Si une religion n’est pas utile dans la vie, elle ne peut certainement pas l’être après la mort.
Ali Shariati – Sociologue Iranien
Dans le domaine de la science islamique et du leadership, l’Université Al-Azhar s’est longtemps imposée comme un symbole d’autorité religieuse et de guidance. Fondée au Caire il y a plus de mille ans, elle a été un phare de l’éducation et de la jurisprudence islamiques. Cependant, en abordant l’avenir, une réalité frappante émerge : le futur de l’islam ne sera peut-être plus synonyme d’Al-Azhar. La raison ? Le silence coupable et l’inaction de ses oulémas (érudits) face aux atrocités infligées aux Palestiniens, par l’entité sioniste criminelle.
Depuis des décennies, les Palestiniens sont les héros silencieux d’une épopée tragique, leur destin tissé de souffrances inouïes. Sous le regard indifférent des caméras du monde, un génocide se déroule, scandaleux et impitoyable, où le sang des civils se mêle aux larmes de ceux qui voient leur terre devenir un champ de bataille. Dans ce théâtre de l’horreur, la famine se profile comme une ombre insidieuse, une faim que nul ne peut dissimuler, étreignant les corps et les âmes avec une cruauté implacable.
Tel un sombre écho, ces actes génocidaires résonnent dans les vallées et les collines de Palestine, arrachant aux Palestiniens leurs racines, leur histoire, leur identité. Chaque acte est une blessure infligée à l’âme de tout un peuple, une nouvelle page de leur tragédie millénaire écrite dans la douleur et l’injustice.
Pourtant, dans ce tumulte de souffrances, un silence étrange et pesant émane d’Al-Azhar, bastion vénérable de la spiritualité islamique. Son mutisme résonne comme un cri étouffé dans l’obscurité, une absence qui soulève des questions cruciales sur le rôle des autorités religieuses dans la défense des droits de l’homme et de la justice.
Ainsi, dans l’arène de l’histoire, les Palestiniens luttent non seulement contre l’oppression politique, mais aussi contre l’indifférence et la complaisance des puissants. Leurs voix, bien que noyées dans les bruits de la guerre, résonnent avec une puissance déchirante, appelant à la conscience universelle pour que justice soit rendue, que leurs souffrances ne soient pas oubliées, et que leur quête de liberté trouve enfin écho dans le cœur des hommes.
La lutte palestinienne n’est pas simplement une question politique ; c’est un impératif moral pour les musulmans du monde entier. C’est une lutte contre l’oppression, l’injustice et le déni des droits fondamentaux de l’homme. En tant que musulmans, nous sommes obligés de nous tenir aux côtés des opprimés et de dénoncer l’injustice, indépendamment des affiliations politiques ou des frontières géographiques. C’est un principe fondamental de l’islam, enraciné dans la compassion, l’équité et la justice sociale.
Pourtant, la direction d’Al-Azhar a échoué à respecter ces principes dans le contexte de la Palestine. Bien que l’université ait publié des déclarations condamnant la violence et appelant à la paix, sa réponse ne va pas au-delà de l’adresse des causes profondes du conflit et de la responsabilité des oppresseurs. Il est impératif de reconnaître que la paix sans justice n’est pas une paix véritable. Se contenter d’appeler à la réconciliation sans aborder les injustices systémiques subies par les Palestiniens est non seulement insuffisant, mais perpétue également le cycle de violence et d’oppression.
Les oulémas d’Al-Azhar exercent une influence et une autorité considérables dans le monde musulman. Leurs paroles portent un poids et une résonance parmi des millions de musulmans dans le monde entier. Par conséquent, leur silence sur le sort des Palestiniens est non seulement assourdissant, mais aussi préjudiciable à la crédibilité et à l’autorité morale d’Al-Azhar en tant qu’institution islamique.
Les enseignements de l’islam mettent l’accent sur la sacralité de la vie humaine, la protection des opprimés et la recherche de la justice. Le Prophète Mohammed (que la paix soit sur lui) lui-même s’est opposé à l’oppression et à l’injustice, plaidant en faveur des droits des marginaux et des opprimés. Son exemple sert de rappel intemporel de l’impératif moral pour les musulmans de dénoncer la tyrannie et l’oppression.
Dans le cas de la Palestine, le silence des oulémas d’Al-Azhar constitue une trahison de ces principes islamiques fondamentaux. C’est une trahison de l’héritage de l’activisme prophétique et de la justice sociale. C’est une trahison des millions de Palestiniens qui continuent de souffrir sous l’occupation, le blocus et des conditions semblables à l’apartheid.
Le futur de l’islam ne peut se permettre d’être indifférent au sort des Palestiniens. En tant que musulmans, nous devons reconquérir le terrain moral et réaffirmer notre engagement envers la justice et la solidarité. Cela nécessite non seulement de condamner les injustices perpétrées contre les Palestiniens, mais également de soutenir activement leur lutte pour la liberté, la dignité et l’autodétermination.
Al-Azhar, en tant qu’institution vénérée d’apprentissage islamique, a une opportunité et une responsabilité uniques de montrer la voie en plaidant pour les droits des Palestiniens. Elle doit briser son silence et condamner sans équivoque l’occupation illégale des terres palestiniennes, l’expansion des colonies illégales et les violations systématiques des droits de l’homme des Palestiniens.
De plus, Al-Azhar devrait s’engager activement avec la communauté musulmane mondiale pour mobiliser un soutien en faveur de la cause palestinienne. Cela inclut la libération des hommes et des femmes de bonne volonté de leur servitude pour briser le blocus de Gaza et imposer un cessez-le-feu par la force.
Le peuple palestinien meurt en direct sur toutes les chaînes de télévision du monde. Chaque jour apporte son lot de victimes, enfants, femmes et personnes âgées. Le décompte au moment où cet article est écrit est de 32 000 martyrs, et probablement des milliers d’autres ensevelis sous les décombres de leurs maisons.
Ceux qui président aux destinées d’Al-Azhar savent pertinemment que les vrais principes de l’islam défendent en premier lieu les valeurs de justice, de compassion et de solidarité. Il doit exister un avenir où le sort des opprimés, y compris les Palestiniens, n’est ni ignoré ni relégué au second plan. Al-Azhar, en tant qu’institution vénérée d’apprentissage islamique, a un rôle crucial à jouer dans l’élaboration de cet avenir. Elle doit briser son silence sur la question palestinienne et se tenir du côté de la justice et de l’humanité. Ce n’est qu’alors que nous pouvons envisager un avenir où les principes moraux de l’islam sont respectés et où les droits des opprimés de tous les pays, en particulier ceux des Palestiniens, sont protégés.
Sans cela, Al-Azhar perdra le respect des musulmans et s’affaiblira sur le plan moral de manière irréversible.
Khaled Boulaziz