Parler des Palestiniens de manière raisonnable, c’est cesser de parler de guerre ou de génocide et commencer sérieusement à se préoccuper de la réalité politique. Il y a un peuple palestinien, il y a une occupation militaire de la terre palestinienne, il y a des palestiniens sous occupation militaire israélienne, il y a des palestiniens, 650.000 d’entre-eux qui sont des citoyens israéliens et qui constituent 15% de la population d’Israël, il y a une nombreuse population de palestiniens exilés.
Edward Saïd – Hommes de Lettres Palestinien (1935 -2003)
Gaza, une ville ancienne nichée sur les rives de la Méditerranée, est un carrefour de civilisations depuis des millénaires. Ses origines remontent à l’Antiquité, où elle était connue sous différents noms tels que « Ghazzat » par les Égyptiens anciens et « Maioumas » par les Grecs. Ses terres fertiles et sa position stratégique en ont fait une plaque tournante pour le commerce et la culture dans la région.
Les premières traces historiques de Gaza remontent à l’âge du bronze, vers 3300 av. J.-C., où elle était une ville fortifiée prospère sous domination égyptienne. Les hiéroglyphes égyptiens et les artefacts découverts dans la région témoignent de cette époque florissante.
Vers 1200 av. J.-C., Gaza était contrôlée par les Philistins, un peuple de la mer qui a donné son nom à la région. Ces premiers habitants ont apporté leur propre culture, leurs traditions et leur architecture à la ville, contribuant ainsi à son développement.
Au 7e siècle av. J.-C., Gaza fut conquise par l’empire assyrien, puis par l’empire perse, avant de devenir une partie intégrante de l’Empire d’Alexandre le Grand au 4e siècle av. J.-C. La ville a prospéré sous la domination grecque, devenant un centre de commerce et de philosophie.
Au cours des siècles suivants, Gaza a été tour à tour sous domination romaine, byzantine et arabe. Elle a été conquise par les croisés au 11e siècle lors de la première croisade, puis reprise par les musulmans sous la dynastie ayyoubide au 12e siècle.
Au 16e siècle, Gaza fut le joyau de l’Empire ottoman, où elle resta jusqu’au début du 20e siècle. Sous la domination ottomane, Gaza était une ville prospère, un centre commercial et culturel dans la région. Cependant, au 19e siècle, elle a connu un déclin économique en raison de la concurrence croissante des ports voisins.
Le tournant majeur dans l’histoire de Gaza est survenu au 20e siècle, avec les bouleversements politiques et sociaux qui ont secoué la région. En 1917, la Déclaration Balfour a jeté les bases de la création de l’entité sioniste, déclenchant ainsi une série d’événements qui allaient changer le visage de Gaza pour toujours.
En 1948, lors de la guerre israélo-arabe et de la création du kibboutz israélien au moyen orient, des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés de leurs foyers, un événement connu sous le nom de Nakba, ou « catastrophe » en arabe. Gaza est rapidement devenue un refuge surpeuplé pour les réfugiés palestiniens, qui ont fui la violence et la persécution.
En 1949, après la guerre israélo-arabe de 1948, Gaza est tombée sous le contrôle de l’Égypte, qui l’a administrée jusqu’en 1967. Pendant cette période, Gaza est devenue un foyer de résistance palestinienne contre l’occupation israélienne, avec des affrontements sporadiques le long de la frontière.
En 1967, lors de la guerre des Six Jours, Israël a conquis la bande de Gaza, ainsi que la Cisjordanie et Jérusalem-Est, plaçant la totalité du territoire palestinien sous occupation israélienne. Depuis lors, Gaza est devenue le théâtre de conflits récurrents entre Israël et divers groupes palestiniens, notamment le Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007.
Les années qui ont suivi l’occupation israélienne ont été marquées par des périodes d’escalade et de calme précaire. Les guerres israélo-palestiniennes en 2008-2009, 2012 et 2014 ont entraîné des pertes massives en vies humaines et des destructions considérables dans la bande de Gaza, laissant des milliers de civils morts ou blessés et des infrastructures essentielles en ruines.
En parallèle aux conflits armés, Gaza a également souffert d’un blocus sévère imposé par Israël depuis 2007, restreignant sévèrement l’accès des habitants de Gaza aux biens de première nécessité, à l’aide humanitaire et aux opportunités économiques. Cette situation a entraîné une crise humanitaire prolongée, avec des pénuries d’électricité, d’eau potable, de médicaments et de nourriture.
Malgré ces défis insurmontables, le peuple de Gaza a continué à résister et à persévérer. Les habitants de Gaza ont organisé des manifestations pacifiques le long de la frontière avec Israël pour demander la fin du blocus et le respect de leurs droits fondamentaux. Cependant, ces manifestations ont souvent été réprimées dans le sang, avec des dizaines de manifestants palestiniens tués et des milliers d’autres blessés par les forces israéliennes.
Gaza a également été le berceau d’une riche culture et d’une histoire ancienne. Malgré les difficultés, les artistes, les écrivains et les musiciens de Gaza ont continué à créer et à exprimer leur résilience à travers leur art. La littérature palestinienne, la poésie et la musique ont donné voix à la douleur et à l’espoir du peuple de Gaza, devenant des symboles de résistance et de dignité dans le monde entier.
En dépit de ses souffrances indicibles, Gaza demeure une conscience du monde, un rappel constant de l’urgence de trouver une solution juste et durable à cette grande injustice de l’Histoire. Alors que la communauté internationale cherche des moyens de promouvoir la paix et la réconciliation dans la région, Gaza reste un symbole poignant de la lutte pour la justice et la liberté dans un monde en quête de raison et d’humanité.
Khaled Boulaziz