Ils sont venus d’Europe, non pas pour fuir, mais pour occuper. Non pas pour vivre, mais pour faire mourir. Le sionisme, né comme un nationalisme parmi tant d’autres, s’est métamorphosé en une machine à tuer. Ce n’est plus une idéologie : c’est une religion païenne de l’extermination, un culte sacrilège fondé sur le sang des indigènes, où chaque enfant palestinien devient une offrande rituelle à l’autel d’Israël.
Le ver dans le fruit : un colonialisme à visage messianique
Le sionisme, dès ses origines, n’a jamais été une simple quête de refuge. Theodor Herzl, père de cette idéologie, n’a jamais caché son objectif : créer un État juif en chassant ceux qui y vivaient déjà. Le projet s’inspire des pires doctrines de l’Europe coloniale du XIXe siècle : installer des Européens en terre « sous-développée », civiliser par l’expulsion, construire en détruisant.
Ce n’est pas un hasard si les fondateurs du sionisme consultèrent les empires coloniaux britanniques et français. La Palestine était peuplée ? Peu importe. On balaie. On efface. On réécrit.
1948 : la purification comme fondation
Israël naît dans le sang. La Nakba – la catastrophe – voit 800 000 Palestiniens chassés, des centaines de villages rayés de la carte. Ce n’est pas un accident. C’est un programme. Un plan d’épuration ethnique pensé, organisé, exécuté avec une froideur bureaucratique.
Les noms ? Deir Yassin. Tantura. Lydda. Les massacres sont les pierres angulaires de cette nation.
Du nationalisme à l’obsession raciale
Avec le temps, le sionisme mute. D’idéologie politique, il devient système de croyance racial. Le juif israélien est l’élu ; l’Arabe, l’obstacle biologique. La démographie devient menace, l’utérus palestinien une bombe à retardement.
Alors on construit des murs. On creuse des routes pour colons. On bombarde des écoles. On enferme deux millions d’êtres humains à Gaza comme on enferme des rats dans un piège. Et chaque fois qu’ils crient, on leur répond par le feu.
Gaza : laboratoire du culte sacrificiel
À Gaza, le sionisme expérimente l’après-humanité. C’est un terrain de test pour drones, gaz neurotoxiques, bombes à fragmentation. L’enfant qui pleure sous les ruines devient image virale – puis oubliée. On coupe l’eau, on affame, on cible les ambulances.
Et tout cela est dit au nom de la défense. Quelle défense tue les bébés dans les couveuses ? Quelle légitime défense pulvérise un théâtre, un hôpital, un marché ? Aucune. Sauf si la mort est une finalité, non une erreur. Le sionisme est devenu cela : un culte de la mort, où chaque cadavre palestinien est une victoire symbolique.
Les rabbins talmudiques : grands prêtres du sacrifice
Ce culte de la mort a ses grands prêtres. Non pas dans des temples silencieux, mais dans des yeshivot armées, où l’on récite le Talmud non pour éclairer, mais pour justifier la terre brûlée. Des rabbins militaires, en uniforme ou en soutane, bénissent les bombes et sanctifient les massacres, invoquant des versets déformés pour transformer chaque Palestinien en Amalécite à exterminer. Le sang coule, et ils l’appellent purification. Le meurtre devient mitzvah. Leur parole, trempée dans l’encre des siècles, est aujourd’hui une torche posée sur les ruines de Gaza : ils ne guident plus les âmes, ils désignent les cibles. Ce ne sont plus des guides spirituels, mais des sacrificateurs du XXIᵉ siècle, drapés de textes anciens pour couvrir des crimes modernes.
La Bible comme permis de tuer
Ce qui rend ce culte encore plus abject, c’est qu’il s’orne des apparences du sacré. Sous le masque de la religion, il sacralise le meurtre. Des rabbins, aujourd’hui, enseignent sans honte que tuer un non-juif — surtout s’il est arabe — n’est pas seulement permis : c’est une obligation morale, un acte pieux.
Et pendant que les bombes pleuvent, l’idéologie sioniste, toujours drapée dans ses linceuls de victime éternelle, répète inlassablement sa litanie empoisonnée : « Nous avons souffert, donc nous avons tous les droits. » La douleur devient prétexte, l’holocauste devient arme, et la mémoire devient bouclier pour justifier l’inhumanité.
La douleur devient prétexte, l’holocauste devient arme, et la mémoire devient bouclier pour justifier l’inhumanité. Mais quelle douleur, au juste ? Une douleur instrumentalisée, répétée, mise en scène, transmise non comme blessure à panser, mais comme dette à exiger. Une douleur qui ne pleure plus, mais qui accuse. Une douleur déformée par le récit, élevée au rang de dogme historique sacré, où toute remise en cause est blasphème.
C’est une souffrance choisie, mise en vitrine, falsifiée – car elle ne cherche plus à comprendre le mal, mais à s’en approprier le monopole. Une douleur devenue fiction d’État, narration politique, masque commode pour couvrir un autre crime, bien réel celui-là : la destruction méthodique d’un peuple qu’on refuse de voir, parce qu’il ne rentre pas dans le récit convenu.
Silence occidental, complicité globale
Et le monde ? Il regarde. Il finance. Il justifie. L’Europe paie le carburant des F-16. L’Amérique offre les bombes à guidage laser. Les pétromonarchies trahissent la Palestine pour quelques drones et accords secrets.
L’humanité est morte à Gaza. Elle a été enterrée sous les décombres d’un camp de réfugiés, sans larmes, sans funérailles. Israël n’a pas tué que des enfants : il a tué le sens du mot « humain ».
L’heure de nommer
Il faut cesser de dire « conflit ». Il faut cesser de dire « tensions ». Il faut cesser de dire « riposte ». Il faut dire : massacre, extermination, impunité. Il faut nommer le sionisme pour ce qu’il est : un projet colonial, racial, militaro-messianique, devenu un culte de la mort industrialisée.
Et tant qu’il existera, aucune paix n’est possible. Ni pour les Palestiniens. Ni pour les juifs. Ni pour le monde.
Khaled Boulaziz