Il est des pays qui s’ouvrent au monde, qui puisent leur force dans leur diversité culturelle, intellectuelle et artistique. Et il y a l’Algérie du régime des généraux, un pays saigné à blanc par une caste militaire assoiffée de pouvoir, incapable de comprendre que la grandeur d’une nation ne réside pas dans ses chars, mais dans son génie humain.
Quelle tragédie pour ce pays aux mille potentialités ! L’Algérie, qui a enfanté des géants, les a vus partir sous la menace, contraints à l’exil pour survivre. Parmi ces géants, le grand Khaled, roi incontesté du raï, icône internationale de la musique algérienne. Que lui a offert le régime en retour de son rayonnement mondial ? Un exil forcé afin de l’effacer de la mémoire collective son rôle de porte-voix d’un peuple étouffé.
Telle une muse envoûtée par l’éclat d’un astre, la musique, souveraine des cœurs et confidente des âmes, a trouvé son refuge dans un homme, un nom qui résonne comme une mélodie éternelle : Cheb Khaled. Ce n’est pas un simple mortel, mais une incarnation vivante de l’harmonie, un alchimiste des sons, un poète des rythmes. En lui, les notes ne sont pas que des vibrations ; elles deviennent souffle, flamme, passion.
La musique l’a choisi, non comme un serviteur, mais comme un élu, un porteur de lumière capable de transcender les frontières, de bouleverser les cœurs les plus endurcis. Cheb Khaled est la preuve que la mélodie a une âme, et cette âme, elle l’a trouvée dans un être qui n’est pas seulement chanteur, mais incarnation même de l’écho universel.
Mais Khaled n’est pas seul. Ils sont nombreux, les penseurs, écrivains, journalistes et artistes, à avoir quitté leur terre natale, chassés par un pouvoir qui craint la lumière. Ce pouvoir ne tolère que les courtisans et les opportunistes. La fuite des cerveaux algériens, ce drame silencieux, est un aveu d’échec criant. Au lieu de cultiver ses talents, le régime les broie, préférant les remplacer par des discours creux et une répression aveugle.
Ce régime, qui se complaît dans la glorification de l’armée, ne comprend pas que l’époque des dictatures militaires touche à sa fin. Bashar al-Assad, Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi — tous pensaient régner à jamais. Tous ont été balayés par la tempête de l’histoire. Et les généraux algériens ne feront pas exception. Le peuple algérien, fier et résilient, mérite mieux qu’un gouvernement corrompu qui le trahit depuis trop longtemps.
Le vent du changement souffle déjà. Il emportera avec lui ceux qui se croient intouchables. Khaled chantera encore pour son pays, libre et debout. L’Algérie, débarrassée de ses bourreaux, renaîtra de ses cendres, car sa véritable force est dans son peuple, pas dans ses généraux.
Khaled Boulaziz