En une solennelle ouverture, la caste militariste, par l’entremise de la présidence, a lancé un appel à un dialogue. Peut-être est-ce là, hélas, le dernier acte d’une Algérie encore en paix, à l’aube de son crépuscule incertain.
Dans ces temps troublés, énigmatiques et précaires qui étreignent notre pays, le silence pesant des élites algériennes résonne comme un sombre présage, une sinistre prémonition. Au cœur de cette vaste étendue où se croisent les destins de millions d’innocents, le peuple algérien apparaît tel un orphelin, victime de la démission abyssale de ses dirigeants, un écho qui semble perturber même le repos éternel de nos ancêtres.
Pourtant, en dépit du chaos qui s’est emparé de notre patrie depuis plus de trois décennies, et face à des lendemains incertains, lourds de menaces imminentes, l’espoir demeure. Une voix puissante, imprégnée de sagesse et de réconciliation, s’élève, calme, mais résolue, pour secourir une Algérie en péril.
En ces heures sombres, alors que notre nation se débat dans les méandres d’une crise sans fin, nous, enfants de cette terre marquée par tant d’épreuves, nous tournons vers vous, en quête d’une lueur d’espoir, d’un capitaine capable de guider le navire à travers la tempête.
Les sacrifices immenses de notre peuple, gravés dans le marbre de notre mémoire collective, témoignent de son dévouement inébranlable pour une Algérie plus grande que ses divisions, plus forte que l’érosion du temps. Une Algérie fondée sur les principes sacrés de la justice, de la fraternité et de la liberté.
Au fil des générations, nous avons versé nos larmes, notre sueur, et trop souvent, notre sang. Les rêves de nos aînés, les aspirations de notre jeunesse, se sont élevés comme un hymne à la dignité humaine. Mais aujourd’hui, cet hymne est terni par le silence assourdissant de nos élites et les discordes qui ébranlent notre nation.
À l’heure où le crépuscule de votre vie approche, vous, admirateur des traités de Westphalie et de leur maître d’œuvre, l’Autrichien Maximilien von Trauttmansdorff (1), cet accord historique qui mit fin à la guerre de Trente Ans en Europe et symbolisa la souveraineté retrouvée et la paix, nous vous appelons à devenir le gardien de nos aspirations les plus nobles. Vous avez la responsabilité de tracer une nouvelle voie pour nos espoirs et nos attentes. Vous incarnez, pour nous, l’esprit du Maximilien de l’Algérie, celui qui saura affranchir notre nation et la guider hors des ténèbres.
L’histoire, implacable et majestueuse, observe. Elle enregistrera vos actes et vos paroles dans les annales du temps. Vous avez la fortune d’être le flambeau qui éclairera notre chemin vers la réconciliation.
Nous ne vous demandons pas de nouveaux sacrifices, mais d’user de votre probité politique pour lancer un appel puissant et irrésistible. Un appel à transcender nos divisions, à préparer résolument l’avenir.
L’histoire, cette juge impitoyable, immortalise les moments de grandeur, de rédemption ou de lâcheté. Vous avez la possibilité d’inscrire votre nom aux côtés de ceux qui ont tracé le chemin de la paix et de la concorde. Des milliers de cœurs algériens, hommes et femmes, battront en votre honneur, comme une chorale céleste.
Que votre appui à un dialogue national s’élève comme un hymne à l’unité. Le peuple vous attend et vous enjoint d’assumer ce rôle, non par simple volonté, mais par devoir et courage. C’est l’héritage de ceux qui, à l’aube de la longue nuit coloniale, ont offert leur vie pour une Algérie libre et souveraine.
Khaled Boulaziz
