Moncef Marzouki : le dernier des Maghrébins

Moncef Marzouki incarne une figure lumineuse et emblématique, non seulement dans la politique tunisienne, mais également dans l’échiquier maghrébin contemporain. Sa trajectoire, empreinte d’un engagement profond et inébranlable pour les droits de l’homme, résonne comme un fleuve indomptable, traversant les tumultes d’une carrière politique aux accents dramatiques, pour se jeter dans l’océan de l’histoire du Maghreb.

Né un 7 juillet 1945 à Grombalia, il est témoin des bouleversements qui ont sculpté le destin de son pays. Le jeune Marzouki, doué d’une curiosité intellectuelle insatiable, forge d’abord ses armes dans les amphithéâtres de la médecine française, brillant et prometteur. Mais la médecine n’était qu’une étape ; un feu plus grand brûlait en lui, celui des libertés humaines, des droits inaliénables. Ainsi, il quitte le sentier balisé de la science pour embrasser celui, plus tortueux, de la lutte politique.

Fervent défenseur des libertés, il prend place dans l’arène en tant que militant des droits de l’homme, portant haut le flambeau des libertés individuelles et collectives, sous le joug impitoyable du régime de Ben Ali. Ses années à la Ligue tunisienne des droits de l’homme marquent les premiers coups d’une lutte acharnée, où chaque parole contre l’oppression se change en acte de bravoure. Persécuté, mais jamais brisé, Marzouki devient le visage de la résilience tunisienne, une voix qui refuse de plier sous le poids de la répression.

Lorsque le vent du changement souffle en 2011, il est porté par l’aspiration d’un peuple en révolution, élu président dans le sillage de la révolution de Jasmin. Marzouki se fait alors l’écho des rêves démocratiques, tentant d’ancrer dans le sol tunisien les piliers d’une République nouvelle, où justice et liberté ne seraient plus des mots vains, mais des réalités palpables. Pourtant, la route de la démocratie est pavée d’embûches, et ses réformes, quoiqu’audacieuses, se heurtent aux réalités du pouvoir. Le triomphe est bref, mais son empreinte indélébile.

L’ombre de la défaite en 2014 ne l’éloigne pas de son combat, ni de la scène internationale où il continue de plaider pour les droits des opprimés, notamment les Palestiniens, se faisant l’écho de ceux que le monde tend à oublier. Cette voix, libre et forte, transcende les frontières de la Tunisie, résonnant dans le concert des nations comme un appel à la justice universelle.

Aujourd’hui, bien qu’il ait quitté la scène politique en 2019, Marzouki demeure cette étoile qui, même retirée du firmament, éclaire encore de sa lueur les débats tunisiens et maghrébins. Dernier des grands du Maghreb, il incarne cet espoir têtu qui résiste, cette volonté des peuples du Grand Maghreb de façonner leur destin malgré les tempêtes. Dans son silence apparent, l’âme de Moncef Marzouki chante encore, tel un écho éternel qui réveille les consciences et appelle à la renaissance.

À l’heure où la Tunisie traverse une période sombre, plongée dans les incertitudes et les défis d’un avenir incertain, Moncef Marzouki, fidèle à lui-même, continue son combat. Avec la même ardeur, il demeure une sentinelle vigilante, veillant sur les aspirations de son peuple, refusant de laisser la flamme de la liberté vaciller. Son engagement, loin de s’éteindre, brille plus fort dans l’obscurité, guidant la Tunisie et le Maghreb vers des horizons où justice, dignité et espoir pourront enfin éclore.

Khaled Boulaziz