Du socialisme au libéralisme, razzia de la Camarilla Algérienne sur l’économie

Notre Algérie va échouer entre les mains des colonels, autant dire des analphabètes. J’ai observé, chez le plus grand nombre d’entre eux, une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d’être des Sultans au pouvoir absolu.

Colonel Lotfi, Révolutionnaire Algérien

L’Algérie a une histoire économique riche et tumultueuse marquée par diverses approches de gouvernance et de gestion économique. L’une des phases les plus remarquables a été sous la direction de Houari Boumediene, dont l’approche économique mettait l’accent sur le contrôle de l’État et les politiques socialistes. Boumediene a mis en œuvre un modèle économique socialiste visant à réduire la dépendance étrangère, à atteindre l’autosuffisance économique et à redistribuer la richesse. Cette stratégie comprenait la nationalisation des industries clés, notamment le pétrole et le gaz, la planification économique centralisée, les réformes agraires et des investissements importants dans des programmes sociaux tels que l’éducation, la santé et le logement.

Malgré ses objectifs ambitieux, l’approche de Boumediene a rencontré des défis significatifs et n’a finalement pas réussi comme prévu. Les politiques socialistes ont été mises en œuvre sans consultation large ou processus démocratique, amenant de nombreux citoyens à se sentir exclus des prises de décisions, ce qui a entraîné un manque de soutien populaire. La nature centralisée du gouvernement de Boumediene a étouffé le débat public et l’échange d’idées, éléments cruciaux pour la réussite de la mise en œuvre de réformes économiques majeures. De plus, sans soutien et participation de la base, bon nombre de politiques n’ont pas trouvé d’écho dans les réalités quotidiennes et les besoins de l’Algérien moyen, entraînant résistance et apathie. Les inefficacités bureaucratiques et la corruption au sein de l’appareil d’État ont encore plus miné l’efficacité des politiques socialistes.

Ces dernières années, l’élite militaire algérienne a orchestré un départ de la démarche Boumediene de longue date vers un modèle économique plus libéral. Ce passage au libéralisme est présenté comme un moyen de moderniser l’économie, d’attirer les investissements étrangers et de stimuler la croissance par des réformes axées sur le marché. Cependant, les véritables motivations derrière cette transition sont bien plus complexes et enracinées dans des décennies de corruption systémique. La caste militaire, qui a exercé un pouvoir et une influence considérables en Algérie, a longtemps été impliquée dans une corruption et des pots-de-vin étendus. Pendant des décennies, les membres de ce groupe d’élite, ainsi que leurs associés, ont amassé une richesse considérable par des moyens illicites. Ce cercle intime, souvent appelé la camarilla algérienne, opère dans les coulisses, exerçant une influence et un contrôle significatifs sur les décisions politiques et économiques. Leur nature secrète et leur autorité informelle leur ont permis de manipuler les politiques à leur avantage, garantissant que leur richesse et leur pouvoir restent incontestés.

Le passage à un modèle économique libéral est perçu comme une stratégie pour légitimer leur richesse et l’intégrer ouvertement dans l’économie formelle. En adoptant le libéralisme, l’élite militaire vise à investir ses gains mal acquis de manière plus transparente, tout en maintenant son contrôle sur le paysage économique du pays. L’influence des intérêts étrangers dans ce nouveau modèle économique ne peut être sous-estimée. La libéralisation de l’économie algérienne a ouvert la porte à une augmentation des investissements étrangers, souvent au détriment de la souveraineté nationale et des entreprises locales. Bien que cet afflux de capitaux puisse potentiellement stimuler la croissance économique, il risque également d’approfondir les inégalités existantes et de perpétuer la domination de l’élite militaire. Pour la population générale, les promesses du libéralisme peuvent rester non tenues, car les bénéfices des réformes économiques sont inégalement répartis.

En préalable, le droit à la parole et à l’exercice de l’activité politique doit être le seul moyen pour rétablir une situation de non-droit qui a trop duré. Alors que l’Algérie navigue sur ce nouveau chemin économique, le besoin de transparence, de responsabilité et de développement équitable devient de plus en plus critique. Cela ne se produira que si le pouvoir du peuple prend le dessus.

Khaled Boulaziz