Le rapport 2024 de la Cour des comptes met en lumière une réalité accablante : alors que le budget de l’armée pour 2024 atteint 25 milliards de dollars, les écoles primaires algériennes luttent pour fonctionner avec des ressources dérisoires. Ce contraste illustre les choix de priorités nationales, où l’éducation, pourtant essentielle, reste le parent pauvre des politiques publiques.
En dépit des subventions de 74 milliards de dinars (environ 500 millions de dollars) entre 2020 et 2023, les demandes en entretien des infrastructures ne sont satisfaites qu’à 18 %, et les renouvellements d’équipements, à seulement 36 %. Les conséquences sont visibles : surcharge des classes, infrastructures vétustes, absence criante de terrains de sport (77 % des écoles en sont dépourvues), et carence en salles d’informatique et de lecture (disponibles respectivement dans seulement 59 % et 57 % des établissements).
Ces difficultés sont aggravées par des restrictions budgétaires invoquées par le ministère des Finances, tandis que les budgets alloués à la défense explosent. Ce déséquilibre fragilise le système éducatif, empêchant la résolution des problèmes structurels : classes dépassant les normes de 30 élèves, personnel insuffisant, et méthodes d’enseignement limitées à la mémorisation, notamment en mathématiques, où le volume horaire est bien inférieur à celui des pays voisins comme la Tunisie ou la France.
La montée des cours particuliers, décrite comme un « phénomène informel généralisé », reflète la perte de confiance dans l’éducation publique. Ce phénomène reste mal étudié par le ministère de l’Éducation nationale, malgré ses répercussions sociales et économiques.
La Cour des comptes exhorte à un rééquilibrage des priorités budgétaires. Elle recommande la création d’un cadre organisationnel adapté, le respect des normes pour la construction de nouvelles écoles, et une dotation suffisante en équipements et personnel.
Cependant, toutes ces recommandations resteront lettre morte tant que l’Algérie est dirigée par une caste militariste qui gère le pays comme une propriété privée, ignorant les besoins fondamentaux de la nation et sacrifiant l’avenir de ses enfants sur l’autel de ses propres intérêts.