Algérie : Dialogue, nos préalables, non négociables

Les tours d’ivoire des tyrans se construisent autour de l’inertie des peuples.

Niccolò Machiavelli, Penseur politique italien

Le mouvement Hirak, lancé en février 2019, a marqué un tournant historique dans le paysage politique algérien. Des millions de citoyens sont descendus dans les rues pour exiger la fin d’un régime corrompu et réclamer des réformes politiques profondes. Cette révolte pacifique, animée par un désir de liberté, de démocratie et de dignité, a rapidement pris de l’ampleur, forçant la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Cependant, après un simulacre d’élections présidentielles pour garantir un premier et un second mandat au président sortant, la répression a été rapide et brutale. Au lieu d’écouter les revendications populaires, le régime militaire s’est retranché davantage, employant des tactiques répressives pour faire taire la dissidence, emprisonner les opposants politiques et contrôler le récit national. Alors que le Hirak continue d’inspirer l’espoir parmi de nombreux Algériens, la réponse du gouvernement reste caractérisée par l’autoritarisme et la tromperie.

Le régime est aux abois, ne sachant plus que faire sinon persister dans sa médiocrité. Il continue à aggraver la situation, comme un chien qui tourne en rond en courant après sa propre queue. L’armée algérienne, qui recèle des compétences avérées, mais silencieuses, se dirige droit vers le néant. Cette armée, qui a perdu toute crédibilité auprès du peuple, pense qu’en gardant les armes et les richesses qu’elle gère sans un regard du citoyen, pourra maintenir la paix. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est que le peuple est à bout de patience. La population voit clair dans le jeu pervers de ce régime militaire qui la vole et la trompe, tout en la privant de sa liberté. Ce régime siphonne les richesses du pays en s’appuyant sur une caste à sa solde pour faire taire toute voix discordante, révélant ainsi comment des sommes astronomiques sont détournées et placées chez leurs alliés dans les pays du golfe.

Une démocratie relative ! Rien que cela ! les ténors périmés du régime continuent sont ressuscités et vont ouvertement revendiquer une prétendue supercherie à l’algérienne, une production locale, disponible sur les étals du marché des dupes ! Mais il ne faut s’attendre à aucun miracle de la part de ces marionnettistes hideux. Un pays qui emprisonne des innocents après des simulacres de procès ne peut offrir le minimum requis d’un État respectable. En réalité, ce n’est tout simplement pas un pays ! Comme si la présente équipe au pouvoir, ou n’importe quelle autre, faisait l’unanimité. Nous sommes face à l’abject, au vil, à l’ignominie, et ce n’est rien de le dire. Depuis 1962, c’est la même rengaine, même après 1988 et la fameuse ouverture politique qui a mené, quelques années plus tard, à des massacres d’une brutalité sans précédent.

Cela prouve que ce sont toujours les mêmes scénaristes, les mêmes réalisateurs, les mêmes acteurs issus des cuisines du système qui concoctent cette mixture dégoûtante. Et le pire, c’est qu’ils ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils produisent. L’incalculable nombre de constitutions que ce malheureux pays a connu en est la preuve éclatante !

Malgré les appels du régime au dialogue, toute véritable initiative doit reposer sur quatre points essentiels – pas plus, pas moins :

  1. Libération immédiate de tous les prisonniers politiques.
  2. Rétablissement total de la liberté d’expression.
  3. Liberté inconditionnelle des activités politiques.
  4. Indépendance totale de la justice.

Sans ces garanties fondamentales, il ne peut y avoir ni sincérité, ni avancée dans le moindre dialogue. Ces exigences non négociables doivent constituer le socle inébranlable de toute discussion future. À défaut, les promesses de réforme du régime ne seront que des paroles creuses, et la patience du peuple, déjà poussée à ses limites, s’épuisera inexorablement.

Khaled Boulaziz