Les 365 jours qui ébranlèrent le monde

La conflagration à Gaza qui a été déclenché par la spectaculaire opération militaire du Hamas au septième jour d’octobre dernier, suscitant une répercussion mondiale parmi les Palestiniens et catapultant la question palestinienne au premier plan de l’agenda international de manière inéluctable. Cette crise a exposé Israël comme une puissance coloniale raciste dans une phase avancée du démantèlement des formes de colonisation discriminatoire.

Au cœur de ce conflit réside une plaie béante pour les Palestiniens. Le gouvernement israélien de droite extrémiste a exploité l’attaque du Hamas pour déclencher une guerre génocidaire contre les habitants de Gaza, utilisant un arsenal militaire massif qui a engendré une destruction considérable des infrastructures, causant près de 42 000 morts palestiniens et 100 000 blessés jusqu’à présent. Des plans ouvertement fascistes visent un nettoyage ethnique et le déplacement massif des citoyens de cette partie du Moyen-Orient.

Post-attaque, Israël, selon ses propres sources officielles, déplore 188 morts parmi ses soldats et officiers après cent jours d’agression, loin de ses objectifs militaires déclarés selon la presse hébraïque. Ce conflit a secoué les fondements économiques et sécuritaires d’Israël, le replaçant dans une position existentielle précaire au sein du monde arabe.

Sur le front arabe, bien que la Ligue arabe et le Sommet arabo-islamique aient exprimé un soutien aux Palestiniens, certains pays normalisés ont montré en privé une sympathie envers Israël. La Jordanie et l’Égypte ont manifesté une préoccupation quant aux objectifs israéliens de déplacement des Palestiniens. Israël a également été confronté à des attaques de divers fronts, notamment le Liban par le Hezbollah, le Yémen par Ansar Allah (les Houthis), et des milices affiliées à l’Iran en Irak et en Syrie, mettant en péril les intérêts américains, principal allié d’Israël, et perturbant l’économie mondiale par des attaques en mer Rouge.

Cette guerre a mis en lumière les positions mondiales habituelles, avec les États-Unis soutenant officiellement l’État d’occupation, tandis que la Chine adopte une position distincte en faveur des Palestiniens, refusant de condamner l’attaque du Hamas. La Russie, quant à elle, perçoit la situation comme bénéfique après l’épuisement subi en Ukraine en raison du soutien occidental à Kiev, orientant ainsi ses positions politiques envers Gaza.

Les crimes de guerre israéliens et le nombre massif de victimes civiles ont déclenché des manifestations étendues en Europe, révélant une division nette entre les gouvernements et les peuples, ainsi qu’au sein des gouvernements eux-mêmes. L’Irlande et l’Espagne ont maintenu leur soutien en faveur des Palestiniens, contrairement au soutien absolu de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne à Israël.

L’Union africaine a émis l’une des déclarations les plus claires en soutien au peuple palestinien, malgré la position pro-israélienne de certains pays membres. L’Afrique du Sud a également exprimé une solidarité basée sur des similitudes entre la lutte des Palestiniens et sa propre lutte contre la colonisation raciste, offrant ainsi une perspective mondiale de soutien approprié à la question israélienne.

Il a rappelé aussi que L’Afrique du Sud a porté plainte le 29 décembre 2023 contre Israël pour « génocide » à Gaza auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), le tribunal de l’ONU chargé de régler les différends entre États. La plainte est assortie d’une demande de mesures d’urgence susceptibles d’ordonner la fin des hostilités, motivées les terribles massacres de plus de 41 000 civils palestiniens. Pretoria demande à la CIJ d’exiger d’Israël de cesser de tuer et de causer de graves atteintes mentales et physiques au peuple palestinien à Gaza, de cesser de lui imposer délibérément des conditions de vie destinées à entraîner sa destruction physique en tant que groupe, et de permettre l’accès à l’aide humanitaire.

L’Afrique du Sud invoque ses droits et obligations afin de prévenir le génocide et de protéger les Palestiniens de Gaza de la destruction. Ces droits et obligations s’exercent dans le cadre de la Convention de 1948 des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de génocide. Une audience publique s’est tenue le 11 et le 12 janvier à La Haye, pour examiner les « mesures conservatoires » demandées par l’Afrique du Sud. À l’issue de ces deux jours, la Cour a publié un communiqué de presse, qui reprend les demandes de l’Afrique du Sud et la réponse d’Israël.

Ainsi donc, il aurait suffi de 365 jours pour qu’au sein du vaste paysage de l’injustice qui imprègne notre monde industrialisé, la question palestinienne se manifeste une nouvelle fois comme un appel déchirant, rompant les entraves qui maintenaient la conscience mondiale en léthargie. Comme une étincelle fragile au cœur des ténèbres de l’indifférence, elle a rallumé la flamme de la solidarité, résonnant comme une revendication urgente de liberté et de justice.

Un observateur attentif des temps modernes aurait sûrement discerné dans la quête palestinienne une résonance avec des idéaux d’égalité et de dignité humaine. Car la Palestine, sous l’emprise oppressante de l’occupation, a agi comme le déclencheur qui a secoué les consciences engourdies, les arrachant à leur torpeur.

Le monde, autrefois captivé par les mécanismes implacables de l’industrialisation, a été perturbé par la réalité quotidienne du peuple palestinien. Les rues déchirées par les conflits, les familles séparées par des barrières de ségrégation, et les aspirations étouffées par l’occupation ont servi de rappel brutal de la persistance des injustices dans notre ère moderne.

La cause palestinienne, tel un hymne de résistance, a résonné à travers les continents, suscitant une nouvelle solidarité parmi ceux qui, jusqu’alors, pouvaient rester indifférents à la souffrance humaine. L’oppression infligée au peuple palestinien a agi comme un miroir, reflétant les maux d’un monde dans lequel la quête du profit et du pouvoir avait souvent éclipsé celle de la justice sociale.

Dans ce contexte, la voix d’un défenseur de la justice aurait sans doute souligné que la quête de la liberté et de la justice ne doit pas être confinée par des frontières artificielles, et que la solidarité humaine doit transcender les barrières politiques imposées.

Ainsi, la cause palestinienne, en éveillant les consciences somnolentes, a insufflé une nouvelle vigueur à la lutte pour un monde plus juste. Dans cette ère industrielle où les machines vrombissent et où le profit tend continuellement à éclipser la compassion, la Palestine a rappelé de manière poignante que la dignité humaine et la quête de justice doivent demeurer au cœur de notre parcours collectif vers un avenir plus équitable.

Khaled Boulaziz