Le mois de Ramadan, période de jeûne, de prière et de solidarité, se transforme sous nos yeux en un mois de massacre et de désolation pour nos frères et sœurs palestiniens. La bande de Gaza est affamée, la Cisjordanie est dévastée, et nous, les deux milliards de musulmans répandus à travers des républiques et des royaumes islamiques, nous restons immobiles, impuissants, et coupables de notre propre inaction. Qu’est-ce donc que cette ombre que nous sommes devenus, sinon une masse abjecte dépourvue de volonté et de courage ?
Chaque jour, nous assistons à des scènes d’horreur : des enfants mutilés, des femmes enterrées sous les décombres, des vieillards mourant de faim et de soif. Le crime est flagrant, le massacre est diffusé en direct sur nos écrans, mais nos dirigeants baissent les yeux, enchaînés par leur servitude aux puissances occidentales et leurs calculs politiques mesquins.
Où sont les grandes armées des nations islamiques, celles qui paradent avec orgueil lors des fêtes nationales et se vantent de leur arsenal ? Elles dorment, complices, prêtes à écraser leurs propres peuples mais incapables de lever le petit doigt contre l’oppresseur sioniste. Où sont les milliards d’argent du pétrole et du gaz, sinon investis dans les banques occidentales, engraissant ceux qui financent la destruction de la Palestine ?
Mais la lâcheté ne réside pas seulement dans les palais dorés de nos dirigeants. Elle est aussi en chacun de nous, musulmans du quotidien, qui avons troqué la dignité contre la commodité. Nous pleurons sur les réseaux sociaux, nous crions à l’injustice, mais que faisons-nous de concret ? Où sont les boycotts massifs, les grèves, les manifestations de millions dans nos propres capitales pour exiger des actes réels ?
Nous avons trahi la Palestine autant que ceux qui la bombardent. Notre silence est une arme supplémentaire entre les mains de l’oppresseur. Nous avons oublié que l’histoire ne pardonne pas les lâches. Un jour, lorsque les peuples se réveilleront, lorsque la Palestine renaîtra libre, nous serons jugés pour notre inaction, et il ne restera que la honte pour nous couvrir.
Nous avons encore le choix. Nous pouvons briser nos chaînes, refuser cette passivité criminelle, déclarer une guerre économique, diplomatique, et, si nécessaire, militaire contre ceux qui massacrent nos frères. Mais le ferons-nous ? Ou bien resterons-nous ces pantins serviles, attendant que l’histoire nous jette dans la fosse commune des peuples oubliés, ceux qui avaient le pouvoir d’agir mais ont choisi la soumission ?
L’heure n’est plus aux lamentations. L’heure est à la rupture, à la révolution de la conscience et à l’action impitoyable contre l’injustice. Celui qui prétend aimer la Palestine mais qui ne fait rien pour elle est un hypocrite. Et les hypocrites, l’histoire les a toujours balayés d’un revers de main.
Khaled Boulaziz