La Révolution iranienne et le Moyen-Orient : une trahison des idéaux et une déstabilisation meurtrière

Les récents bouleversements en Syrie dévoilent, avec une clarté éclatante, l’ombre délétère de la Perse contemporaine, cet Iran qui, telle une hydre insidieuse, distille son venin dans les entrailles des nations arabes. Cet article, richement tissé de détails et d’analyses fouillées, entreprend de démêler les fils empoisonnés d’une révolution qui, jadis porteuse d’espoir, s’est dévoyée en un instrument de domination et de discorde.

La Révolution iranienne de 1979 fut un événement marquant dans l’histoire moderne du Moyen-Orient. Menée par l’Ayatollah Khomeini, elle renversa la monarchie séculière du Shah pour instaurer une république islamique sous un régime théocratique. Portant initialement les espoirs de millions de personnes pour une ère de justice et de libération des opprimés, la révolution iranienne a rapidement révélé des ambitions bien plus larges. Les nouveaux dirigeants de Téhéran, en particulier les mollahs de Qom et de Téhéran, ont cherché à exporter leur version de l’islam chiite, connue sous le nom de « chiisme noir », à travers le Moyen-Orient, avec des conséquences dévastatrices pour la région.

L’exportation du chiisme noir et les ambitions régionales de Téhéran

L’Ayatollah Khamenei, guide suprême de l’Iran, a récemment déclaré que la lutte principale du régime iranien est contre les « adeptes de Yazid », une référence historique au chef omeyyade vilipendé dans la tradition chiite pour son rôle dans le martyre de l’Imam Hussein lors de la bataille de Karbala. Cette référence n’est pas simplement une allusion religieuse, mais un symbole des ambitions idéologiques et politiques de l’Iran, qui voit dans cette lutte une justification pour ses interventions dans les pays arabes voisins.

Depuis la révolution, le régime iranien a activement cherché à exporter ce chiisme noir, une forme rigide et autoritaire du chiisme, dans divers pays du Moyen-Orient. Cette exportation a exacerbé les tensions sectaires dans la région, en particulier entre les communautés sunnites et chiites, et a alimenté des conflits violents. L’influence de l’Iran est particulièrement visible en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen, où il a soutenu des milices chiites, des mouvements politiques et des insurrections armées qui ont déstabilisé ces pays.

L’Irak : un pays dévasté par le sectarisme

L’Irak est peut-être le pays qui a le plus souffert de l’intervention iranienne. Après l’invasion américaine de 2003 et la chute de Saddam Hussein, l’Iran a rapidement étendu son influence sur le nouveau gouvernement chiite de Bagdad. En soutenant diverses milices chiites, telles que l’Organisation Badr et Asa’ib Ahl al-Haq, l’Iran a joué un rôle central dans la violence sectaire qui a déchiré l’Irak, ciblant souvent les communautés sunnites et contribuant à leur marginalisation. Cette marginalisation a, à son tour, favorisé la montée de groupes extrémistes comme l’État islamique (EI), qui ont exploité les griefs sunnites pour gagner du terrain.

La Syrie : une nation en ruines

En Syrie, l’intervention iranienne a été cruciale pour la survie du régime de Bashar al-Assad, un allié clé de Téhéran. Lorsque le soulèvement syrien a commencé en 2011, il s’agissait initialement d’un mouvement populaire réclamant des réformes démocratiques. Mais alors que le conflit s’intensifiait, l’Iran a fourni un soutien militaire et financier massif à Assad, y compris par l’envoi de la Garde révolutionnaire islamique (GRI) et de combattants du Hezbollah libanais. Ce soutien a transformé le conflit en une guerre sectaire, avec un régime alaouite (une branche du chiisme) face à une opposition majoritairement sunnite, entraînant la mort de centaines de milliers de personnes et la destruction de la Syrie.

