Gaza, Révélatrice de vérité

Ô Gaza, tu as levé le voile sur les prétentions de ce monde, ébranlant l’édifice fragile de sa prétendue civilisation ! Tu as déchiré le masque de soie du raffinement, révélant le visage sombre qui se cache dessous. Quelle moquerie que ce monde, drapé dans les atours du progrès, ferme ses oreilles aux cris de tes enfants, leurs corps fragiles écrasés sous le poids des décombres !

Quelle justice osent-ils proclamer, ces arbitres de la droiture, qui demeurent immobiles alors que ta terre sacrée est mise à sac ? Justice ? Civilisation ? Mots creux, vides comme le vent.

Gaza, tu es le miroir où le monde voit son véritable visage—un visage marqué par l’hypocrisie, la cupidité et la lâcheté. Tu as exposé les marchands des droits de l’homme, ces colporteurs de promesses vides, qui gesticulent et se vantent sur la scène de la fausse vertu. Tes blessures, profondes et saignantes, révèlent la mascarade de leur prétendue humanité.

Vois, treize mois de massacre incessant, un spectacle sous les yeux attentifs d’un monde indifférent. Que reste-t-il de la dignité humaine, quand le silence règne au milieu des cris des innocents ? Plus de cinquante mille âmes se sont élevées—pères, mères, enfants—arrachées à la vie, leurs rêves ensevelis sous les décombres de leurs foyers.

Ô comme ta terre est baptisée par le sang des martyrs, chaque goutte un témoignage, chaque blessure une malédiction sur la tête des traîtres. Tes maisons effondrées, tes rues devenues avenues de douleur, racontent l’histoire d’une nation réduite en poussière, où la mémoire est enterrée sous le poids de la pierre et de la cendre.

Deux millions d’âmes errent, exilées dans leur propre terre, cherchant une simple bouchée de pain ou une goutte d’eau. L’immensité de cette terre ne leur offre aucun refuge, tandis que les architectes de la tromperie se délectent de leur paix illusoire.

Et pourtant, Gaza, tu n’es pas vaincue. Ta blessure béante parle plus fort que mille trompettes. Tu as démasqué les lâches qui ont détourné leur regard de toi, exposant la superficialité de leur civilisation autoproclamée. Quel genre de monde est-ce là, où une ville pérît, un peuple languit sous le siège, tandis que les spectateurs observent comme s’il ne s’agissait que d’un drame passager ?

Ô Gaza, tes cris s’élèvent comme une symphonie de vérité. Tu es la voix de la défiance, l’emblème indéfectible d’une histoire qui ni ne s’efface, ni ne pardonne.

Et pourtant, face à une telle souffrance sans borne, que t’a offert le monde, Gaza ? Des paroles vides et des gestes impuissants, comme des échos qui s’évanouissent dans une salle déserte. Même le dernier sommet des pays islamiques, tenu dans les grands palais de Riyad, n’était qu’un nouvel exercice de rhétorique creuse. Une grande assemblée de dirigeants, leurs langues dorées de platitudes, leurs cœurs alourdis d’indifférence.

Devant l’immensité de ta tragédie, Gaza, leurs discours étaient légers comme des plumes portées par la brise. Et lorsque vint le moment de prononcer leur déclaration finale, celle-ci était si douce, si timorée, qu’on aurait pu imaginer qu’Israël lui-même siégeait parmi eux, guidant leurs plumes et tempérant leur résolution. Ainsi, une fois de plus, le monde a parlé—et n’a rien dit.

Khaled Boulaziz