propres mains, les parcs où elle a initié la création de bibliothèques publiques – voilà les legs tangibles de son engagement civique, une rébellion silencieuse contre le désordre souvent engendré par l’autoritarisme.

Cependant, l’activisme politique de Kemari ne saurait être éclipsé par son travail humanitaire. Elle défie le régime algérien de manière qui rappelle la lutte de Luxemburg contre l’autoritarisme de son époque. Luxemburg, qui mourut pour ses convictions révolutionnaires, comprenait les périls d’affronter un pouvoir enraciné. De même, Kemari fait face aux conséquences sévères de la répression étatique, son emprisonnement étant un témoignage de la crainte qu’elle inspire à ceux qui cherchent à maintenir le statu quo. Pourtant, tout comme les idées et le martyre de Luxemburg laissèrent une empreinte durable sur la politique européenne, le sacrifice de Qamari galvanise le mouvement pour la démocratie algérienne.

Il est donc juste que le nom de Kemari soit prononcé dans le même souffle que celui de Luxemburg. Ces deux femmes représentent la lutte intemporelle pour la justice, pour l’égalité, pour un ordre politique où la liberté n’est pas un privilège réservé à quelques-uns, mais un droit garanti à tous. Le combat d’Abla Kemari est, comme celui de Luxemburg, d’une portée monumentale, visant rien de moins que la réorganisation complète de la société. Son emprisonnement n’est pas une fin, mais un chapitre d’une histoire bien plus longue, une histoire qui a commencé bien avant elle, avec des figures comme Rosa Luxemburg, et qui continuera longtemps après, nourrie par les rêves de ceux qui, comme Kemari, croient qu’un autre monde est possible.

En effet, Abla Kemari est la Rosa Luxemburg de l’Algérie, une femme dont l’esprit ne peut être éteint ni par les barreaux d’une cellule de prison, ni par la machine d’un régime militaire. En elle, nous voyons la continuité d’une grande tradition de pensée et d’action révolutionnaires, un exemple éclatant de ce que signifie lutter pour la démocratie face à des obstacles immenses. Tout comme l’héritage de Luxemburg perdure, celui de Kemari restera une lumière pour tous ceux qui osent rêver d’un monde plus libre et plus juste.

Khaled Boulaziz