Le Liban : la mainmise du Hezbollah

Au Liban, l’influence de l’Iran est incarnée par le Hezbollah, un groupe militant chiite et parti politique soutenu par Téhéran depuis les années 1980. Le Hezbollah, qui a commencé comme une force de résistance contre l’occupation israélienne, est devenu un acteur politique puissant, contrôlant de vastes territoires et exerçant une influence significative sur la politique libanaise. Grâce au soutien financier et militaire de l’Iran, le Hezbollah a maintenu sa domination au Liban, souvent au détriment de l’équilibre sectaire fragile du pays.

Le Yémen : une guerre par procuration

Au Yémen, l’Iran a soutenu les rebelles houthis, des chiites zaïdites liés idéologiquement à Téhéran, contre le gouvernement sunnite reconnu internationalement, soutenu par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Ce soutien iranien a alimenté une guerre civile brutale, transformant le Yémen en une crise humanitaire parmi les plus graves au monde. Le conflit yéménite est souvent considéré comme une guerre par procuration entre l’Iran et l’Arabie saoudite, avec des conséquences dévastatrices pour la population civile.

Une région en ruines : le coût des ambitions de Téhéran

L’exportation du chiisme noir par les mollahs de Téhéran a eu des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient. En promouvant une version sectaire et autoritaire du chiisme et en soutenant des milices et des insurgés, l’Iran a semé la discorde et la violence à travers la région. Le résultat a été la destruction de pays entiers, la mort de millions de personnes, principalement parmi les populations sunnites, et le déplacement de millions d’autres.

Le fossé sunnite-chiite, considérablement élargi par les actions de l’Iran, est devenu l’une des lignes de fracture les plus dangereuses du Moyen-Orient. La violence sectaire, autrefois relativement contenue, est désormais un élément déterminant des conflits qui ravagent la région. L’héritage de la Révolution iranienne n’est donc pas celui de la libération ou de l’anti-impérialisme, comme ses leaders l’avaient prétendu, mais celui de la division, du sang versé et de la dévastation.

La trahison des idéaux révolutionnaires par les mollahs de Qom et de Téhéran

En observant les conséquences actuelles de la Révolution iranienne sur le Moyen-Orient, il est clair que les idéaux originaux de justice et de libération ont été trahis par les mollahs de Qom et de Téhéran. Cette révolution, qui avait capturé l’imagination de millions de personnes en promettant de lutter contre l’injustice et de construire une société islamique juste, s’est transformée en un régime répressif qui a utilisé la religion comme un instrument de pouvoir.

L’intellectuel perse Ali Shariati, dont les idées ont inspiré de nombreux révolutionnaires avant 1979, avait mis en garde contre la perversion de l’islam révolutionnaire en un outil de domination entre les mains d’une élite religieuse. Shariati dénonçait ce qu’il appelait le « chiisme noir », une version déformée et passiviste de la religion qui détourne les croyants de la lutte pour la justice sociale et les enferme dans des rituels de deuil. Aujourd’hui, les critiques de Shariati résonnent avec une clarté encore plus grande alors que l’Iran, sous l’influence des mollahs, continue de répandre une vision autoritaire et sectaire de l’islam, au détriment de la stabilité régionale.

Cette trahison des idéaux révolutionnaires a transformé l’Iran en une force de division et de destruction, plutôt qu’en un modèle de justice et de résistance pour les peuples du Moyen-Orient. Le rêve de libération et de justice qui animait les premiers jours de la révolution a été remplacé par une réalité sombre où l’oppression se perpétue non seulement à l’intérieur des frontières iraniennes, mais aussi dans les nombreux pays où l’influence de Téhéran s’est fait sentir.

Pour que le Moyen-Orient puisse espérer un avenir de paix et de justice, il est impératif de reconnaître cette trahison et de revenir aux principes fondamentaux de justice, d’égalité et de solidarité qui auraient dû être au cœur de la Révolution iranienne.

Khaled Boulaziz