Toufik El Madani, précurseur pour le recouvrement des archives nationales algériennes

Une nation qui oublie son passé n’a pas d’avenir.

Winston Churchill – Homme d’État Britannique (1874 – 1965)

Dans les replis des souvenirs d’une époque tumultueuse, émerge la silhouette altière d’Ahmed Tewfik El Madani, né le 1er novembre 1899 à Tunis, tel un joyau ciselé dans les tréfonds de l’Histoire. Ses racines plongent dans la terre d’Algérie, sa destinée se tisse dans les fils ardents de la révolte, nourrie des souffles brûlants de la lutte anticoloniale.

Issu d’une lignée d’Algériens émigrés après l’effondrement de l’insurrection de 1871, Ahmed Tewfik écoute dès son enfance les murmures enflammés de la liberté. Dans l’écrin de l’école coranique, il façonne son esprit rebelle aux griffes du colonialisme, tandis que la langue française s’infiltre en douceur, telle une onde insaisissable.

Ses premiers pas vers la plénitude de son être se dessinent sur les sentiers escarpés de la connaissance, sous la tutelle sage de maître Hassan Hassani Andelouaheb à l’institut khaldounien. Puis, tel un pèlerin de la lumière, il trouve refuge dans les murs millénaires de la mosquée de la Zaytûna, où les secrets de l’érudition lui sont révélés.

L’aube de la Première Guerre mondiale se lève, éclairant le chemin de la destinée d’Ahmed Tewfik. Ses mots, gravés dans l’encre indélébile du journal « El-Fârouk », résonnent tel un glaive acéré contre les artifices de la politique coloniale. Jeune, mais déjà vigoureux dans son opposition, il défie les autorités françaises, qui le cueillent comme un fruit trop mûr, l’emprisonnant dans l’obscurité glaciale d’une cellule solitaire pendant quatre longues années.

Mais de cette nuit sombre naît une étoile flamboyante de savoir. Dans l’isolement forcé, il s’abreuve aux fontaines de la connaissance, dévorant les livres comme autant de festins spirituels. Son esprit se forge, tel un métal dans la fournaise, embrassant les lumières de la langue française et les arcanes des sciences modernes.

Libéré de ses chaînes physiques, il se lie aux ailes de la révolte, devenant le flambeau de la jeunesse éprise de liberté. À travers la plume, il trace les chemins de l’émancipation, devenant l’architecte de mots d’une nouvelle ère. Son engagement politique se cimente dans les rouages du parti déstourien naissant, où il occupe des postes de responsabilité avec une éloquence inégalée.

Les années filent, mais la flamme de la résistance ne faiblit pas. De pamphlets en ouvrages, Ahmed Tewfik éclaire les méandres de l’Histoire, révélant la vérité occultée par le voile du colonialisme. Des terres de Tunisie aux horizons lointains de l’Algérie, il tisse des liens indéfectibles avec les âmes en quête de dignité.

Sa plume, tel un glaive étincelant, tranche les mensonges pour révéler la vérité nue. Des salons littéraires aux confins des révoltes, il se fait l’écho des aspirations d’un peuple en quête de son essence. Ses écrits deviennent des hymnes à la liberté, des chants de ralliement pour les cœurs assoiffés de justice.

L’indépendance enfin conquise, Ahmed Tewfik ne se repose pas sur ses lauriers. Au contraire, il embrasse les défis de la construction d’une nation nouvelle, où l’islam et l’arabité brillent comme des étoiles dans le firmament de l’Histoire. Ministre, ambassadeur, érudit infatigable, il consacre sa vie à l’édification d’un monde où la dignité humaine est un droit inaliénable.

Ainsi s’achève le récit d’une vie, tissée de gloire et d’ardeur, où chaque mot, chaque action, résonne comme un écho éternel dans les mémoires des hommes. Ahmed Tewfik El Madani, tel un phare dans la nuit des temps, guide les générations futures sur les sentiers escarpés de la liberté, rappelant à jamais que l’espoir est la plus puissante des armes dans la quête d’un monde meilleur.

Dans les méandres de l’Histoire, où les destinées se tissent comme des fils d’or sur un métier à tisser antique, surgit la figure énigmatique de Toufik El Madani. Tel un éclat de lumière dans l’obscurité des siècles, il s’élève au sein de la Présidence de la République, revêtant le titre de Ministre délégué, mais portant surtout l’écharpe de gardien des précieuses archives ottomanes, témoins muets des étreintes entre la Sublime Porte et l’Algérie.

Dans son périple, El Madani se mue en explorateur intrépide, s’aventurant dans les dédales ensorcelants d’Istanbul, où les ruelles murmurent des secrets ancestraux. Là, parmi les palais de marbre et les souks parfumés, il déniche un trésor enfoui sous des siècles de poussière et d’oubli. Plus de quatre mille parchemins, empreints des émotions et des intrigues d’un temps révolu, sont ramenés dans la lumière éblouissante de la connaissance.

Ces précieux documents, tels des phares dans la nuit de l’ignorance, éclairent les relations complexes entre la majesté ottomane et la terre brûlante de l’Algérie. Chaque lettre tracée à l’encre noire résonne comme une mélodie envoûtante, dévoilant les échos lointains d’une époque où les frontières étaient dessinées par les plumes des scribes.

Pourtant, au milieu de cette quête vertueuse, plane l’ombre insidieuse d’une autre narration. La commission de Stora, telle une chimère tapie dans les ténèbres, tente de manipuler le fil du récit. Un seul document, une seule pièce dans ce puzzle infini, devient l’enjeu d’une bataille pour le contrôle des mémoires. Mais dans le tumulte des passions et des ambitions, qui détient le véritable pouvoir de l’histoire ? Les fils de l’Algérie, ou les architectes de son destin ?

Ainsi, dans cette danse ensorcelante entre ombre et lumière, entre passé et présent, Toufik El Madani incarne la flamme éternelle de la vérité, tandis que la commission de Stora demeure l’ombre fugace dans le tableau mouvant de l’Histoire. Entre les deux, se dessine le destin d’une nation, éclairée par les feux de la connaissance, mais toujours en proie aux tempêtes de la mémoire.

Khaled Boulaziz