L’Islam est un arbre vivant qui doit toujours rester vert et en pleine croissance. Mais certains veulent le transformer en un morceau de bois sec, immobile, sans âme.
Ali Shariati, Intellectuel Perse
Dans le monde islamique contemporain, un profond sentiment d’épuisement et de désillusion s’est enraciné. Ce ne sont pas seulement les épreuves et les tribulations des adversaires externes qui nous ont usés, mais aussi les luttes internes perpétuées par ceux qui prétendent être les protecteurs de notre foi. Ces soi-disant sauveurs—qu’ils défilent sous la bannière de la pureté doctrinale ou qu’ils affichent leur prétendue allégeance à des figures historiques vénérées—n’ont fait que fracturer notre paysage spirituel autrefois unifié. Le résultat ? Une communauté divisée, une foi déformée et une région en proie à la tourmente.
Parlons sans détour et sans équivoque : nous sommes fatigués. Fatigués des voix qui insistent sur le fait qu’elles seules détiennent la clé de la véritable compréhension islamique, et fatigués de ceux qui, avec une arrogance égale, se déclarent les seuls héritiers légitimes de l’héritage d’Al-Hussein. Ces factions, toutes deux enveloppées dans la suffisance de leur prétendue supériorité morale et doctrinale, n’ont pas rapproché les croyants de Dieu ni les uns des autres. Au contraire, elles ont alourdi le fardeau de la nation et sapé les fondations mêmes de l’Islam.
L’illusion de la pureté doctrinale
D’un côté, nous avons ceux qui s’alignent avec le wahhabisme, un mouvement qui prétend être le gardien ultime de l’orthodoxie islamique. Depuis des décennies, ce groupe a propagé l’idée qu’il détient seul la vérité immaculée de l’Islam, rejetant des siècles de pensée islamique diverse comme des déviations du vrai chemin. Cependant, ce qui est de plus en plus évident, c’est que leur soi-disant pureté n’est qu’une façade, masquant une alliance profondément ancrée avec des forces qui sont tout sauf islamiques. Ceux qui se prétendent gardiens de l’honneur doctrinal, qui se présentent comme l’avant-garde du véritable Islam, se sont en fait révélés être des complices au service d’intérêts étrangers qui ont historiquement opposé l’essence même de notre foi. Ces individus, qui agissent prétendument au nom de la pureté islamique, se sont avérés n’être rien de plus que des pions aux mains de ceux qui cherchent à diviser et à conquérir le monde musulman.
Les Juifs de Diriyah, alliés historiques de ces puristes, les ont utilisés pour semer la discorde et fragmenter la communauté islamique de l’intérieur. Au lieu de favoriser l’unité et la compréhension, les wahhabites ont aliéné d’autres musulmans, les étiquetant comme hérétiques et ennemis. Cette division n’a pas seulement affaibli l’Oumma musulmane, elle a également joué directement entre les mains de ceux qui souhaitent voir l’Islam affaibli et marginalisé. La revendication de pureté doctrinale s’est avérée être rien de plus qu’un outil de pouvoir et de contrôle, plutôt qu’un effort sincère pour guider les fidèles.
Le mythe de l’allégeance à Al-Hussein
De l’autre côté de ce fossé tragique se trouvent les Rafidah, qui prétendent avoir une connexion exclusive et presque propriétaire avec Al-Hussein, le petit-fils bien-aimé du Prophète Muhammad (PSL). Ils se présentent comme les véritables défenseurs de son héritage, jetant l’opprobre sur ceux qui ne partagent pas leurs interprétations et pratiques particulières. Pourtant, tout comme leurs homologues doctrinaires, leur rhétorique et leurs actions les trahissent. Leur prétendue allégeance à Al-Hussein s’est révélée être un prétexte pour servir des intérêts externes—en l’occurrence, les Juifs d’Ispahan. L’ironie est palpable : ceux qui prétendent défendre l’honneur de l’une des figures les plus chères de l’Islam sont en fait complices des plans de ceux qui ont historiquement été hostiles à l’Islam.
Cette allégeance, au lieu de faire progresser la justice et l’unité, a plutôt approfondi les divisions au sein du monde musulman. La région est devenue un champ de bataille, non pas pour les principes de justice et de droiture qu’Al-Hussein défendait, mais pour les ambitions géopolitiques de puissances étrangères. Dans leur zèle à défendre leur interprétation de l’Islam, les Rafidah ont tourné le dos à la communauté musulmane plus large, créant ainsi de nouvelles fractures et affaiblissant la force collective de l’Oumma.
Les conséquences de la discorde interne
Entre ces deux factions—l’une prétendant défendre la pureté de la foi, l’autre professant sa loyauté envers une figure vénérée—se trouve un paysage dévasté. Le monde musulman, autrefois phare de la connaissance, de la culture et de l’illumination spirituelle, est aujourd’hui une région en proie aux conflits, à la pauvreté et au désespoir. Les serviteurs de Diriyah et d’Ispahan, dans leur quête de domination, ont déchaîné une vague de barbarie qui a écrasé des communautés entières et déstabilisé des nations. Ce qui était autrefois une civilisation islamique vibrante, diverse et résiliente est maintenant une région fragmentée et déchirée par la guerre, où règnent la violence et l’exploitation.
Sion, l’incarnation même de ce que ces factions prétendent s’opposer, a pris le pouvoir au cœur du monde islamique. C’est le scandale ultime, une honte qui restera gravée dans les annales de l’histoire. Les forces mêmes qui étaient censées protéger et élever la communauté musulmane ont plutôt facilité l’ascension de leur adversaire le plus redoutable. La fragmentation causée par ces disputes internes a permis aux puissances extérieures d’exploiter le monde musulman, établissant des bases militaires et étendant leur influence à travers toute la région.
La tente universelle de l’Islam
L’Islam était censé être une tente universelle, un sanctuaire pour tous ceux qui cherchent la paix, la justice et l’accomplissement spirituel. Pourtant, ces factions ont déchiré cette tente sacrée, chacun revendiquant leur fragment comme étant l’ensemble. Dans leur arrogance et leur vision à court terme, ils ont échoué à voir l’essentiel—la nécessité de l’unité, de la compassion et du respect mutuel au sein de la communauté musulmane. Le résultat est une carte trempée de sang, avec la souffrance de Gaza et de la région dans son ensemble comme conséquence directe de leurs actions.
Il est temps de confronter ces faux sauveurs et de récupérer la véritable essence de l’Islam—une foi qui unit plutôt que de diviser, qui construit plutôt que de détruire. À ceux qui ont volé une partie de la tente sacrée de l’Islam, nous disons : Rendez ce que vous avez pris. Quittez nos rangs. Nous en avons fini avec vos revendications creuses et vos actions destructrices. Cela suffit. L’avenir du monde musulman dépend de notre capacité à dépasser ces forces de division et à travailler ensemble pour le bien commun. Ce n’est qu’alors que nous pourrons espérer restaurer la dignité, la paix et la force qui définissaient autrefois la civilisation islamique.
Khaled Boulaziz