Lutte contre les pouvoirs occultes et promotion de la vérité en Algérie : Une analyse critique

Il n’est jamais question de faire taire celui qui dit la vérité parce qu’il dit la vérité, il n’est jamais question de censurer, de poursuivre ou d’assassiner un homme parce qu’il dit vrai, mais parce que ce qu’il dit remet en cause les fondements de l’autorité.

Michel Foucault – Philosophe Français – (1926 – 1984)

La tâche du penseur critique consiste à dénoncer les relations de pouvoirs occultes, provoquer des résistances, permettre aux voix trop souvent étouffées de s’exprimer, produire des savoirs vrais pour s’opposer aux gouvernementalités dominantes, défier nos libertés et nos possibilités d’action, et faire surgir l’historicité de nos systèmes de savoir, de pouvoir et de subjectivation.

Ce rôle se révèle particulièrement pertinent dans le contexte algérien, marqué par une histoire complexe de colonisation, de guerre d’indépendance, et de défis politiques post-indépendance.

1. Dénonciation des pouvoirs occultes

En Algérie, les relations de pouvoir sont souvent opaques et dominées par une élite politique et militaire dont l’influence sur la société est significative. Cette élite, héritière des structures post-coloniales et des dynamiques internes de la révolution, maintient une emprise sur les institutions et les ressources nationales. Dénoncer ces relations de pouvoir occultes est essentiel pour promouvoir la transparence et la justice. Les scandales de corruption, fréquents et largement documentés, illustrent la nécessité d’un tel exercice de dévoilement pour permettre une véritable transformation sociale.

2. Provocation des résistances

La résistance en Algérie trouve ses racines dans les mouvements populaires tels que le Hirak, qui a mobilisé des millions de citoyens pour demander des réformes démocratiques et une fin à la corruption systémique. Provoquer des résistances implique de soutenir ces mouvements et de renforcer leur capacité à défier l’autorité établie. Cette approche souligne l’importance de ces résistances comme moteurs de changement social, en opposant les forces de la vérité à celles du pouvoir établi.

3. Expression des voix étouffées

Permettre aux voix étouffées de s’exprimer est crucial dans le contexte algérien. Les militants des droits de l’homme, les journalistes indépendants et les intellectuels critiques jouent un rôle fondamental dans ce processus. La promotion de la liberté d’expression et de la presse, malgré les risques de répression, est essentielle pour ouvrir des espaces de dialogue et de contestation.

4. Production de savoirs vrais

La production de savoirs vrais est une démarche qui vise à opposer aux récits officiels des perspectives critiques et alternatives. En Algérie, cela nécessite une réévaluation des discours historiques et contemporains imposés par le pouvoir. Les chercheurs et historiens doivent documenter les abus et proposer des lectures nouvelles des événements passés et présents, contribuant ainsi à une compréhension plus nuancée et juste de la réalité sociale et politique.

5. Défi des libertés et possibilités d’action

Défier les libertés et les possibilités d’action en Algérie passe par la contestation des lois restrictives et des pratiques autoritaires. Il s’agit de promouvoir une culture de participation citoyenne active et de plaider pour des réformes législatives qui protègent les droits individuels et collectifs. Ce défi est au cœur de la lutte pour une société démocratique et inclusive.

6. Historicité des systèmes de savoir, de pouvoir et de subjectivation

Faire surgir l’historicité des systèmes de savoir, de pouvoir et de subjectivation est une tâche cruciale pour comprendre les dynamiques actuelles et futures de la société algérienne. Il est essentiel de revisiter l’histoire nationale avec une perspective critique, reconnaissant les contributions et les luttes de divers groupes sociaux, ethniques et politiques. Cette démarche permet de mieux appréhender les défis contemporains et de concevoir des solutions ancrées dans une compréhension historique profonde.

7. Refus de la fatalité et promotion du changement

Montrer que rien en nous n’est fatalité est particulièrement pertinent en Algérie, où des décennies de violence et de répression ont souvent conduit à un sentiment de résignation. Cette perspective insiste sur la capacité de transformation et de résilience des individus et des sociétés. En Algérie, cette approche encourage une réappropriation du pouvoir par le peuple et la construction d’un avenir fondé sur la liberté et la dignité humaine.

Conclusion

En définitive, la tâche du penseur critique trouve une application particulièrement pertinente dans le contexte algérien. La dénonciation des pouvoirs occultes, la provocation des résistances, l’expression des voix étouffées, la production de savoirs vrais, le défi des libertés et des possibilités d’action, la mise en lumière de l’historicité des systèmes de savoir, de pouvoir et de subjectivation, et le refus de la fatalité sont autant de démarches nécessaires pour transformer la société algérienne et promouvoir un avenir plus juste et équitable. En s’inspirant de ces principes, les Algériens peuvent s’engager dans une démarche de changement profond et durable, affirmant leur liberté et leur dignité face aux défis contemporains.

Khaled Boulaziz