Hier a marqué la clôture de la période de dépôt des candidatures pour les élections présidentielles en Algérie, au milieu de vives critiques concernant les difficultés à recueillir les signatures requises (50 000 signatures individuelles ou 600 signatures d’élus). L’Autorité Nationale Indépendante des Élections a été accusée d' »échec total » dans la gestion de ce processus, notamment par le Parti des Travailleurs dirigé par Louisa Hanoune.
Beaucoup en Algérie pensent que ces élections n’apporteront pas de changements significatifs. La programmation de la campagne à la mi-août, une période de chaleur intense, suggère un résultat prédéterminé en faveur du Président Abdelmadjid Tebboune, qui a déposé sa candidature cette semaine.
Les observateurs étrangers soutiennent que le résultat a été décidé le 27 juin, jour de l’annonce d’un décret présidentiel permettant la militarisation de toutes les institutions en Algérie. Ce décret permet aux officiers, majors et officiers supérieurs d’occuper des postes de haut niveau dans divers secteurs stratégiques ; y compris les transports, les aéroports, les ports, l’eau et l’électricité, les institutions de gestion, les entreprises de production, les télécommunications, les entrepôts de céréales et de légumes, les biens de consommation essentiels, la santé et l’administration. Ce décret est perçu comme un reflet d’un accord entre la caste militariste et le Président Tebboune pour diriger la prochaine phase.
Ces interprétations suggèrent une continuité en Algérie, visant à résoudre les tensions internes et à organiser le cercle dirigeant. Le décret de militarisation des institutions stratégiques signale deux points clés : la résolution de la direction présidentielle et le rôle de l’armée dans la gestion des secteurs posant des défis importants à la stabilité. Cet arrangement vise à maintenir la vitalité de ces secteurs et à répondre aux défis qui ont émergé lors du premier mandat de Tebboune.
Bien que cette focalisation interne clarifie la gouvernance en Algérie dans la seule perspective de la caste militaire, ayant négligée largement le peuple, elle fit la sourde oreille aux défis externes et aux transformations dans l’environnement régional et international du pays. De nombreux obstacles rencontrés lors du mandat précédent de Tebboune proviennent d’échecs en matière de politique étrangère et d’instabilité, incapables de s’adapter aux changements internationaux et régionaux. Cela inclut des revers dans les relations avec l’Union Européenne et les BRICS, les pays du Sahel, les tensions régionales avec le Maroc et la gestion des relations avec l’allié traditionnel Moscou, qui est entré dans la région du Sahel indépendamment de l’Algérie.
La principale préoccupation du cercle dirigeant est de prévenir les troubles sociaux à venir. Cela est encore plus évident par la valse des gouvernements qui se succèdent sans résultats tangibles. Une question centrale avec la réélection de Tebboune est sa capacité à améliorer la politique étrangère algérienne dans un environnement tendu. Lors de son premier mandat, l’Algérie a fait face à des tensions avec l’Espagne, conduisant à l’arrêt du commerce extérieur avec Madrid, et n’a pas réussi à tirer parti des relations tendues entre la France et le Maroc.
Concernant les États-Unis, l’Algérie n’a pas pu tirer parti des politiques démocrates et fait maintenant face à des défis si les républicains, dirigés par Donald Trump, reviennent au pouvoir. Dans le Sahel, les pays forment une force régionale, isolant l’Algérie et s’alignant sur l’initiative atlantique marocaine, indiquant une expansion potentielle de la Russie en Afrique sans la participation de l’Algérie.
De plus, les difficultés politiques et économiques en Tunisie, l’échec de l’initiative de l’Union du Maghreb de l’Algérie en raison de l’obstruction de la Mauritanie et de l’hésitation de la Libye, mettent en évidence les insuffisances dans l’abordage de ces transformations et des échecs de la politique étrangère. Cela soulève des questions sur les nouvelles propositions que le Président Tebboune peut offrir pour relever ces défis.
Le cercle dirigeant se concentre principalement sur la prévention des troubles sociaux, en particulier concernant la sécurité alimentaire et hydrique. L’arrangement entre le Président Tebboune et l’établissement militaire révèle ce défi, indiquant le manque de confiance de l’armée dans la capacité de Tebboune à y faire face seul. Ainsi, ils exploitent ses dispositions populistes tandis que l’armée gère les menaces potentielles. Quant à la politique étrangère, elle semble suivre une approche réactive : laissons faire, et nous nous en occuperons lorsque cela se produira.
Khaled Boulaziz