L’hindouisme de Modi, l’autre face du sionisme

La civilisation d’un peuple ne se mesure pas à sa capacité à détruire, mais à sa compassion envers tous les êtres.

Mahatma Gandhi, Révolutionnaire hindou

La trajectoire politique tracée par le Premier ministre Narendra Modi représente une divergence marquée par rapport aux principes défendus par les pères fondateurs de l’Inde, notamment Jawaharlal Nehru et Mahatma Gandhi. Son traitement de la minorité musulmane, son soutien fervent à Israël, et son implication récente dans les troubles politiques au Bangladesh ont suscité un débat vigoureux. Une question se pose alors : Modi est-il en train de renier l’héritage de Nehru et Gandhi, qui envisageaient une Inde laïque et inclusive, respectant la souveraineté et les aspirations démocratiques de ses voisins ?

La politique de Modi contre les musulmans

Depuis son accession au pouvoir, M. Modi a été à plusieurs reprises accusé de cultiver une atmosphère d’exclusion et d’animosité à l’égard de la minorité musulmane en Inde. Ce sentiment s’est exprimé à travers diverses politiques et incidents survenus au cours de son administration, que ses détracteurs estiment calculés pour marginaliser la communauté musulmane. La loi d’amendement à la citoyenneté (CAA), adoptée en 2019, qui offre une voie d’accès à la citoyenneté aux réfugiés non musulmans des pays voisins, est perçue par beaucoup comme discriminatoire à l’égard des musulmans. De plus, l’abrogation de l’article 370, qui a supprimé le statut spécial de la région à majorité musulmane du Jammu-et-Cachemire, a été interprétée comme une tentative d’imposer la domination hindoue dans la région.

Le mandat de M. Modi a également coïncidé avec une hausse alarmante de la violence de foule et des lynchages, ciblant principalement les musulmans, souvent sous le prétexte de protéger les vaches—une créature sacrée dans l’hindouisme. La réponse timide du gouvernement à de tels actes odieux a été interprétée par beaucoup comme une approbation tacite, approfondissant ainsi la discorde communautaire. De telles actions sont en net contraste avec la vision inclusive de leaders comme Nehru et Gandhi, qui s’efforçaient de cultiver l’harmonie religieuse et aspiraient à forger une nation où toutes les communautés pourraient coexister en paix.

Soutien à Israël : Un changement dans la politique étrangère de l’Inde

La politique étrangère de Modi révèle également une rupture significative par rapport à la position traditionnelle de l’Inde, en particulier dans ses relations avec Israël. Historiquement, sous la direction de Nehru et Gandhi, l’Inde a maintenu une position résolument pro-palestinienne, ancrée dans la solidarité anti-coloniale—un reflet de la propre lutte de l’Inde pour l’indépendance. Cependant, à l’ère de Modi, l’Inde a considérablement renforcé ses liens avec Israël, comme en témoigne la coopération croissante en matière de défense et la visite historique de Modi en Israël en 2017, marquant la première visite d’un Premier ministre indien dans ce pays.

Ce changement est perçu par beaucoup comme une répudiation du soutien de longue date de l’Inde à la cause palestinienne, qui fut autrefois un élément central de sa politique étrangère. Les critiques soutiennent que l’étreinte chaleureuse de Modi envers Israël, en particulier sous un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu, trahit un alignement avec la politique de droite et un mépris pour les principes de justice et d’égalité—principes qui étaient au cœur de la vision de Gandhi et Nehru. Le renforcement des relations avec Israël a également aliéné des segments de la population musulmane de l’Inde et d’autres qui perçoivent cela comme une approbation tacite des politiques controversées d’Israël à l’égard des Palestiniens.

Ingérence au Bangladesh : Compromettre la souveraineté et la démocratie

L’implication récente de Modi dans les troubles politiques du Bangladesh constitue un autre exemple de son éloignement des principes de Nehru et Gandhi. Selon des rapports, le gouvernement indien a exercé une pression considérable sur les États-Unis pour atténuer leurs critiques à l’égard de Sheikh Hasina, alors Première ministre du Bangladesh, accusée d’autoritarisme, y compris l’emprisonnement d’adversaires politiques et la subversion des institutions démocratiques. Cette intervention de l’Inde était apparemment motivée par la crainte qu’une victoire de l’opposition au Bangladesh ne favorise l’émergence de factions islamistes pouvant potentiellement menacer la sécurité de l’Inde.

Cette ingérence dans les affaires intérieures du Bangladesh a été largement critiquée comme une tentative de soutenir un régime despotique pour servir les intérêts stratégiques de l’Inde, plutôt que de défendre les aspirations démocratiques du peuple bangladais. Les actions du gouvernement Modi ont suscité un sentiment anti-indien au Bangladesh, rappelant les relations tendues qui caractérisaient les interactions de l’Inde avec ses voisins à l’époque coloniale. La chute éventuelle du gouvernement de Sheikh Hasina souligne les périls inhérents à de telles interventions et soulève de sérieuses questions quant à l’engagement de l’Inde à promouvoir la gouvernance démocratique dans sa région.

Cette intervention contraste vivement avec l’héritage de Nehru, qui était un fervent défenseur de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres nations et qui croyait en l’établissement de relations amicales fondées sur le respect mutuel et la souveraineté. Gandhi, de même, aurait probablement désapprouvé le soutien accordé à un gouvernement qui réprimait les droits démocratiques de son peuple.

Une trahison de l’héritage de Nehru et Gandhi

Le contraste avec l’héritage de Nehru et Gandhi ne pourrait être plus marqué. Nehru, premier Premier ministre de l’Inde, a posé les bases d’un État-nation laïque, où toutes les religions seraient traitées avec un égard égal. Ses politiques visaient à tisser les diverses communautés de l’Inde en un seul tissu national cohérent, en veillant à ce qu’aucune communauté ne se sente marginalisée. La philosophie de non-violence de Gandhi et son plaidoyer incessant pour l’unité hindou-musulmane ont été instrumentaux dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde et la création subséquente de la République.

À l’inverse, l’approche de Modi est perçue comme étant divisive, favorisant la majorité hindoue au détriment des minorités, en particulier des musulmans. Sa politique étrangère, en particulier son soutien à Israël et son ingérence au Bangladesh, est considérée comme un éloignement de la position historique de l’Inde sur la justice mondiale, l’égalité et le respect de la souveraineté des nations.

Conclusion

Les politiques de Modi à l’égard des musulmans, son soutien à Israël et son implication dans la crise politique au Bangladesh représentent un profond éloignement de la vision inclusive, laïque et non-interventionniste de l’Inde, défendue par Nehru et Gandhi. Ces actions ont suscité un débat important, beaucoup soutenant que Modi trahit l’héritage que les pères fondateurs de l’Inde ont travaillé si ardemment à établir. Alors que l’Inde navigue à travers les complexités de son tissu social et de son rôle sur la scène mondiale, la question cruciale demeure de savoir si elle adhérera aux valeurs d’unité, d’inclusivité et de respect de la souveraineté ; qui étaient centrales à sa fondation, ou si elle continuera sur une voie marquée par la division, l’exclusion et l’ingérence régionale.

Khaled Boulaziz