L’héritage sanglant du colonialisme français : un parevent entre les mains de la caste militaire dirigeante en Algérie

Boumédiène m’a fait un enfant dans le dos !

Abdelaziz Bouteflika

L’Algérie postcoloniale aurait dû s’affranchir de toutes les chaînes du passé colonial, récupérer sa souveraineté pleine et entière, et expurger son sol de toute présence étrangère compromettant son intégrité. Pourtant, un fait indéniable et troublant demeure : l’acceptation tacite, voire complice, par les autorités algériennes de la poursuite des essais nucléaires français après 1962. Cette compromission a une figure emblématique : Houari Boumédiène, dont le silence et les arrangements occultes avec la France ont laissé une empreinte indélébile sur l’histoire du pays.

Un accord secret, une trahison manifeste

L’indépendance de l’Algérie, acquise après de longues années de lutte et de sacrifices, aurait dû signifier la fin des ingérences françaises, notamment militaires. Or, dès les accords d’Évian, un texte annexe, soigneusement occulté, stipulait que la France maintiendrait ses installations au Sahara pendant cinq ans. Officiellement, il ne s’agissait que d’expériences scientifiques ; en réalité, onze essais nucléaires furent réalisés entre 1962 et 1966, avec l’aval des autorités algériennes. Pire encore, d’après le général Rachid Benyelles, ces activités secrètes se seraient poursuivies jusqu’en 1986, bien après la période prévue.

L’article 32 des accords d’Évian stipulait que « La France disposera pendant cinq ans des aérodromes de Colomb-Béchar, Reggane et In Amguel, afin de poursuivre des expériences scientifiques, la France maintiendra au Sahara, pendant cinq ans, ses installations expérimentales. » Cependant, les termes « nucléaire » ou « chimique » n’étaient pas mentionnés explicitement. Ce flou a permis aux autorités françaises de poursuivre des essais tout en minimisant leur visibilité.

Cette annexe est longtemps restée inaccessible, et lors de la publication des Accords d’Évian, toute référence explicite aux essais nucléaires et chimiques fut expurgée. Plusieurs négociateurs français, dont Claude Chayet et Pierre Messmer, ont confirmé que ces questions avaient été réglées en secret, sans qu’aucun document officiel ne les mentionne clairement. De son côté, Redha Malek, porte-parole de la délégation algérienne, avait fini par avouer que la question avait été négociée sous contrainte, l’Algérie n’ayant pas d’autre choix que de permettre la poursuite des essais. (1)

L’héritage de la servitude : Boumédiène et la continuité coloniale

Boumédiène, qui s’est érigé en héros du nationalisme algérien, n’a pourtant pas dénoncé cette prolongation scandaleuse. Bien au contraire, en accédant au pouvoir par un coup d’État en contre le GPRA en 1962, il n’a nullement révélé cet accord funeste à l’opinion publique, perpétuant ainsi l’omerta sur un crime écologique et humain d’une ampleur sans précédent. Loin d’être un acte isolé, cette complicité avec l’ancienne puissance coloniale s’inscrit dans une logique plus large de continuité structurelle entre le pouvoir militaire post-indépendance et les intérêts français.

Les conséquences : Un Sahara irradié et des populations sacrifiées

Loin d’être un simple épisode de la Guerre froide, ces essais nucléaires ont eu des conséquences désastreuses. Les populations d’Adrar, de Reggane et d’In Ekker ont été exposées à des radiations mortelles, provoquant maladies, malformations congénitales et un taux de cancer anormalement élevé. Ces essais ont transformé une partie du Sahara en désert radioactif, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. La France, qui assume difficilement ses responsabilités historiques, s’est contentée de compensations symboliques, tandis que les régimes algériens successifs ont, eux, préféré le silence à la confrontation.

Un passif irréversible, une lutte inachevée

Le Sénat algérien, qui vient à peine de sortir de sa longue longue léthargie, s’agite soudainement en votant une loi censée contraindre la France à reconnaître son héritage nucléaire et à procéder à la neutralisation des sites contaminés. Dans un grand élan de patriotisme factice, il annonce également la criminalisation des crimes coloniaux. Mais qui peut encore être dupe de ces gesticulations opportunistes ? Ces manœuvres ne sont qu’un écran de fumée destiné à masquer l’inaction et la duplicité de la caste militariste qui a pris l’Algérie en otage depuis l’indépendance.

Cette caste, qui n’a jamais hésité à brader la souveraineté du pays lorsque cela servait ses intérêts, tente aujourd’hui de se donner une nouvelle légitimité en agitant l’épouvantail colonial. Mais la Nation algérienne, forte de sa mémoire et de ses sacrifices, ne se laisse pas duper. Elle sait reconnaître la véritable action de la fausse dans les manœuvres d’un pouvoir dont l’unique objectif est de perpétuer sa domination. Ni le vacarme des discours officiels, ni les déclarations pseudo-nationalistes ne pourront effacer la trahison d’un régime qui, sous couvert de patriotisme, a toujours servi ses propres intérêts avant ceux du peuple.

Khaled Boulaziz

(1) https://www.courrierinternational.com/article/2012/03/15/de-gaulle-voulait-l-arret-des-combats-pas-l-independance?utm_source=chatgpt.com