O vous, prêcheurs aux ventres pleins,
Qui riez sous les lustres d’or et de lin,
Savez-vous que sous les ruines éteintes,
Gaza saigne, mais jamais ne s’éteint ?
Les bombes pleuvent, déchirant la chair,
Des enfants explosés jonchent la terre,
Leurs membres arrachés pendent aux murs,
Leurs rires passés hurlent dans l’azur.
Le sang des mères trace des fleuves,
Leurs cris se brisent dans l’air qui pleuve,
Elles creusent les décombres de leurs doigts brisés,
Cherchant un fils que l’enfer a happé.
Les vieillards tombent, leurs cannes fendues,
Leurs visages broyés dans la poussière nue,
Leur dernier souffle emporte un mot,
Que Dieu leur serve justice là-haut !
Mais vous, cloportes des palais dorés,
Fossoyeurs gras des morts oubliés,
Vous prêchez la paix en fermant les yeux,
Quand l’enfer s’abat sur les innocents pieux.
Vos mosquées résonnent de chants creux,
Tandis que des corps montent aux cieux,
Vos tables débordent, vos rires fusent,
Pendant que Gaza brûle sous les obus.
Que vos prières deviennent poison,
Que vos festins suintent l’abandon,
Que vos enfants rêvent des morts déchirés,
Que leurs âmes vous hantent à jamais !
Maudits soyez-vous, lâches impurs,
Que le feu vous prenne, que la honte dure !
Car celui qui trahit par son silence,
N’est qu’un bourreau vêtu d’innocence.
Khaled Boulaziz