Algérie, si ce n’était ta beauté inscrite sur tous les cieux ;
Je n’aurais jamais trouvé le chemin vers mon Dieu.
Moufdi Zakaria – Poète Algérien (1908 –1977)
En ces heures d’incertitude, alors que l’Algérie traverse l’une des périodes les plus délicates de son histoire, nous sommes appelés, de part et d’autre, à transcender les tensions temporelles et à affronter nos urgences. Notre pays, forgé par les tourments des années passées, a démontré une résilience et un sacrifice extraordinaires, contrecarrant les desseins insidieux qui se sont dressés sur son chemin.
Aujourd’hui, il est temps de confirmer pleinement notre maturité en nous adaptant à une situation inédite tout en poursuivant le combat, dans une société qui ne peut s’amender sûrement que dans la sérénité et l’apaisement.
La situation actuelle en Algérie, marquée par le défi existentiel aux frontières et les menaces de déstabilisation et de guerre, est d’une réalité criante et persistante. Face à ces dangers, les réponses nécessaires doivent être innovatrices et appropriées. Pour cela, il est essentiel de pérenniser la jonction entre la création intellectuelle, les libertés académiques, la libre expression, et les processus décisionnels, socio-politiques.
Préalablement, il convient de souligner que ceux qui œuvrent à la ruine de la nation algérienne le font avec une logique dont l’outil principal réside dans le domaine du savoir et de la réflexion méthodique. Ces conjurés déploient leurs intrigues au sein d’une rationalité éclairée, maniant la connaissance et la pensée studieuse comme des armes redoutables. Un exemple patent est cette commission mémorielle, une véritable forfaiture historique.
Il est impératif de dévoiler ce conciliabule qui se déploie dans les couloirs de la connaissance. La lutte contre cette menace ne peut se limiter à un combat physique, mais doit également s’étendre à la sphère intellectuelle. La nation algérienne doit faire preuve d’une vigilance aiguisée, défiant les manœuvres de ceux qui, sous couvert d’une apparence universitaire, cherchent à miner ses préceptes et à altérer son destin.
L’Algérie fait face à des défis nationaux et régionaux, graves en partie dus à une gouvernementalité dont la feuille de route est discutable et la disette d’idées innovatrices.
L’absence de production intellectuelle au sein de nos universités, traditionnellement considérées comme des bastions du savoir, témoigne de cette lacune. Ces institutions jouent un rôle crucial en influençant la production d’idées dans la société et en régulant socialement ses dynamiques.
Les universités sont essentielles dans la formation des concepts et la génération de connaissances. Si elles ne favorisent pas la diversité des idées, cela expliquerait en partie le manque de nouveauté dans les réponses gouvernementales aux urgences de tout bord.
La liberté d’expression dans ces milieux académiques est primordiale afin d’encourager des perspectives critiques et alternatives, renforçant les capacités de dissuasion et élargissant les options disponibles.
Par ce fait, la question centrale réside dans la liberté d’expression, intrinsèquement liée à la production de savoir en tant qu’aide à la décision politique. Dans le contexte algérien, la diversité des opinions au sein des universités peut stimuler la créativité dans les sphères gouvernementales.
Il est crucial de souligner l’importance des discours alternatifs, des contre-analyses et d’autres perspectives.
La difficulté à relever les défis à tous les niveaux peut être attribuée à une régulation du savoir marquée par une liberté d’expression balisée dans le monde académique et un manque de diversité doctrinale. Dans une société où la diversité des idées est omise, les réponses innovantes nécessaires pour affronter des enjeux complexes peuvent être défaillantes, compromettant ainsi le processus décisionnel.
Il incombe à ceux qui président au destin de notre pays et qui sont attachés à la liberté et à la justice de collaborer avec nos institutions dans lesquelles des esprits créatifs ne demandent qu’à contribuer, dans un engagement intellectuel et rationnel solide, pour l’avancement de la nation algérienne.
Au sein de cette mer tourbillonnante de périls sans fin, auxquels notre peuple doit faire face sur d’innombrables horizons aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, affronter ces tumultes requière, dans le cadre décisionnel, un appel vibrant à la liberté intellectuelle de nos universités, forteresses de l’érudition et piliers du patriotisme. Sans cela, l’Algérie continuera à être dans l’expectative.
En final, posséder le savoir équivaut à posséder le pouvoir. Ainsi, toute nation qui détient le premier peut prétendre au second, une condition sine qua non à sa survie. L’Algérie ne peut faire exception.
Khaled Boulaziz