Les Palestiniens meurent ce mois sacré du Ramadan, nous sommes coupables

En ce mois béni du Ramadan, alors que les musulmans du monde entier se consacrent à la prière, au jeûne et à la réflexion spirituelle, nos frères et sœurs palestiniens endurent des souffrances indicibles.
La bande de Gaza est assiégée, la Cisjordanie est en flammes, et nous, nations arabes et musulmanes, restons silencieuses, complices par notre inaction et notre indifférence.

Chaque jour, des images insoutenables nous parviennent : des enfants déchiquetés par les bombes, des mères pleurant leurs fils, des familles entières ensevelies sous les décombres de leurs maisons détruites.
Le sang des innocents coule à flots, et nos dirigeants détournent le regard, préoccupés par leurs alliances stratégiques et leurs intérêts économiques.

Où sont les armées de nos nations, ces forces qui paradent fièrement lors des célébrations nationales ?
Pourquoi ne se mobilisent-elles pas pour défendre les opprimés, pour protéger les sans-défense ?
Nos arsenaux, financés par les richesses de nos terres, restent muets face à l’injustice flagrante.

Nos richesses, accumulées grâce aux ressources naturelles que Dieu nous a accordées, sont investies dans des projets futiles, des gratte-ciels touchant le ciel, des îles artificielles, tandis que la Palestine brûle.
Nos fonds souverains alimentent les économies occidentales, celles-là mêmes qui soutiennent l’oppresseur.

La famine de Gaza : un crime pesant sur nos consciences

Mais au-delà des massacres et des destructions, un autre crime encore plus abject est en train de se commettre sous nos yeux : la famine.
La famine à Gaza est une faute qui pèse sur la conscience de tous ceux qui en ont les moyens.
Nous sommes tous, sans exception, des déviants et des coupables envers notre peuple et notre sang.

Nous avons piétiné un large éventail de composantes de l’humanité pour pouvoir continuer à vivre en sécurité, pour nous-mêmes et pour nos enfants, pour faire prospérer notre commerce, pour nous complaire à nager dans les égouts de la dépendance jusqu’à nous noyer dans le tourbillon de l’écrasement.

Comment des peuples aussi nombreux peuvent-ils se contenter de rester spectateurs face à l’un des crimes les plus odieux contre l’humanité ?
Deux millions de personnes sont privées de nourriture pour faire pression sur elles, cela après la destruction de tous leurs moyens de subsistance pendant 15 mois.

Ce qu’ils ont enduré ne suffit-il pas ?
Nous avons assisté à leurs souffrances avec des cœurs faibles, des âmes égoïstes et une bassesse que je n’aurais jamais imaginée, même dans les pires scénarios fictifs.
Honnêtement, mon imagination n’aurait jamais pu concevoir que tout cela puisse arriver et que des centaines de millions d’Arabes se contenteraient de regarder.

L’Égypte : bourreau par soumission

Où est le peuple égyptien face au rôle de son régime, qui se résume à être le portier des sionistes ?
Le passage de Rafah, dernier souffle de Gaza, est fermé avec une cruauté glaciale.
La grande Égypte, cette terre qui jadis se levait pour défendre les siens, est aujourd’hui le geôlier docile de ceux qui affament la Palestine.

Le peuple égyptien que nous connaissons ne restait pas les bras croisés à regarder un crime commis contre les siens.
C’est un peuple qui sait parfaitement que celui qui se contente de regarder sera hanté par la scène finale jusqu’à son dernier souffle sur cette terre.

Mais le régime a corrompu les âmes, brisé les volontés, vendu l’honneur national pour quelques sacs de dollars.
C’est lui qui tient la clef du dernier passage de secours de Gaza.
C’est lui qui, d’un geste, pourrait briser l’embargo de la faim.
Mais il ne fait rien.

Israël, machine de guerre et de destruction

Mais nous ne devons pas nous contenter d’une autocritique.
Il faut nommer l’ennemi : l’État d’Israël, cette entité fondée sur le vol, l’expulsion et l’extermination, continue son œuvre macabre en toute impunité.

Depuis des décennies, il impose un régime d’apartheid, viole toutes les conventions internationales et massacre sans vergogne les civils palestiniens, avec la bénédiction des grandes puissances et la complicité des gouvernements arabes.
Le sionisme, idéologie coloniale et raciste, n’a jamais eu d’autre projet que l’éradication du peuple palestinien.
Chaque roquette, chaque missile, chaque balle qui transperce un enfant de Gaza est financée, protégée, légitimée par ceux qui se prétendent les gardiens de la démocratie et des droits humains.

Et que font nos régimes arabes et musulmans ?
Ils courbent l’échine.
Ils normalisent avec l’occupant.
Ils ouvrent leurs marchés, leurs ambassades et leurs bras à ceux qui tuent leurs frères.
Ils répriment dans le sang ceux qui osent dénoncer cette infamie.
Ils étouffent toute voix qui pourrait perturber leurs deals avec l’oppresseur.

Israël ne s’arrêtera pas tant que la Palestine ne sera plus qu’un souvenir.
L’occupant ne négocie pas, il détruit.
Face à cette réalité, nous devons cesser d’être des spectateurs.

Il faut faire quelque chose pour sauver la région de cette débauche abjecte.
Nous devons être l’orage qui balaie l’oppresseur.
Nous devons être la tempête qui éteint le feu de l’injustice.

Que chacun se tienne prêt : soit nous sommes les complices, soit nous sommes la résistance.

Khaled Boulaziz