Chez les peuples animés d’un même esprit de corps, le commandement ne saurait appartenir à un étranger.
Ibn Khaldoun – Sociologue musulman -(1332 – 1406)
Depuis sa naissance en 2022, la fameuse commission d’historiens franco-algériens a été le sujet de bien des conversations, mais pas dans les termes qu’on voudrait nous faire croire. C’est plutôt comme un grand cirque où les artistes jonglent avec les mots et les promesses, alors que le public retient son souffle, attendant en vain un spectacle authentique.
Lors de la dernière réunion tenu à Alger, la demande de restitution de biens culturels par l’Algérie était au centre de l’attention, présentée comme un geste de réconciliation. Mais derrière les coulisses brillantes se cachent les manœuvres politiques et les intérêts dissimulés. En réalité, réclamer la restitution de quelques objets volés ne fait que gratter la surface des injustices historiques découlant de décennies de colonisation.
Il y a aussi cette sombre page de l’histoire du 8 mai 1945, une tache indélébile sur la conscience collective, que la France refuse obstinément de reconnaître. Les Algériens réclament justice pour les milliers de victimes de ce jour-là, mais la France préfère garder le silence, espérant que le temps effacera les traces de ses actes.
Et que dire de ces sites d’essais nucléaires en Algérie, des reliques empoisonnées d’une époque révolue ? La France, après avoir joué avec le feu, se retrouve maintenant avec des terres contaminées et des vies brisées. Et pourtant, elle peine à assumer ses responsabilités, préférant détourner le regard plutôt que d’affronter les conséquences de ses actions.
Cette commission d’historiens, c’est plus un spectacle de foire qu’une réelle tentative de réconciliation. Les Algériens ont raison de rester vigilants, car derrière les discours enjôleurs se cachent souvent les pires hypocrisies. Si la France veut véritablement faire amende honorable, elle devra écouter les voix de ceux qu’elle a opprimés et reconnaître les torts qu’elle leur a infligés.
Dans ce théâtre de la diplomatie, une ombre plane également sur le duo formé par Benjamin Stora et son protégé, Tramor Quemeneur, au sein de la commission d’historiens. Malgré leur position centrale, ils ont semblé jusqu’à présent incapables de répondre de manière satisfaisante aux demandes légitimes des Algériens.
Stora, considéré comme un expert dans les relations franco-algériennes, avait suscité de grands espoirs en tant que co-président de la commission. Cependant, son approche prudente et souvent évasive a laissé de nombreux observateurs perplexes. Au lieu de prendre fermement position en faveur de la reconnaissance des injustices historiques et de la restitution des biens culturels, il a préféré naviguer entre les lignes, évitant les confrontations directes avec les autorités françaises.
Son protégé, Quemeneur, n’a pas non plus brillé par son engagement envers les revendications des Algériens. Malgré ses prétentions à la neutralité et à l’objectivité, il semble souvent se ranger du côté des intérêts français, plutôt que de défendre les droits des victimes de la colonisation.
Ensemble, Stora et Quemeneur forment un duo déconcertant, qui semble plus préoccupé par la préservation du statu quo que par la recherche de solutions justes et équitables. Leur incapacité à répondre de manière satisfaisante aux demandes des Algériens soulève des questions troublantes sur leur impartialité et leur intégrité dans ce processus de réconciliation.
Dans ce grand théâtre de la diplomatie, il est crucial que les acteurs clés, tels que Stora et Quemeneur, assument pleinement leurs responsabilités et fassent preuve d’un engagement sincère envers la vérité et la justice. Tant qu’ils continueront à éluder les questions difficiles et à tergiverser sur les problèmes fondamentaux, la commission d’historiens ne pourra jamais prétendre remplir son mandat de manière crédible et efficace.
Cette commission, est-ce une réelle entreprise de mémoire ou juste un marché aux puces où l’on marchande des reliques historiques ? C’est la question qui brûle les lèvres de bien des observateurs. Car derrière les discours policés et les déclarations d’intention, on se demande si ce n’est pas simplement un jeu de dupes, où les intérêts politiques priment sur la vérité et la justice. Est-ce là le but de cette commission : de contenter du bournous de l’émir Abdelkader ou de quelques canons, au détriment d’une quête authentique de réconciliation et de réparation des torts passés ?
Khaled Boulaziz