L’agonie du peuple palestinien, c’est le déjà-là de notre propre mort

Dieu, fais que je rejoigne le plus rapidement ceux que tu as emportés avant moi.

Une Palestinienne de Gaza éplorée par la perte de ses plus chers

L’agonie du peuple palestinien, prisonnier d’un conflit interminable et d’une violence inouïe, est bien d’abord notre tragédie et notre humiliation. Elle dévoile l’échec lamentable de la communauté internationale, mais elle met surtout en lumière l’ignominie et la lâcheté patente des régimes arabes, dominés par des castes militaristes obsédées par la préservation de leur pouvoir. Cet essai s’efforce de déplier les multiples strates de cette tragédie humaine et politique, en soulignant la complicité tacite et l’inaction éhontée des dictatures arabes, qui persistent dans leur inertie face à la souffrance inexorable des Palestiniens.

Colonisation et violence au quotidien

Depuis 1947, lorsque les hordes sionistes ont violenté sa terre, le peuple palestinien est plongé dans un abîme de désespoir. Son existence est une tragédie sans fin, marquée par une précarité extrême, exacerbée par une violence incessante et un blocus étouffant, imposé par l’entité criminelle sioniste. Gaza, symbole de toutes les souffrances, endure un siège inhumain depuis 2007, privant ses habitants des nécessités les plus élémentaires, des soins médicaux et de l’éducation. Chaque nouvelle attaque de la soldatesque sioniste intensifie cette agonie, causant des destructions dantesques et des pertes humaines innombrables.

Les infrastructures civiles, habitations, écoles, hôpitaux, ne sont pas épargnées par des pilonnages meurtriers, plongeant la population dans une détresse humanitaire abyssale. Cette réalité quotidienne des Palestiniens dépasse la simple crise humanitaire ; elle est le théâtre de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Au-delà de ces horreurs, c’est un cri de désespoir qui s’élève, un appel déchirant à la conscience humaine : particulièrement vers les Arabes et les musulmans, mais aussi vers toutes les femmes et de tous les hommes de bonne volonté.

C’est un chant funèbre qui résonne dans les ruines de Gaza, un lamento désespéré pour les vies brisées, pour les rêves anéantis. La douleur imprègne l’air, chaque souffle est un supplice, chaque jour une nouvelle descente dans les profondeurs du désespoir. Les cœurs sont lourdement chargés de tristesse, les âmes crient en silence, appelant à une justice longtemps attendue, à une compassion trop souvent refusée. Le peuple palestinien, malgré tout, continue de vivre, de résister, de se battre pour un meilleur avenir, même si cet avenir semble plus sombre que jamais.

La trahison des régimes arabes

Les régimes arabes, qui devraient être les protecteurs naturels et les alliés du peuple palestinien, ont lamentablement failli à cette mission. Au lieu de prendre des mesures concrètes pour soutenir les Palestiniens, nombre d’eux ont opté pour une normalisation de leurs relations avec Israël, dans une quête éhontée de gains économiques et politiques. Cette trahison est particulièrement manifeste chez les monarchies du Golfe, qui ont signé des accords de paix et de coopération, ignorant cruellement les souffrances persistantes des Palestiniens. Ces traités, présentés comme des avancées diplomatiques, révèlent en réalité une indifférence cynique aux principes de solidarité et de justice.

Les castes militaristes au pouvoir

Au cœur de cette trahison se trouvent les castes militaristes, qui dirigent de nombreux pays arabes. Ces dirigeants, souvent issus de l’armée, sont plus préoccupés par le maintien de leur pouvoir que par la défense des droits des Palestiniens. Leur approche autoritaire et répressive s’étend tant à l’intérieur de leurs frontières qu’à leur politique étrangère. L’Égypte, par exemple, a joué un rôle crucial dans le maintien du blocus de Gaza, limitant sévèrement l’entrée et la sortie des personnes et des biens par le passage de Rafah. Cette complicité active avec les politiques israéliennes souligne l’hypocrisie et le cynisme de ces régimes, qui sacrifient la cause palestinienne sur l’autel de leurs intérêts personnels.

