Aaron Bushnell est décédé en s’immolant, protestant ainsi contre le génocide à Gaza. Cet Américain blanc a sacrifié sa vie pour la Palestine. Pendant ce temps, à Riyad, les soirées dansantes, les clowneries et les concerts musicaux continuent de battre leur plein.
Les manifestations dans le monde arabe ont été presque toutes étouffées, à l’exception du Yémen. Bushnell est-il plus arabe que nous ? Avons-nous abandonné l’arabisme au profit de la culture du divertissement à Riyad ?
Le monde arabe se souviendra davantage d’Aaron Bushnell que de Mahmoud Abbas et du reste du gang de braqueurs et de la coordination de la sécurité à Ramallah (saviez-vous que la coordination de la sécurité est toujours active ?). Aaron Bushnell est l’un des martyrs de la Palestine, et le convoi de ses martyrs ne s’est pas arrêté, incluant des personnes de toutes races, nationalités et couleurs, de Patrick Urguillo du Nicaragua à Bushell.
La presse américaine reléguera immédiatement cette nouvelle à la rubrique des crimes et des maladies mentales. Comment une personne saine d’esprit peut-elle mourir pour la Palestine ? N’est-ce pas ce que veulent les terroristes ? Bushnell est un affront non seulement à l’Amérique, à son racisme et à sa brutalité, mais aussi à la soumission arabe blessante.
Les manifestations à Ramallah ne réunissent que quelques dizaines de personnes, arborant des pancartes de protestation comme celles des manifestations LGBT. Beaucoup de choses seront dites sur Bushnell, et il sera de nouveau calomnié par des ragots et des mensonges. Le lobby israélien prendra l’initiative d’effacer cet homme du récit de l’humanité. Mais nous l’avons vu brûler sur le même écran que les habitants de Gaza.
Il le désirait ardemment, et s’il avait pu, il aurait voulu s’immoler à Gaza aux côtés de ses habitants. Mais la scène de son acte nous a tous frappés, nous, les Arabes. Cela nous a rappelé notre impuissance, notre asservissement et nos querelles byzantines. Nous avons regardé Bushnell brûler de loin, et même si nous étions près de la frontière, la distance entre nous et Gaza semblait immense.
Bushnell voulait crier pour que nous l’entendions, pour que nous agissions dans les forums internationaux. Imaginons que nous brûlions avec lui, mais nous sommes là, inversant la tendance, maudissant et promettant à Biden que nous ne pourrons jamais lui pardonner (affaiblissant ainsi notre position). Le plafond de nos exigences et de nos ambitions n’est plus le même.
En entrant dans l’histoire arabe contemporaine, Bushnell nous a fait sortir de notre histoire, sauf pour ceux qui meurent en notre nom au Liban, en Palestine et au Yémen. Bushnell est mort, mais le cri « La Palestine est libre » demeure.
Khaled Boulaziz