La démocratie seule est salutaire. Elle ne signifie pas l’anarchie. Elle ne signifie pas un pouvoir faible. Elle signifie : le gouvernement du peuple par le peuple. Elle signifie un État hiérarchisé. Une Solide constitution doit donner la parole au peuple. Elle doit permettre la libre discussion. Cette libre discussion, loin de nuire à la discipline nationale, permettra de révéler des cadres valables et enrichira les institutions de l’État. Un État confisqué est un État mort-né.
Ferhat Abbas — homme d’État algérien – (1899-1985)
Introduction
L’éthéré concept de la semblance se révèle tel un labyrinthe de miroirs déformants, où les structures et institutions, semblables à des phantasmes insaisissables, se parent de l’apparat de l’authenticité tout en étant désespérément vides de substance. En Algérie, cette illusion se manifeste par une ostentation vivace. Les façades des édifices politiques, économiques et sociaux se dressent comme des monuments d’une grandeur creuse, rappelant les illusions baroques des palais de verre et de marbre, dont la splendeur est illusoire et superficielle.
La pseudo-démocratie en Algérie
Au cœur de cette tapisserie ornementale se trouve la démocratie algérienne, une construction architectonique d’une complexité apocryphe. Les processus électoraux, rituellement orchestrés avec une pompe presque liturgique, proclament une souveraineté populaire qui, à la lumière crue de la vérité, se révèle être une chimère. Le président, élu dans un simulacre d’engagement populaire, incarne un pouvoir dénué de légitimité substantielle et de charisme véritable. Il n’est que le simulacre d’un gouvernement populiste, dépourvu de raison et de sagesse, un pantin articulé par des fils invisibles. Le Parlement, bastion de la corruption et de la prédation des richesses nationales, devient le théâtre d’une farce sinistre où les masques de la légitimité dissimulent à peine la réalité sordide de l’oppression et de la malversation.
La pseudo-citoyenneté
La notion de citoyenneté, telle qu’elle est pratiquée en Algérie, est une autre scène de ce grand théâtre de la vanité. Les citoyens, théoriquement investis de droits et de responsabilités, sont en pratique réduits à des rôles de figurants dans une mise en scène grotesque. La ruse et l’escroquerie deviennent des normes sociales. Par exemple, quelqu’un vend à son frère un mouton à un prix exorbitant pendant une fête sacrée, ou une vieille voiture à un coût déraisonnable. Cela montre comment certains exploitent sans vergogne les besoins et les rituels religieux de leurs compatriotes. Cette exploitation manifeste une pseudo-citoyenneté dans laquelle les obligations civiques et morales sont subordonnées à des gains personnels immédiats, transformant les citoyens en acteurs d’une comédie humaine cruelle et cynique.
Les pseudo-institutions économiques
Les institutions économiques de l’Algérie, du monde agricole à l’industrie, fonctionnent sur des bases similaires de duplicité ornementale. Le pseudo-agriculteur, tel un personnage d’un drame pastoral, élève ses animaux sans se soucier des régulations, échappant à l’impôt tout en clamant son droit à un soutien étatique qu’il n’a jamais mérité. Ses produits, vendus à des prix exorbitants, sont le fruit d’une économie de la prétention, où la productivité et le succès ne sont que des apparences superficielles masquant une réalité de stagnation et d’inefficacité.
Les pseudo-équipes de football et le pseudo-sport
Le sport, et plus particulièrement le football, offre une scène riche de cette dramaturgie de la semblance. Les équipes de football algériennes, jouant dans des championnats de qualité douteuse, incarnent la décadence d’un spectacle sportif devenu simulacre. Les supporters, frustrés par des résultats médiocres, s’adonnent à la destruction des stades et au vandalisme, tandis que les joueurs, pareils à des acteurs surpayés, négligent l’entraînement et le sérieux, trahissant ainsi les sommes astronomiques investies en eux. Cette parodie sportive reflète une culture où les apparences de compétition et de succès supplantent l’engagement et la compétence authentique.
Les pseudo-élites culturelles
Dans le domaine culturel, l’Algérie est envahie par des pseudo-stars, des pseudo-influenceurs, des pseudo-artistes et chanteurs, qui, tels des personnages baroques, occupent la scène publique avec une grandiloquence vide. Ces figures, promues par des médias complices, manquent de talent et d’authenticité, mais parviennent néanmoins à captiver l’attention collective, renforçant l’idée que nous vivons dans un pseudo-pays où les apparences dominent sans partage.
Les pseudo-leaders religieux et médiatiques
Les pseudo-imams et pseudo-journalistes, manipulateurs de la foi et de l’opinion publique, ajoutent une couche supplémentaire à ce tableau baroque de la déception. Les imams, utilisant la religion comme un outil de gain personnel, et les journalistes, qui jugent les innocents et honorent les traîtres, manipulent les croyances et les perceptions du public pour servir les intérêts des élites. Ces figures, en trahissant leurs mandats sacrés, participent à la perpétuation d’une illusion de moralité et de justice, devenant ainsi les gardiens d’une fausse réalité.
Conclusion
Le concept de la semblance, appliqué à l’Algérie, dévoile une crise profonde de légitimité et de fonction au sein des institutions et de la citoyenneté. Les structures politiques, économiques et sociales, parées de l’apparence de la modernité et du progrès, ne sont en réalité que des façades dans un théâtre de l’illusion. Toutefois, il demeure un espoir, celui de la capacité des individus et des communautés à percer ces illusions et à rechercher des formes authentiques de démocratie, de citoyenneté et de productivité.
La vérité, telle une lumière perçant les ténèbres, finit toujours par émerger, offrant ainsi la possibilité d’une transformation véritable et durable, où les illusions baroques cèdent la place à une réalité substantielle et éclairée. Derrière cette grande mascarade, les marionnettistes de cette situation d’illusion ne sont autres que les élites pensantes de la caste militariste, orchestrant dans l’ombre le maintien de ce grand théâtre de la semblance.
Khaled Boulaziz