Le dernier message d’Alexandre Douguine, posté sur son compte Twitter, a semé un grand trouble au sein des salles de rédaction du monde entier. Dans cette communication, la figure influente et l’âme du Kremlin, nous éclaire sur la position des dirigeants russes, une posture clairement ancrée en faveur de la cause palestinienne. Dépeindre l’un des scénarios potentiels d’intensification des tensions au Moyen-Orient, c’est, à ses yeux, affronter les horreurs de la destruction et de la mort. Dans ce qui suit, il nous expose son analyse et vision des événements à venir.
« Face aux odieuses exactions perpétrées par les sionistes, une insurrection palestinienne éclate en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Fatigué et au crépuscule de sa vie, Mahmoud Abbas laisse déferler la colère de son peuple, tandis qu’Israël poursuit un génocide à grande échelle dans la bande de Gaza. L’armée israélienne, au sein d’une spirale infernale, en poursuivant ses forfaits abjectes contre les civils à Gaza, génère une vague de protestations sans précèdent à l’échelle mondiale contre les élites libérales occidentales qui, sans équivoque, se sont rangées derrière Israël.
Le Hezbollah fait son entrée en scène, tandis que la population de la Jordanie brise les barrières frontalières avec l’entité sioniste. Les États-Unis, dans leur stratégie de prévention, déclenchent des frappes contre l’Iran, dont l’implication croissante dans le conflit ne saurait être ignorée. Celle-ci réplique en direction d’Israël. La Syrie se lance dans le conflit en attaquant le Golan. Progressivement, un élan se propage au sein du monde islamique, un élan qui transcende les frontières et les divergences internes.
Les États du golfe, bien que sous l’influence américaine, se voient contraints de se joindre au camp palestinien : l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, rapidement rejoints par le Pakistan, la Turquie, et l’Indonésie. La rumeur selon laquelle des troupes talibanes sont déployées au Moyen-Orient prend soudainement une tournure tangible. Les bannières du croissant vert s’élèveront au-dessus du globe, unifiant temporairement les antagonismes d’un islam aux multiples facettes, y compris les chiites, face à l’ampleur des événements.
Ainsi se déploie la vaste confrontation du monde islamique contre l’Occident et Israël, orchestrée par des puissances qui transcendent les lignes de fracture internes. Celle-ci engendre une dynamique à la fois découplée et tragique, où acteurs internationaux et régionaux s’entrelacent dans un jeu complexe d’alliances.
Dans un premier temps, la Russie, déjà engagée dans un conflit en Ukraine contre l’Occident, lequel s’est résolument aligné aux côtés d’Israël, oscillant entre neutralité et hésitation à un quelconque camp. À un moment donné, au cours de l’insurrection à Jérusalem-Est, les Palestiniens proclament la nécessité d’établir un cordon de protection autour de la mosquée Al-Aqsa, afin de la préserver des forces de défense israéliennes (IDF). Cette mosquée avait déjà été mentionnée au début de l’insurrection dans la bande de Gaza, désignée sous l’énigmatique libellé de « Déluge d’Al-Aqsa ». C’est dans ce contexte tendu que, dans le cadre de sa lutte contre le Hamas et au nom de la légitime défense, Israël déclenche une attaque de missiles contre la mosquée, entraînant son effondrement. Ainsi s’ouvre le chemin vers l’édification du Troisième Temple.
Suite à cela, un milliard de musulmans, dont 50 millions résident en Europe, se soulèveront en Occident. Une guerre civile éclate en Europe. Certains Européens se rangent du côté de Soros et des élites atlantistes, tandis que d’autres forment une alliance avec les musulmans, et se joignent à la révolution anti-libérale.
Les États-Unis recourent à des armes nucléaires tactiques contre l’Iran, tandis que la Russie lance une frappe atomique contre l’Ukraine, qui cherche désespérément à s’accrocher à l’Occident à tout prix et provoque Moscou de toutes les manières possibles. La Troisième Guerre mondiale éclate, marquée par l’utilisation d’armes de destruction massive.
Enfin, la Russie prend une position sans équivoque de solidarité avec le monde musulman, tandis que les évangélistes américains, guidés par une révélation soudaine, prennent conscience de l’heure tragique qui sonne pour eux. La Russie, d’une manière indirecte, mais implacable, engage une action contre Israël, adoptant une vision qui stigmatise l’Occident comme étant soumis à l’emprise directe de l’Antéchrist.
Un nombre considérable de dirigeants mondiaux périssent, laissant la place à de nouvelles figures, souvent plus radicales dans leurs convictions. Dans cette tourmente, la Chine lance son attaque contre Taïwan, détournant ainsi l’attention des États-Unis et de l’OTAN vers une nouvelle cible, tandis que l’Inde décide de s’abstenir de s’engager directement aux côtés des U.S.
Le crépuscule de l’histoire se déploie désormais sous l’urgence palpable de la situation. Au sein de cette tourmente, les voix s’élèvent, celles des féministes, des militants LGBT et des défenseurs de l’environnement, qui réclament avec ardeur la fin de cette spirale infernale. Leurs plaidoyers restent sans écho, car l’Occident se trouve dorénavant contraint de lutter contre une myriade d’adversaires, à la recherche d’un objectif qu’il peine à préciser. Les thèmes jadis prédominants, tels que les droits de l’Homme et la société civile, se seront désormais engloutis par la réalité implacable d’une annihilation totale qui se profile à l’horizon. »
Alexandre Douguine, son cœur encore meurtri par la tragique perte de sa fille unique, emportée par l’hydre terroriste, n’a fait qu’effleurer la complexité de la situation qui prévaut au Moyen-Orient, en saisissant seulement une mince partie de ses innombrables ramifications. Pourtant, dans cette analyse, se révèle une vision d’une clarté cristalline qui transcende le simple scénario qu’il dépeint. Elle nous dévoile que, bien que les événements qu’il évoque puissent rester à jamais confinés dans le domaine des conjectures, le monde a déjà revêtu sa parure multipolaire.
Dans ce tableau ciselé où les alliances se façonnent, la Russie orthodoxe a déjà fait son choix pour la prochaine grande guerre, imminente et inévitable. Elle se tourne vers le monde musulman, scellant avec lui une union profonde qui dépasse les frontières et les antagonismes.
En comparant le siège de Gaza à l’épisode de Leningrad de 1941, où la résistance héroïque des Russes marqua le commencement de la chute du IIIe Reich, le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, semble défier l’Occident et sa puissante armée décidés à soumettre le peuple palestinien. Il sous-entend même que Gaza pourrait devenir le tombeau de l’Occident et de son arrogance démesurée.
Khaled Boulaziz