La guerre civile Soudanaise (2023–Présent) : Une analyse politique

La guerre civile soudanaise (2023–Présent) : Une Analyse Politique

La guerre civile soudanaise, qui a éclaté le 15 avril 2023 pendant le mois sacré du Ramadan, est une conséquence directe de la fragilité et du factionnalisme au sein du gouvernement militaire du Soudan. Ce conflit oppose deux factions militaires puissantes : les Forces Armées Soudanaises (SAF), dirigées par Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de Soutien Rapide (RSF), une milice paramilitaire commandée par Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemedti. Au-delà d’une simple lutte de pouvoir, ce conflit reflète des fractures politiques, économiques et sociales profondes qui hantent le Soudan depuis des décennies, exacerbées par des interventions étrangères et des alliances fluctuantes.

Contexte et faiblesses structurelles

Depuis son indépendance en 1956, le Soudan a connu une succession de coups d’État militaires, de guerres civiles et de régimes autoritaires. Les premières et secondes guerres civiles soudanaises, ainsi que le conflit du Darfour, ont laissé des cicatrices profondes dans le pays. Le renversement d’Omar al-Bashir en 2019, après des mois de manifestations populaires, semblait initialement ouvrir la voie à une transition démocratique. Cependant, l’accord de partage du pouvoir entre les civils et l’armée s’est avéré fragile, culminant dans le coup d’État de 2021 mené par al-Burhan et Hemedti. Ce coup d’État a mis un terme aux aspirations démocratiques restantes et a rétabli un régime dominé par l’armée, qui s’est finalement fragmenté en guerre.

La nature du conflit

La guerre a commencé par des attaques des RSF contre des sites gouvernementaux à travers le Soudan, principalement dans la capitale, Khartoum, avant de s’étendre au Darfour et au Kordofan. Les deux camps ont engagé des combats urbains intenses, utilisant des tactiques de siège et des bombardements massifs, provoquant d’énormes pertes civiles. Début 2025, plus de 8,8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, tandis que 3,5 millions d’autres ont fui le Soudan. La guerre a aggravé une crise humanitaire déjà désastreuse, avec des conditions de famine signalées dans certaines parties du nord du Darfour.

Malgré plusieurs tentatives de médiation internationale, notamment le Traité de Djeddah en mai 2023, les cessez-le-feu ont systématiquement échoué. Les SAF et les RSF continuent de recevoir des soutiens extérieurs, ce qui prolonge le conflit et complique les efforts de paix.

Dimensions politiques et géopolitiques

1. La lutte pour le pouvoir

À sa racine, la guerre est une lutte pour la suprématie entre al-Burhan et Hemedti. Al-Burhan représente l’élite militaire soudanaise traditionnelle, avec des liens étroits avec l’Égypte et les États du Golfe comme l’Arabie saoudite. Hemedti, en revanche, a consolidé son pouvoir en dirigeant les RSF, formées à partir des milices Janjawids, tristement célèbres pour leur rôle dans le génocide du Darfour. Son ascension a été facilitée par un soutien économique, notamment via l’exploitation minière de l’or et le financement des Émirats arabes unis.

2. Le rôle pervers des Émirats Arabes Unis dans la destruction du soudan

Parmi tous les acteurs étrangers, les Émirats Arabes Unis (EAU) ont joué le rôle le plus insidieux et déstabilisateur dans la catastrophe soudanaise. Loin d’être un médiateur neutre, les EAU ont activement financé et armé les RSF, transformant le Soudan en un champ de bataille pour leurs ambitions impérialistes dans la région.

Les EAU ont acheminé des milliards de dollars de soutien militaire et logistique à Hemedti, fournissant des armes, des drones et des mercenaires via des réseaux au Tchad, en Libye et en République centrafricaine. La capacité des RSF à maintenir leur effort de guerre, malgré les sanctions internationales, est directement liée au parrainage émirati. Les EAU ont agi en toute impunité, exploitant les ressources aurifères du Soudan tout en inondant le pays d’armes qui ont permis aux RSF de commettre un nettoyage ethnique au Darfour et des crimes de guerre à Khartoum. Le massacre du peuple Masalit, les campagnes de viols massifs et le pillage systématique des institutions soudanaises ne sont pas des atrocités isolées des RSF — ce sont des actes de terreur rendus possibles par le soutien indéfectible d’Abou Dhabi.

Malgré les preuves accablantes de leur implication, les EAU continuent de nier et de détourner l’attention, maintenant une image trompeuse de donateur humanitaire tout en alimentant un génocide. L’hôpital construit par les Émirats au Tchad, prétendument pour les réfugiés soudanais, sert en réalité de centre logistique pour les opérations de drones soutenant les RSF. Des sources du renseignement confirment que les cargaisons d’armes émiraties transitent par l’aéroport d’Amdjarass au Tchad, un corridor pour la contrebande d’armes vers le Darfour et le Kordofan.

Le gouvernement soudanais a légitimement condamné l’ingérence flagrante des EAU et a appelé à des sanctions internationales contre Abou Dhabi. Pourtant, les puissances occidentales — en particulier les États-Unis et l’Union européenne — hésitent à imposer de véritables sanctions contre les Émirats, craignant des répercussions diplomatiques. Cette lâcheté a enhardi les Émirats, leur permettant d’agir en faiseurs de rois au Soudan tout en se faisant passer pour des pacificateurs.

Minéraux convoités par les intervenants étrangers.

La réalité est claire : les EAU ne sont pas un acteur neutre au Soudan. Ils sont les architectes principaux de la souffrance du pays, un régime prêt à financer des seigneurs de guerre et à soutenir des escadrons de la mort paramilitaires pour sécuriser ses intérêts économiques et géopolitiques. Si le Soudan veut un jour connaître la paix, la première étape doit être une rupture totale avec l’influence émiratie, une position intransigeante contre ses interventions criminelles et une campagne mondiale pour exposer et démanteler ses réseaux financiers sanguinaires.

Les Émirats Arabes Unis

Le Soudan, qui aurait pu être le grenier à blé du monde entier, une terre fertile et prospère capable de nourrir des nations entières, est aujourd’hui ravagé par une guerre d’extermination menée par les plus vils des Arabes, les Émirats Arabes Unis. Alors que le peuple soudanais aurait dû récolter les fruits de son sol généreux, il a été réduit à la famine, au déplacement et au massacre par une élite prédatrice qui ne voit dans ce pays qu’une ressource à piller et un champ de bataille où elle peut imposer sa domination.

Cette guerre ne représente pas seulement un conflit interne mais bien un projet de destruction systématique orchestré par des forces étrangères cyniques et rapaces. La communauté internationale, complice par son silence ou son inaction, a abandonné le Soudan à son sort. Pourtant, l’histoire jugera sévèrement ceux qui, pour des intérêts économiques et stratégiques, ont permis qu’un peuple entier soit sacrifié sur l’autel du profit et du pouvoir. Le combat du Soudan est celui de la dignité contre la rapacité, et l’avenir du pays dépendra de sa capacité à se libérer de ces chaînes imposées par l’étranger.

Khaled Boulaziz