Les Émirats Arabes Unis : Tyrannie luxuriante au service du crime

Les Émirats arabes unis (EAU), cette station-service lilliputienne se faisant passer pour un État-nation, ont une fois de plus dépassé les bornes, plongeant la région dans un chaos toujours plus profond dans leur quête incessante de déstabilisation des pays islamiques. Leur dernière manœuvre : demander l’extradition du célèbre poète Abdul Rahman Yusuf Al-Qaradawi sous le prétexte absurde d’« insulte ». Le poète était simplement en transit par le Liban après une visite en Syrie—un voyage lourd de signification puisqu’il faisait suite à la révolution syrienne. En apprenant la décision du Liban de se plier à la demande des EAU, facilitée par son Premier ministre Najib Mikati, Al-Qaradawi a déclaré une grève de la faim, ouvrant la voie à une indignation internationale contre cette flagrante violation des droits humains.

Cette affaire ne concerne pas uniquement Abdul Rahman Al-Qaradawi. Elle est l’emblème d’un combat plus large, opposant la liberté d’expression aux régimes autoritaires qui dominent le Moyen-Orient. Les accusations portées par les EAU, sans précédent dans les annales de l’extradition, sont un rappel glaçant de l’ampleur des moyens employés par les despotes pour museler la dissidence et punir ceux qui osent dire la vérité au pouvoir. L’accusation d’« insulte » est tellement absurde, tellement dépourvue de fondement juridique ou moral, qu’elle met en lumière les tactiques d’intimidation employées par des régimes qui n’ont aucun respect pour les normes internationales ou les principes de justice.

Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas seulement le sort d’un poète, mais la conscience collective du monde libre. La grève de la faim d’Abdul Rahman Al-Qaradawi est un acte de résistance puissant, un appel à défendre la liberté d’expression contre les prédations des régimes autoritaires. Son calvaire met en évidence la complicité d’États comme le Liban, dont la volonté de se soumettre aux autocraties du Golfe sape leur propre souveraineté et trahit les principes de justice. L’acquiescement du Premier ministre Mikati aux demandes des EAU soulève de sérieuses questions sur le rôle du Liban dans la perpétuation des systèmes d’oppression qui ont plongé la région dans le chaos.

Les actions des EAU doivent être comprises dans le contexte plus large de leurs politiques régionales destructrices. Qu’il s’agisse d’orchestrer des blocus ou de financer des milices, les Émirats ont systématiquement agi comme une force de déstabilisation, utilisant leur richesse pour exercer une influence disproportionnée sur les pays voisins. Cet épisode n’est qu’un autre chapitre de leur longue histoire de répression de la dissidence et de silence imposé à leurs critiques. La demande d’extradition d’Abdul Rahman Al-Qaradawi est une manœuvre cynique visant à envoyer un message glaçant à tous ceux qui osent contester leur autorité : personne n’est hors de portée.

Mais l’affaire Abdul Rahman Al-Qaradawi transcende les limites étroites de la politique du Golfe. Elle est un test de l’engagement de la communauté internationale à défendre les droits humains fondamentaux. Les principes de liberté d’expression et d’expression politique sont universels, inscrits dans le droit international et soutenus par les sociétés démocratiques du monde entier. Extrader un poète—symbole de liberté culturelle et intellectuelle—sur de telles accusations fallacieuses, c’est trahir ces principes et créer un précédent dangereux.

Le rôle d’Interpol dans cette affaire ne peut être ignoré. Cette organisation, censée faciliter la coopération internationale contre les crimes graves, a trop souvent été instrumentalisée par des régimes autoritaires pour cibler les dissidents. L’abus des notices rouges et des demandes d’extradition à des fins politiques sape la crédibilité d’Interpol et souligne l’urgence d’une réforme. L’affaire Abdul Rahman Al-Qaradawi est un rappel saisissant de la façon dont ces mécanismes peuvent être pervertis pour servir les intérêts des despotes plutôt que la cause de la justice.

Alors que le monde observe, il est impératif que les voix de la conscience s’élèvent en solidarité avec Abdul Rahman Al-Qaradawi. Les organisations de la société civile, les défenseurs des droits humains et les gouvernements qui prétendent soutenir les valeurs démocratiques doivent exiger sa libération immédiate et dénoncer l’abus flagrant de pouvoir des EAU. Le gouvernement libanais doit également être tenu pour responsable de sa complicité. En acceptant d’extrader Al-Qaradawi, il risque de s’aligner sur les forces de la répression et de renoncer à toute légitimité morale et juridique.

Cette affaire met en lumière une vérité fondamentale : la liberté d’expression n’est pas un privilège accordé par les puissants, mais un droit inhérent à tous. La lutte pour protéger ce droit ne se limite pas à une seule nation ou région ; c’est une cause universelle qui transcende les frontières et unit les peuples de toutes races, couleurs et religions. La grève de la faim d’Abdul Rahman Al-Qaradawi est un rappel poignant de ce qui est en jeu. C’est un appel à l’action, une supplication au monde de s’opposer à la tyrannie des régimes autoritaires et d’affirmer les principes de justice et de liberté.

Les actions des EAU ont révélé la vacuité de leur image soigneusement entretenue de État moderne et progressiste. Derrère la façade scintillante des gratte-ciels et des complexes de luxe se cache un régime qui ne tolère aucune dissidence et piétine les droits de ses citoyens et de ses critiques. La communauté internationale doit voir clair dans cette tromperie et tenir les EAU pour responsables de leurs actions. Se taire, c’est être complice de leurs crimes.

En fin de compte, l’affaire Abdul Rahman Al-Qaradawi est un test pour le monde libre. Allons-nous défendre les principes que nous prétendons chérir, ou allons-nous permettre aux régimes autoritaires de dicter les termes du droit international et des droits humains ? La réponse façonnera l’avenir de la liberté et de la justice au Moyen-Orient et au-delà. Relevons le défi et assurons-nous que la voix d’un poète ne soit pas réduite au silence par la machine de la répression.

Khaled Boulaziz