Trahison à Téhéran : La mort d’Ismail Haniyeh et le tournant sombre de l’alliance irano-palestinienne

Votre invité, sur votre territoire et sous votre protection, est tué juste après la cérémonie d’investiture de votre président. Cela rappelle les événements douloureux de la grande discorde où vos ancêtres ont commandé et exécuté l’assassinat d’Ali et de son fils Al-Hussein. La perfidie chiite, un couteau à jamais inséré dans le dos du monde musulman.

La toile complexe des relations entre l’Iran et la Palestine a longtemps été marquée par un soutien mutuel et une opposition partagée aux politiques israéliennes. Ce lien, cependant, a pris un tournant mortel avec l’assassinat récent d’Ismail Haniyeh lors de sa visite à Téhéran, un événement qui a provoqué des secousses dans la région.

Le contexte des relations irano-palestiniennes

L’Iran et la Palestine partagent une alliance stratégique, notamment par le soutien du pouvoir à Téhéran au Hamas, l’organisation militante palestinienne. Cette relation est fondée sur une cause commune : la résistance contre Israël. Les mollahs fournissent au Hamas un soutien financier, militaire et logistique, renforçant ainsi sa capacité à résister aux actions israéliennes dans la bande de Gaza.

Ces dernières années, Ismail Haniyeh, le leader le plus éminent du Hamas, a été un visiteur régulier à Téhéran, participant à des discussions de haut niveau visant à renforcer cette alliance. Ses visites soulignaient les liens profonds entre le Hamas et le régime iranien, qui voit dans le soutien à la cause palestinienne un pilier central de sa politique étrangère.

L’assassinat d’Ismail Haniyeh

La dernière visite de Haniyeh à Téhéran devait être une continuation de ces efforts lors de l’investiture du nouveau président iranien. Cependant, elle s’est terminée tragiquement lorsqu’il a été assassiné au cœur de la capitale iranienne. Cet incident choquant a soulevé de nombreuses questions et mis en lumière l’instabilité persistante dans la région.

Une époque traîtresse

La mort d’Ismail Haniyeh souligne un récit plus large de trahison qui semble imprégner la région. Il n’y aurait pas eu d’Ismail Haniyeh sans de telles morts, chacune orchestrée par une main traîtresse en une époque remplie de traîtrise. Son assassinat à Téhéran, une ville qui aurait dû lui offrir un refuge, soulève des questions profondes sur la sécurité et la souveraineté du pays.

Le régime des mollahs à Téhéran connaît très bien ses limites, imposées tacitement par les américains et s’y conforme, avec une marge d’évasion et des transgressions tactiques auxquelles les U.S ferment les yeux ou qu’ils s’empressent de contenir à leur manière s’ils sentent des signes de danger, même minimes. Le contexte des événements du 7 octobre et ce qui a suivi, ainsi que l’investissement politique et médiatique de la part du régime iranien, suggèrent que le crash de l’hélicoptère de l’ancien président iranien et sa mort avec son ministre des Affaires étrangères était un assassinat en plein jour. Les mollahs ont vite compris le message et se sont empressés de faire élire un président modéré, qui s’engagera à faciliter leur recul et le désengagement progressif dans leur support des événements du 7 octobre.

Les messages continus que ce régime sait bien lire ont culminé avec l’assassinat public du leader palestinien Haniyeh, que l’entité sioniste avait déjà annoncé qu’elle ciblerait avec toute la direction du responsable du 7 octobre.

Questions critiques

La question qui s’impose : pourquoi Téhéran a-t-il insisté pour convoquer Haniyeh, dont le départ de Doha menaçait sérieusement sa vie au point qu’il était dans une situation semblable à une assignation à résidence (pour des raisons de sécurité) ? Quel système de sécurité infiltré comme celui-ci permet à ceux qui ont perpétré l’assassinat de Haniyeh de l’atteindre avec facilité et précision au cœur d’une zone fortifiée dans la capitale de ce qu’on appelle faussement l’Alliance de la Résistance ? Ensuite, l’assassinat de Haniyeh au cœur de Téhéran n’est-il pas similaire à l’assassinat d’Al-Arouri au cœur de la banlieue sud de Beyrouth ? Atteindre Haniyeh et Al-Arouri ne signifie-t-il pas atteindre Khamenei, Nasrallah, Al-Houthi et tous les responsables des Forces de Mobilisation Populaire ? Mais la question dépend de leur obéissance et de leur complicité pour préserver leurs têtes et perpétuer leur règne.

L’échec de la protection

L’assassinat met également en lumière un échec significatif de la sécurité iranienne. Ils n’ont pas pu protéger Soleimani, l’une de leurs figures militaires les plus vénérées, et aujourd’hui ils ont échoué à protéger Haniyeh. Comment une figure d’une telle envergure peut-elle être assassinée au milieu d’une capitale qui revendique le pouvoir ? Cet échec est flagrant, en particulier compte tenu des mesures de sécurité strictes qui accompagnent généralement la présence de personnalités de haut profil lors des cérémonies d’investiture présidentielle.

Conclusion

La mort d’Ismail Haniyeh marque un moment significatif dans les relations irano-palestiniennes, reflétant le cycle continu de violence et de rétribution qui définit la région. Elle met également en lumière les vulnérabilités au sein de l’appareil de sécurité des nations qui se considèrent comme des bastions de la résistance. Alors que la région fait face à ce nouvel acte de violence, l’héritage de leaders comme Haniyeh continuera de façonner la dynamique de la géopolitique au Moyen-Orient.

Mais ce qu’il faut dire aussi que s’il n’y avait pas eu l’assassinat d’Ahmed Yassin, nous n’aurions pas vu l’ascension de leaders comme Ismail Haniyeh. De même, le meurtre de Salah Shehadeh a fait émerger des figures comme Muhammad al-Deif, et l’assassinat de Rantissi a ouvert la voie à Yahya Sinwar. Ces événements rappellent de manière frappante la nature cyclique du leadership au sein du Hamas, alimentée par la menace constante de meurtres ciblés par Israël.

N’est-il pas temps aussi pour les Palestiniens et les autres de revoir leur comprissions avec l’axe, ennemi des sunnites de comprendre ses visées à long terme et de s’en séparer, lui retirant ainsi la mainmise sur la cause palestinienne, une cause dans le cœur de plus de deux milliards de musulmans ?

Que Dieu accorde sa clémence à d’Ismail Haniyeh et qu’il bénit ses proches de sa patience et de sa résilience.

Khaled Boulaziz