La desquamation de l’État Algérien

En Algérie, les génies ne brillent pas, ils brûlent. Lorsqu’ils échappent à l’autodafé, ils finissent sur le bûcher.

Yasmina Khadra – Artiste, écrivain

L’Algérie, autrefois symbole de la lutte pour l’indépendance et la souveraineté nationale, est aujourd’hui confrontée à une crise profonde. Cette crise est marquée par une délinquance institutionnelle qui touche plusieurs aspects de la gouvernance et de la vie publique. Cet article explore les divers aspects de cette délinquance, en se concentrant sur l’institutionnalisation de l’ignorance et du fainéantisme, la corruption omniprésente, le culte de la personnalité, et la prise de décisions par un groupe restreint au détriment des institutions légitimes et élues.

Institution de l’ignorance et du fainéantisme

L’un des problèmes les plus graves de l’Algérie actuelle est la promotion de l’ignorance et du fainéantisme au sein de l’État. Les postes les plus importants sont souvent occupés par des individus dont la compétence et l’expérience sont discutables. Ce phénomène s’explique par le clientélisme et le népotisme qui gangrènent les institutions publiques. Plutôt que de valoriser le mérite et l’expertise, les nominations se font souvent sur la base des liens personnels et de la loyauté envers les clans au pouvoir. Cette situation conduit à une inefficacité chronique et à une administration incapable de répondre aux besoins de la population.

Institution de la corruption

La corruption est devenue une norme dans presque toutes les institutions algériennes. Des pots-de-vin pour accéder aux services de base à la malversation des fonds publics, la corruption s’infiltre dans tous les niveaux de la société. Les tentatives de réforme et les enquêtes anticorruption sont souvent sabotées par ceux qui en profitent le plus. Ce climat de corruption généralisée mine la confiance des citoyens dans leurs dirigeants et entrave tout développement économique et social durable.

Le culte de la personnalité

En Algérie, le culte de la personnalité est une pratique courante où des dirigeants se présentent comme des figures infaillibles et indispensables. Ce phénomène crée un environnement où la critique et l’opposition sont non seulement découragées mais aussi réprimées. Les médias sont souvent utilisés pour promouvoir l’image des leaders au pouvoir, ce qui limite le débat démocratique et empêche l’émergence de nouvelles idées et de nouveaux leaders. Cette centralisation du pouvoir autour d’individus spécifiques affaiblit les institutions et exacerbe les problèmes de gouvernance.

La prise de décisions par un groupe restreint

Au lieu de permettre à des institutions dûment élues et légitimes de prendre les décisions importantes pour l’avenir du pays, un groupe restreint de personnes contrôle les rênes du pouvoir en Algérie. Ce groupe, souvent issu des cercles militaires et sécuritaires, prend des décisions stratégiques sans consultation ni transparence. Cette concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns crée un système opaque et peu responsable, où les intérêts d’un petit nombre priment sur ceux de la population entière.

Le pouvoir clanique et les divisions internes

Le pouvoir en Algérie est profondément clanique. Les différents clans, souvent issus des mêmes structures militaires ou politiques, se disputent le contrôle des ressources et de l’influence. Ces luttes internes affaiblissent encore plus la stabilité du pays, car elles empêchent toute forme de gouvernance cohérente et efficace. Les divisions au sein des clans conduisent à des alliances instables et à des politiques incohérentes, ce qui empêche toute vision à long terme pour le développement du pays.

Conclusion

La délinquance de l’État algérien actuel se manifeste par une série de pratiques et de structures qui sapent la gouvernance et le développement. L’institutionnalisation de l’ignorance et du fainéantisme, la corruption généralisée, le culte de la personnalité, la prise de décisions par un groupe restreint, et le pouvoir clanique sont autant de facteurs qui entravent le progrès de l’Algérie. Pour sortir de cette impasse, il est essentiel de réformer en profondeur les institutions, de promouvoir la transparence et la responsabilité, et de valoriser le mérite et la compétence. Seule une transformation radicale du système actuel permettra à l’Algérie de réaliser son potentiel et de répondre aux aspirations de son peuple.

Khaled Boulaziz