Aux confins du désarroi : L’Algérie dans l’engrenage de l’autoritarisme

L’année 2025 s’ouvre sur un horizon dense de périls pour l’Algérie, à la fois sur les plans interne et international. Aux marges de ses frontières, les tensions régionales s’intensifient, alimentées par une instabilité chronique au Sahel et une concurrence croissante entre puissances étrangères. Parallèlement, des alliances stratégiques entre États hostiles aux intérêts algériens se renforcent, multipliant les pressions sur une diplomatie nationale ébranlée. Ce contexte exacerbe le risque d’isolement, non seulement sur la scène internationale, mais également au sein d’une région marquée par des rivalités exacerbées.

Sur le front intérieur, le tableau est tout aussi sombre. Le pays, dirigé par une caste militaire omniprésente, montre des signes croissants de fragilité. Cette élite, établie au sommet de l’État depuis des décennies, gouverne avec une main de fer, monopolisant toutes les prérogatives tout en marginalisant les compétences, les opposants et les forces vives de la société civile. L’autoritarisme, combiné à une centralisation excessive du pouvoir, a plongé l’Algérie dans une crise de gouvernance chronique. La prise de décision se fait dans un isolement glaçant, ignorant les appels à la concertation et réprimant toute dissidence. Ce mode de gestion alimente un climat politique suffocant et engendre une perte de confiance généralisée envers les institutions.

L’économie, quant à elle, continue de stagner, malgré les ressources naturelles abondantes du pays. Les mésaventures dans la diversification économique, ajoutées à une corruption endémique et une mauvaise gestion, ont engendré un ralentissement dramatique de la croissance. Les Algériens font face à une dégradation alarmante de leurs conditions de vie, marquée par une inflation galopante, un taux de chômage élevé et une augmentation des inégalités sociales. Les fléaux sociaux prolifèrent, avec la montée de phénomènes tels que la toxicomanie, l’émigration clandestine et une violence urbaine récurrente.

Cette crise multiforme trouve ses racines dans l’incapacité de la caste dirigeante à s’adapter aux transformations du monde contemporain. Ancrée dans une logique d’autorépression et de clientélisme, l’État algérien étouffe toute initiative citoyenne et toute tentative de renouvellement politique. L’exclusion systématique des opposants, des intellectuels et des jeunes de la sphère décisionnelle crée un fossé irréductible entre le pouvoir et le peuple. Les aspirations légitimes à une réforme profonde se heurtent à un mur d’immobilisme, rendant toute perspective de redressement à court terme hautement improbable.

Cependant, l’Algérie reste un pays de potentialités immenses. Sa position géographique stratégique, ses ressources énergétiques et sa jeunesse dynamique sont autant d’atouts qui pourraient lui permettre de se réinventer. Pour cela, une rupture radicale avec le modèle actuel de gouvernance s’impose. La nécessité d’une démocratisation effective, d’une ouverture aux compétences nationales et d’une réconciliation entre les différents acteurs de la société devient impérative. Une telle transition exigerait non seulement du courage politique, mais aussi une vision claire et inclusive, capable de rassembler les énergies dispersées d’une nation en quête de renaissance.

En l’état actuel, l’Algérie ressemble à un colosse aux pieds d’argile, vulnérable aux vents contraires de l’Histoire. Pourtant, chaque crise porte en elle les germes d’une transformation potentielle. La question demeure : la caste militaire acceptera-t-elle de céder une partie de son pouvoir pour ouvrir la voie à un futur plus prometteur, ou choisira-t-elle de s’accrocher à ses privilèges au risque de précipiter le pays dans l’abîme ?

Khaled Boulaziz