L’Obsolescence des castes militaristes : Une Réflexion sur l’avenir des nations du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

Un pouvoir qui ne se régénère pas par la participation populaire est un pouvoir en voie de décomposition.

Michel Foucault

Les régimes militaires qui gouvernent un grand nombre de pays au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont l’Algérie et la Libye, sont confrontés à une contradiction essentielle : leur pouvoir de contrôle et de domination est fondé sur un modèle obsolète, dont l’inefficacité croissante met en danger l’avenir même de leurs sociétés. Bien que ces régimes aient réussi, pendant des décennies, à maintenir une certaine stabilité apparente par la force, ils sont aujourd’hui condamnés à l’obsolescence, en particulier ceux qui n’ont pas su développer leur propre industrie de défense et qui dépendent entièrement de l’importation d’armements étrangers. Cette dépendance militaire ne constitue pas seulement une faiblesse stratégique à l’échelle internationale, mais expose aussi leurs peuples à un danger mortel, à un moment où les dynamiques mondiales et régionales évoluent rapidement.

La Fragilité du modèle militaire : Une dépendance mortelle

Dans ces pays, l’armée ne joue pas seulement un rôle de force de dissuasion, mais constitue la colonne vertébrale du pouvoir politique. Cependant, les régimes militaires qui se contentent d’acheter leurs armements auprès de puissances étrangères ont choisi de renoncer à toute autonomie stratégique. Au lieu de bâtir une industrie de défense capable de produire ses propres armes et technologies militaires, ces régimes se sont vautrés dans une dépendance vis-à-vis des armements étrangers, rendant leurs armées vulnérables à la manipulation géopolitique des pays fournisseurs. Cette situation pourrait fonctionner à court terme, mais elle les place dans une position d’impuissance face aux menaces futures.

Cette dépendance devient un fardeau lorsqu’un pays n’a pas la capacité de produire ses propres technologies. Il devient vulnérable aux fluctuations des relations internationales, aux sanctions économiques, ou à la manipulation stratégique des grandes puissances. Lorsque les sources d’approvisionnement en armements sont coupées, ou que des modifications dans les relations diplomatiques surviennent, ces régimes se retrouvent sans alternative et sans moyens de défense efficaces. Ils sont pris au piège d’un système qui ne leur permet pas de garantir leur sécurité à long terme.

Le véritable danger réside dans le fait que cette politique militaire n’est pas au service des peuples. Les ressources nécessaires au développement économique et social sont allouées principalement à l’achat d’armements coûteux, au lieu d’être investies dans des infrastructures, des systèmes éducatifs, ou des soins de santé. Ce modèle aggrave les inégalités sociales et crée des tensions internes. Les armées, censées protéger la nation, deviennent alors un poids pour la société, rendant les populations plus vulnérables à la fois aux menaces extérieures et à des crises internes.

L’Exclusion de la participation citoyenne : Une Équation imparfaite

Les régimes militaires, en se concentrant exclusivement sur la force brute et en marginalisant la participation citoyenne, ont créé un système politique autoritaire où le pouvoir est concentré entre les mains d’une élite militaire. Cette concentration de pouvoir empêche l’émergence de solutions alternatives qui pourraient garantir la souveraineté et la stabilité à long terme. En écartant la société civile de la gestion des ressources et du processus politique, ces régimes ferment la voie à l’innovation, à l’adaptation et à la résilience. Or, dans un monde où les menaces se diversifient et où les peuples cherchent de plus en plus à participer à la gouvernance de leur pays, l’absence de cette participation représente une faiblesse fatale.

La capacité à faire face aux agressions extérieures et à maintenir la stabilité interne ne peut résider uniquement dans les mains d’une armée, aussi puissante soit-elle. Pour qu’un pays soit réellement fort, il doit inclure ses citoyens dans la gestion des affaires publiques, en particulier dans la gestion de ses ressources naturelles et de sa stratégie de défense. La véritable sécurité nationale ne découle pas uniquement d’un pouvoir militaire répressif, mais d’une implication collective, où la participation citoyenne est vue comme une condition sine qua non à la durabilité du régime.

Une autonomie stratégique imminente : La nécessité de rompre avec l’obsolescence

Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, en particulier ceux qui n’ont pas encore développé une capacité autonome de production d’armements, se retrouvent aujourd’hui dans une position stratégique extrêmement fragile. L’autonomie dans la production militaire, l’innovation technologique et la gestion des ressources naturelles est désormais indispensable. Ceux qui continuent à acheter leurs armements à l’extérieur sont condamnés à être manipulés par des puissances étrangères, incapables de décider seuls de leur destinée. L’armement devient un levier utilisé par d’autres puissances pour imposer leurs volontés politiques, au détriment des peuples et de leurs intérêts nationaux.

Cette dépendance, combinée à l’absence de participation citoyenne et à un système politique autoritaire, mène inexorablement à l’effondrement. Les peuples sont exclus de la gestion de leurs pays, les inégalités se creusent et les frustrations s’amplifient. Lorsque les sociétés sont privées de la possibilité d’agir collectivement pour définir leur avenir, les tensions internes montent, l’instabilité grandit, et l’équilibre fragile entre l’autorité militaire et les aspirations populaires devient de plus en plus difficile à maintenir. Si les régimes militaires ne prennent pas conscience de cette réalité, ils risquent de sombrer dans un avenir marqué par la fragilité, la violence et la dépendance.

Le risque mortel pour les peuples

À long terme, les régimes militaires qui ont choisi de dépendre de puissances étrangères pour leur sécurité deviennent un danger mortel pour leurs peuples. Ils les plongent dans une situation où, face à des menaces extérieures ou internes, la réponse sera l’impuissance. Une armée qui ne produit pas ses propres équipements et qui est constamment tributaire de fournisseurs étrangers ne peut garantir une protection durable. Ces régimes ne peuvent pas espérer résister indéfiniment aux pressions géopolitiques et aux changements mondiaux. En continuant à concentrer les pouvoirs entre les mains de l’armée, tout en excluant les citoyens du processus décisionnel, ces régimes minent leurs propres bases de légitimité et mettent en péril l’avenir de leurs nations.

Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord doivent comprendre que l’avenir n’appartient pas aux régimes militaires qui achètent leur sécurité, mais à ceux qui osent remettre en question l’obsolescence de leur système, qui ouvrent la voie à la participation citoyenne et qui investissent dans leur autonomie stratégique. Ce n’est qu’en développant des industries nationales, en impliquant les citoyens dans la gestion de leurs ressources et en réformant leurs institutions politiques que ces nations pourront espérer se libérer de l’emprise des puissances étrangères et garantir un avenir stable et prospère pour leurs peuples.

Khaled Boulaziz