Les conséquences pour les nations arabes

La lâcheté des régimes arabes face à la situation en Palestine a des répercussions profondes et durables. En abandonnant les Palestiniens, ces régimes minent leur propre légitimité et leur crédibilité. La cause palestinienne a longtemps été un point de ralliement pour les peuples arabes, un symbole de lutte contre l’oppression et l’injustice. En tournant le dos à cette cause, ces potentats arabes risquent de perdre le soutien et la confiance de leurs propres populations. Cette déconnexion entre les gouvernants et les gouvernés conduira inexorablement à des troubles internes et à une instabilité accrue, exacerbée par des problèmes économiques et sociaux déjà présents.

L’indifférence de la communauté internationale

Au-delà des régimes arabes, la communauté internationale dans son ensemble porte une responsabilité dans la tragédie palestinienne. Les grandes puissances sous influence de puissants lobbies sionistes, notamment les États-Unis et les pays européens, ont adopté une position biaisée, soutenant Israël et négligeant les droits des Palestiniens. Les résolutions de l’ONU et ceux de la cour pénale de la Haye condamnant les actions israéliennes restent lettre morte, et les appels à la protection des civils palestiniens ne sont pas suivis d’actions concrètes. Cette indifférence internationale renforce le sentiment d’abandon et de désespoir parmi les Palestiniens, tout en confortant les régimes arabes dans leur inaction.

La voie vers un changement nécessaire

Pour que la situation des Palestiniens s’améliore, il est impératif d’opérer un changement profond et structurel. La seule voie véritable pour aider la Palestine est que chaque pays arabe commence par s’aider lui-même, en se libérant des régimes dictatoriaux qui les gouvernent. Une révolution est nécessaire pour renverser ces castes militaristes et élites oppressives, afin d’instaurer des gouvernements véritablement représentatifs et engagés envers la cause palestinienne. Une fois ces transformations internes réalisées, les nouveaux dirigeants pourront alors prendre les mesures qui s’imposent pour soutenir les Palestiniens. Sans cette transformation interne et collective, il n’y a rien à espérer pour la Palestine.

Conclusion

Chaque matin, Gaza et ses morts ressuscitent en nous le spectre de notre lâcheté et la honte tenace qui nous enveloppe jusqu’au crépuscule. Ce sentiment d’impuissance, mêlé d’amertume face au mal incarné, nous consume sans relâche, révélant notre incapacité criante à le combattre. L’échec retentissant de tous les régimes arabes à transcender les contingences terrestres, à rendre justice à des millions de nos compatriotes, et à offrir une lueur d’espoir aux damnés de la terre, scelle notre malheur et notre emprisonnement. Chaque matin, la providence oblige les âmes les plus sensibles d’entre nous à rationaliser la misère morale et éthique qui les submerge.

Le combat tant espéré reste toujours hors de portée, telle une promesse jamais réalisée. Nos espoirs sont perpétuellement repoussés à un lendemain incertain, tandis que nous demeurons paralysés dans un présent insupportable. Nous contemplons les images de destruction, les vies brisées, et restons impuissants, figés par notre propre inertie. Cette attente interminable nous épuise, nous dévore de l’intérieur, tandis que le temps s’écoule, immuable, sans que rien ne vienne briser ce cycle infernal.

Nous sommes condamnés à voir nos frères et sœurs souffrir, à ressentir leur douleur sans pouvoir intervenir. Chaque tentative de soulèvement est écrasée par une force brutale et implacable, et chaque espoir de justice est noyé dans un océan d’indifférence mondiale. Les régimes arabes, englués dans leur propre survie, se révèlent incapables de se dresser contre cette marée noire d’oppression, leurs promesses de solidarité résonnant aussi creux que nos propres cris de désespoir.

Ainsi, nous avançons dans cette nuit sans fin, cherchant des lueurs d’espoir là où il n’y en a plus. Nos âmes, alourdies par le poids de cette attente et par l’absence de ce combat qui tarde à venir, s’embrasent dans le reflet de notre incapacité à changer le cours des choses, de notre résignation forcée.

Et pourtant, quelque part en nous, subsiste une flamme, aussi fragile soit-elle, qui refuse de s’éteindre. Cette flamme continue de croire qu’un jour, peut-être, le combat viendra et apportera avec lui la justice tant attendue : humaine, incertaine ; divine, certaine.

Khaled Boulaziz