Génocide en Palestine : Démission de deux milliards de musulmans ou de leurs régimes totalitaires respectifs ?

Pouvoir, discours et structures de domination forment un cadre critique pour examiner le conflit israélo-palestinien et l’inaction apparente du monde musulman. Le pouvoir ne se limite pas aux institutions, mais s’exerce à travers un réseau de relations et de discours. Cette perspective nous aide à comprendre la persistance du génocide en Palestine et les réponses fragmentées et inefficaces des régimes totalitaires et des peuples musulmans.

I. Contexte historique et continuation des dynamiques coloniales

1. La continuité des dynamiques coloniales

Après la décolonisation, les structures et mentalités coloniales persistent. Le conflit israélo-palestinien illustre une extension de ces dynamiques, Israël étant une forme de néocolonialisme. Les Palestiniens subissent une menace perpétuelle à leur terre, leur culture et leur existence, semblable à l’oppression coloniale historique.

2. Racisme et altérisation

La déshumanisation et la marginalisation systématiques des Palestiniens perpétuent l’indifférence internationale et justifient la violence continue. Les héritages coloniaux révèlent comment le racisme maintient un état de subordination psychologique et matérielle. Les Palestiniens sont souvent présentés comme des autres menaçants, légitimant leur oppression continue et renforçant l’apathie mondiale.

II. Intérêts nationaux et construction de l’identité

1. Intérêts des régimes totalitaires musulmans

Les régimes totalitaires musulmans, autoritaires, privilégient les intérêts nationaux et la préservation du pouvoir. Les alliances économiques et politiques avec les puissances occidentales soutenant Israël créent des pressions et des incitations à l’inaction. Les élites de ces régimes utilisent la question palestinienne à des fins politiques internes tout en évitant des actions concrètes qui pourraient nuire à leurs intérêts stratégiques.

2. Divisions parmi les peuples musulmans

Les peuples musulmans, bien qu’ils partagent une identité religieuse commune, sont divisés par des identités nationales, ethniques et politiques distinctes. Ces divisions sont exacerbées par des discours internes et externes qui fragmentent la solidarité islamique. Les récits de certains régimes totalitaires visent à neutraliser les mouvements de solidarité populaire en réprimant les voix dissidentes et en contrôlant les récits médiatiques.

III. Exploitation économique et dépendance

1. Exploitation des ressources naturelles

Les puissances occidentales exploitent les ressources naturelles et les marchés des pays musulmans, créant une dépendance économique qui limite leur capacité à agir de manière indépendante. Le soutien occidental à Israël aligne les élites économiques et politiques contre les peuples opprimés.

2. Dépendance économique

Les relations économiques inégales entre le Nord et le Sud influencent la politique et les conflits. Les pays musulmans, largement dépendants des investissements et du commerce avec les puissances occidentales, modèrent leurs positions politiques pour préserver des relations économiques vitales. Cette dépendance économique contribue à leur inaction face à la crise en Palestine.

IV. Paralysie collective et impuissance

1. Fragmentation et division

Les stratégies coloniales de diviser pour régner ont fragmenté les États musulmans. Les frontières artificielles, les rivalités ethniques et les conflits internes, en tant qu’héritages coloniaux, continuent de diviser le monde musulman. Cette division empêche une réponse unifiée et efficace à la crise palestinienne.

2. Impuissance apprise

L’impuissance apprise se manifeste dans la passivité des États musulmans concernant le génocide en Palestine. Les élites politiques, souvent cooptées par des intérêts étrangers, renforcent cette dynamique en réprimant les mouvements de solidarité populaire. Cette « colonisation des esprits » évoque une intériorisation de la subordination et de l’impuissance.

V. Responsabilité collective et besoin d’action

1. Redécouvrir la solidarité islamique

Le monde musulman doit redécouvrir les principes de solidarité et de justice centraux à l’Islam. Cette solidarité doit se traduire par des actions concrètes soutenant les Palestiniens et résistant à l’oppression. Les ressources économiques et stratégiques des pays musulmans doivent être mobilisées de manière coordonnée pour exercer une pression réelle sur Israël et ses alliés.

2. Mobilisation populaire et transformation des discours

La mobilisation populaire est essentielle pour transformer les discours et les politiques. Les mouvements de base, les ONG et les intellectuels jouent des rôles cruciaux dans la sensibilisation et la pression sur les gouvernements. Déconstruire les discours racistes et coloniaux qui justifient la violence contre les Palestiniens et promouvoir des récits de justice et de dignité humaine sont tout aussi importants.

Conclusion

Analyser le génocide continu en Palestine et l’échec des régimes totalitaires et des peuples musulmans nécessite une approche nuancée. La responsabilité première incombe aux régimes totalitaires et à leurs élites, dont l’inaction et les compromis politiques ont conduit à une paralysie collective. Cet échec a également entraîné l’impuissance et le désengagement de leurs peuples. Pour changer cette réalité, le monde musulman doit surmonter ses divisions, réactiver sa solidarité et mobiliser stratégiquement ses ressources. Ce n’est qu’à travers une prise de conscience collective et une action coordonnée que nous pourrons mettre fin à l’injustice et restaurer la dignité des damnés de la terres.

Khaled Boulaziz

Bibliographie

  1. Fanon, Frantz. Les Damnés de la Terre. Éditions Maspero, 1961.
  2. Said, Edward W. L’Orientalisme. Pantheon Books, 1978.
  3. Chomsky, Noam. Le Triangle Fatal : Les États-Unis, Israël et les Palestiniens. South End Press, 1983.
  4. Mamdani, Mahmood. Bon Musulman, Mauvais Musulman : L’Amérique, la Guerre Froide et les Racines du Terrorisme. Pantheon Books, 2004.
  5. Huntington, Samuel P. Le Choc des Civilisations et la Refondation de l’Ordre Mondial. Simon & Schuster, 1996.